La justice militaire rwandaise a requis lundi à Kigali de lourdes peines d'emprisonnement à l'encontre de quatre anciens proches du président Paul Kagame, jugés par contumace notamment pour «atteinte à la sécurité de l'État», a-t-on appris de sources concordantes.
Le ministère public a demandé 35 ans de prison contre l'ex-chef d'état-major de l'armée, le général Faustin Kayumba Nyamwasa, exilé en Afrique du Sud, et le major Théogène Rudasingwa, lui aussi en exil et ancien directeur de cabinet du chef de l'État, ont indiqué à l'AFP deux membres de la Ligue rwandaise pour la promotion et la défense des droits de l'homme (LIPRODHOR).
Trente ans de réclusion ont été requis contre l'ancien patron des renseignements extérieurs, le colonel Patrick Karegeya, vivant également en Afrique du Sud, et l'ancien procureur général Gérald Gahima, frère du major Rudasingwa, selon les deux militants des droits de l'homme.
Le verdict de la Haute cour militaire sera rendu le 14 janvier, ont ajouté ces sources, confirmant les informations obtenues auprès d'autres témoins par l'AFP.
Les accusés sont inculpés de «trouble à l'ordre public, atteinte à la sécurité de l'État, injures et diffamation, sectarisme et association de malfaiteurs».
Ces quatre anciens proches du chef de l'État avaient, dans un document publié début septembre, dressé un bilan très négatif des libertés dans leur pays depuis l'arrivée au pouvoir de M. Kagame en 1994.
Ils avaient dénoncé «un gouvernement minoritaire aussi répressif qu'irresponsable» et exigé la mise en place d'«un gouvernement de coalition qui inclurait l'opposition actuellement exclue du jeu politique».
«Aucun des quatre n'a le minimum d'intégrité ou l'autorité morale requise pour critiquer l'actuel gouvernement», avaient rétorqué en octobre le porte-parole de l'armée, le lieutenant-colonel Jill Rutaremera et le conseiller du président Kagame pour les questions de défense, le brigadier général Richard Rutatina
Les deux officiels avaient accusé Nyamwasa d'avoir fait preuve de «favoritisme et irresponsabilité» à la tête de l'armée, traité Rudasingwa d'«escroc notoire» et affirmé que Gahima était recherché pour fraude par la justice australienne.
Ils avaient enfin accusé Karegeya d'avoir «saboté les efforts nationaux et internationaux en vue de localiser et arrêter» Félicien Kabuga, le milliardaire recherché par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) pour son rôle présumé dans le génocide de 1994.
Agence France-Presse
Kigali
Source: Cyberpresse, du 03/01/2011
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