Changement de tonalité à Tripoli. Dans une interview diffusée sur Nesma TV, Mouammar Kaddafi ne jette plus la pierre aux Tunisiens, dont il déclare désormais comprendre la révolution.
Mais que veut Mouammar Kaddafi ? Plus le temps passe, plus il devient difficile de le comprendre... Après avoir proclamé qu'« il n'y a pas mieux que Zine », l'ancien président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, et que celui-ci était « toujours le président légal de la Tunisie », le « Guide » libyen a désormais tout l'air de retourner sa veste.« On ne peut pas être contre la volonté du peuple tunisien. Nous sommes avec le peuple tunisien », a-t-il déclaré dans une interview diffusée mardi soir par la chaîne privée tunisienne Nesma TV. « Si le peuple a déclenché la révolution, il doit se gouverner lui-même. Je ne peux que soutenir cette orientation, si elle s'achemine vers le pouvoir des masses », a-t-il ajouté, costume blanc et lunettes noires, réitérant sa velléité de faire la promotion de son propre régime.
"Intérêt prioritaire pour la Libye"
« Je ne défends pas la famille Trabelsi », a encore affirmé Kaddafi. « Ce qui se passe en Tunisie est d'un intérêt prioritaire pour la Libye. Mais j'ai peur que la révolution du peuple tunisien ne lui soit volée. Il y a des manœuvres à l'intérieur et de la part d'intérêts étrangers », a-t-il prévenu dans cet entretien enregistré dimanche, juste avant avant la visite à Tunis, lundi et mardi, du sous-secrétaire d'État américain Jeffrey Feltman.
« Les révolutionnaires en Tunisie ont intérêt à m'écouter, moi qui suis un révolutionnaire », a-t-il lancé. Avant de défendre les acquis laïcs de la Tunisie, notamment le statut avancé de la femme qui interdit la polygamie, entre autres, et n'autorise le mariage que par consentement mutuel.
« La femme tunisienne s'est libérée. Je ne pense pas qu'elle accepterait d'être soumise aux islamistes d'Ennahdha, je ne pense pas que la Tunisie reviendra en arrière », a-t-il dit. Est-ce la raison du changement de discours de Kaddafi ? Si oui, ce n'est peut-être pas la seule. « Rien n'empêche les Libyens d'investir à l'avenir en Tunisie, à condition que la situation y soit stable », a-t-il posément expliqué. Une grande leçon de realpolitik libyenne...
(Avec AFP)
Source: Jeune Afrique, du 26/01/2011 à 00h:17
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