L’Udps est en ébullition. Ce qui se passe à l’Hôtel de Ville devrait, en toute logique, interpeller les cadres et militants de l’Udps. Cette interpellation devrait les amener à une introspection. Mais, comme toujours, c’est vers une agitation de rue que ce parti politique court. Ce qui est arrivé à l’Hôtel de ville n’est qu’un prélude de ce qui attend le parti de Etienne Tshisekedi dans le futur. Pour ceux qui suivent l’actualité politique du pays, c’est du déjà vu. L’on se souviendra qu’en 2006, l’Udps avait maille à partir avec le ministère de l’Intérieur. Ce dernier ayant déjà enregistré un autre parti politique au même sigle, à savoir l’Udps Kibassa qui deviendra Udps Ngoy Mukendi, ne pouvait plus accepter l’Udps Tshisekedi. C’est un problème de droit et non celui de jugement de valeur.
En effet, l’Udps Kibasa Maliba avait obtenu la légalité à partir de la loi de 2001 sur le fonctionnement des partis politiques. Pendant ce temps, Kibasa était séparé de Tshisekedi. Les deux parties n’avaient pas résolu la question de la légalité. Sur base de jugement de valeur, c’est Etienne Tshisekedi qui a siégé au Dialogue politique inter congolais de Sun City. C’est à partir de cette participation que l’Udps Tshisekedi obtiendra la légalité de parti politique au même titre que les mouvements rebelles signataires de l’Accord global et inclusif. Mais cela n’est pas automatique. Il faut remplir quelques obligations afin d’obtenir son droit d’exercer comme parti politique.
L’Udps s’est-elle déjà acquittée de ces obligations ? Si tel est le cas, il n’y aura pas de problème. Dans ce cas, la question au niveau du notaire de l’Hôtel de ville sera facilement « résolvable ». On pourra même se poser la question de savoir pour quelle raison le notaire de l’Hôtel de ville avait-il légalisé les statuts d’un parti politique qui ne pouvait pas justifier d’une existence légale. Mais, on croit savoir que si le notaire s’est ainsi comporté, c’est que Belchika et son groupe avaient donné de preuves de leur existence comme parti politique. Si les statuts précèdent l’enregistrement au niveau du ministère de l’Intérieur, il faut craindre que Belchika et ses amis, pendant que les autres se perdaient dans des discours, avaient posé l’acte. Si tel est le cas, Tshisekedi se trouvera dans le gouffre tenu par le bon bout par Belchika et ses amis. Il ne restera à Tshisekedi que de négocier avec Belchika.
Quelles seront les clauses du contrat à signer ? La situation de Tshisekedi sera pire que dans le conflit avec Ngoy Mukendi. Dans le cas où le leader de l’Udps aurait assez de modestie pour tout revoir en vue de reconnaître le positionnement voulu par Belchika et ses amis, il sera obligé de revoir les mises en place qui ont été faites dernièrement. Cela sera également une façon de remettre en cause le Congrès de Limete au profit de celui de Lemba. Ce qui se passe à l’Hôtel de ville est bien l’arbre qui cache la forêt. En effet, on a vu des militants de l’Udps manifester à l’Hôtel de ville. Cette tendance à s’exprimer dans la rue pour une question qui demande une réflexion profonde au sein du parti n’étonne personne lorsqu’on sait que la réflexion n’est pas le fort de ce parti qui croit souvent à tort aux pouvoirs mystiques de son leader. Très vite, l’Udps voit le pouvoir même pour ses erreurs internes. Si la situation est telle que nous la présentons, accuser les dirigeants de l’Hôtel de ville ou le notaire n’avancera pas l’Udps.
La situation va se compliquer lorsqu’il sera question de présenter des listes en vue de participer aux élections. Si Tshisekedi et Belchika n’harmonisent pas leurs vues avant les élections, il sera possible que le ministère de l’Intérieur les envoie en justice pour régler leur différend à l’interne avant de postuler aux élections. Il va sans dire qu’à l’Udps on va voir en cela une manœuvre pour exclure ce parti du scrutin. Comme toujours, on va expliquer cela comme une peur de la candidature de Tshisekedi. En attendant de régler cette question interne, Tshisekedi est libre de se représenter comme candidat indépendant. C’est dire que personne n’aurait peur de Tshisekedi et que le moyen de l’écarter n’est pas celle-là. Ce qui se passe à l’Hôtel de ville est donc une complication de la gestion interne de ce parti politique. En effet, l’UDPS Tshisekedi s’est vu refuser, par le notaire de la ville de Kinshasa, l’acte de légalisation de ses statuts tels qu’amendés au Congrès de Limete. Le notaire s’est trouvé en impossibilité de poser cet acte pour la bonne raison que l’Udps Beltchika avait déjà sollicité et obtenu le même acte.
On va se lancer dans des jugements de valeur pourquoi avait-on accordé cet acte à Beltchika ou encore des a prioris du genre « tout le monde reconnaît que l’Udps c’est Tshisekedi », … On ne doit pas oublier que tout le monde, Beltchika et autres se réclamaient de Tshisekedi. Et tout le temps où ils organisaient leur Congrès, aucune action en justice n’avait été menée pour les en empêcher. C’était donc une caution, surtout lorsqu’on sait que la nomination de Beltchika par Tshisekedi comme organisateur du congrès, était faite en fanfare. Pouvait-on charger quelqu’un qu’on ne connaît pas d’organiser le Congrès du parti ? Le notaire aurait voulu aller chercher à réveiller le diable dans les détails propres aux querelles internes, il se serait immiscé dans les affaires internes d’un parti politique. Le doublon est un vrai problème pour l’Udps. Il faut le résoudre sans passion, sans chercher des bouc-émissaires. Il apparaît clairement que de plus en plus l’Udps ne va pas éviter d’aller en justice pour établir sa légalité, surtout lorsqu’on sait qu’en plus des statuts déjà légalisés par Beltchika et son groupe, il y a à l’Hôtel de ville une opposition d’un des fondateurs du parti en la personne de Zéphyrin Diayikwa. Ce dernier accuse Tshisekedi d’utiliser l’Udps, un bien commun, comme une « boutique personnelle ». Comment sortir de cet imbroglio sinon par voie de justice ?
Au lieu de résoudre cette question, encore une fois interne, l’Udps va parler de l’instrumentalisation et de ce fondateur et du notariat. Il est vrai que Zéphirin Diayikua reconnaît à Tshisekedi la qualité de président national de l’UDPS. Mais ce dernier, aussi curieux que cela soit, ne reconnaît personne d’autre. Il est aussi vrai que les fondateurs à travers leur collège ont un rôle consultatif. Mais est-ce une raison pour les jeter dans les oubliettes ? il y a donc matière à recourir à la justice.
Souce: L'Avenir Quotidien, du 28/01/2011
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