Le 5 février 2011, la garde présidentielle en poste sur l’aéroport de Goma, chef-lieu de la province du nord Kivu, à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), intervient à bord d’un Gulfstream V. Ce jet a été loué par la société de Houston Camac Energy. Ses trois membres d’équipage et leurs quatre passagers sont arrivés le 3 février en fin de journée, après avoir décollé du Fort Worth Alliance Airport, au Texas, et transité, apparemment, par les Bermudes puis Abuja, la capitale fédérale du Nigeria. Le tarmac de Goma est plutôt habitué aux gros porteurs de la Monusco, la mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC, et les Illouchines pilotés par des équipages de fortune. Pas à la présence d’un jet dont la valeur est estimée à 60 millions de dollars (42,27 millions d’euros).
Après avoir molesté et menacé de mort ses occupants qui s’apprêtaient à redécoller, la sécurité congolaise découvre à bord du jet une cargaison de 480 kilogrammes d’or. Valeur marchande: plus de 20 millions de dollars (14,1 millions d’euros). Valeur judiciaire: énorme pour le gouvernement congolais. Depuis l’automne 2010, les deux provinces du Kivu ainsi que celle de Maniema sont en effet soumises à une interdiction d’exploitation minière, pour casser les reins, selon le président Joseph Kabila, à une «espèce de mafia impliquant des hommes d’affaires véreux, des officiers militaires et des fonctionnaires». Les gisements aurifères ne ramèneraient que 150 millions de dollars (105,7 millions d’euros) par an à l’Etat congolais et 80% des minéraux passeraient illégalement les frontières du pays, pour être revendus au Rwanda, en Ouganda, mais également au Kenya et en Tanzanie.
Terminator dans la transaction
La valeur de cette cargaison de Goma est une belle affaire: aux dires des étrangers interpellés, 6,8 millions de dollars (4,8 millions d’euros) en cash auraient été transmis au vendeur, qui serait le général Bosco Ntaganda, alias «Terminator». La transaction avortée concernait de l’or provenant, selon le Congolais Fidel Bafilemba de l’ONG américaine Enough!, «des mines personnelles de Ntaganda en Ituri, alors qu’une autre partie serait originaire de Numbi (près de Nyabibwe), Itebero et la mine d’or d’Omate, à Wakilale».
Bosco Ntaganda est «un tueur féroce», poursuit Fidel Bafilemba. Jusqu’à 2009, avant de signer un accord de paix avec le gouvernement de Joseph Kabila, il sévissait dans le district d’Ituri au sein du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), milice tutsie dirigé par Laurent Nkunda. Ce sillage d’exactions et de meurtres entamé en tant que chef d’état-major des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC) vaut à Terminator d’être recherché par la Cour pénale internationale de La Haye pour crimes de guerre commis entre 2002 et 2003 en Ituri. Sauf que, depuis janvier 2009, l’homme s’est rallié aux troupes régulières des Forces armées de la République du Congo (FARDC) après avoir contraint au départ son parrain, Laurent Nkunda, aujourd’hui emprisonné à Kigali. Et, depuis, Terminator a su se rendre utile à Kinshasa.
Une armée dans l’armée
Dans le cadre de la première phase de l’opération Amani Leo menée avec des troupes de la mission des Nations unies, Terminator a ainsi codirigé les opérations contre la milice hutue des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), avec le soutien, dit-on, de Kigali. Pour autant, c’est un «pacte avec le diable» qu’a signé le gouvernement de Joseph Kabila avec Terminator. Tel un Frankenstein tropical, Terminator continue en effet à échapper à ses maîtres. La «régularisation» des CNDP aurait ramené de 3.500 à 11.000 de ses anciens combattants dans les troupes régulières. Or Bosco et plusieurs autres officiers ont fait de ce corps d’ex-rebelles une armée dans l’armée, où les anciennes «troupes du CNDP n’obéissent qu’aux officiers de CNDP», précise Thierry Vircoulon, responsable Afrique centrale de l’International Crisis Group.
Abandonnés par les FDLR, les gisements de Walikale sont devenus la chasse gardée, précisait en janvier 2011 les Nations unies, d’un pan de l’armée nationale «créé à seul but d’exploiter les bénéfices du commerce des minéraux, son déploiement suivant en effet les contours de l’une des principales zones aurifères et en cassitérite de la province». FDLR et forces régulières, les ennemis d’hier s’y partagent aussi parfois les profits. Pendant ce temps, les exactions se poursuivent. Depuis janvier 2010, Bosco Ntaganda, explique Fidel Bafilemba, «serait impliqué dans l’assassinat d’au moins 8 personnes, les arrestations arbitraires de 7 autres, ainsi que l’enlèvement et la disparition d’une autre».
Des inculpés vite blanchis
Le 15 mars 2011, le Gulfstream, les quatre passagers et le pilote sont transférés à Kinshasa, où le parquet général de la République se saisit du dossier. La justice autorise à garder 112 jours aux arrêts les inculpés, dès lors que ces derniers sont susceptibles d’être passibles d’une peine supérieure à six mois de prison. Mais Flory Kambage Numbi, le procureur général de la République, opte pour une «amende transactionnelle». Vendredi 25 mars, après avoir accepté de verser une amende de 3 millions de dollars (2,1 millions d’euros) pour «blanchiment de capitaux, achat illégal et détention illicite de substances minérales», les inculpés ont été libérés du centre pénitencier de Kinshasa. Libres de quitter le pays.
A Goma, Fidel Bafilemba préfère désormais «ne pas pousser trop loin cette histoire, étant donné que leurs collaborateurs sont des intouchables». De son fief de Ngungu, à 40 km de Goma, Bosco Ntuganda réfute toute implication dans le deal, excepté son «heureuse» conclusion: «Mes hommes ont travaillé avec les services de sécurité pour les stopper. Je suis un soldat, pas un homme d’affaires. D’autant que les activités minières sont interdites dans la région.» Sur les 6,8 millions de dollars que les hommes d’affaires disent lui avoir transmis, Terminator en aurait rendu, selon nos sources, 1,8 million (1,26 million d’euros), dont, ironie de l’histoire, 1 million en fausses coupures qui pourraient être liées à un réseau islamique international proche d’al-Qaida!
Les élections générales devant être organisées en décembre 2011 en RDC, l’affaire du jet de Goma aurait pu être l’occasion pour le gouvernement de Joseph Kabila de faire appliquer à la lettre sa politique de «Zéro Tolérance». Or le Congo semble à nouveau avoir opté pour un «Zéro Tolérance-Zéro conséquence»: non seulement Terminator reste libre, mais le dossier des hommes d’affaires a été classé comme si, là aussi, c’était de la nitroglycérine à ne pas trop agiter violemment, en public, et devant les médias.
Des «hommes d’affaires» et un «parrain»
Selon l’époux d’une des membres d’équipage du Gulfstream V, l’Américaine Kelly Shanon, première à avoir été libérée par les autorités congolaises, son séjour forcé à l’hôtel Ihusi de Goma s’est déroulé au milieu «de gens qui ne pouvaient plus s’entendre». Pourtant, c’est une vraie équipe de quatre partenaires en affaires qui s’était embarquée, début février, des Etats-Unis pour l’Afrique. Quatre brasseurs de dollars qui semblent tous avoir le même «parrain»: l’homme d’affaires nigérian Kase Lawal.
Sa société Camac Energy, dont le siège est à Houston, négocie aujourd’hui près de 100.000 barils de pétrole par jour, dont une partie produite dans ses blocks nigérians d’Oyo. Cotée au New York Stock Exchange, la société, est, avec près de 2 milliards de dollars (1,4 milliard d’euros) de chiffre d’affaires, l’une des plus importantes entreprises du business afro-américain. Ses contacts, tant avec les milieux politico-affairistes du Nigeria que dans les cercles du pouvoir américain et les milieux de l’énergie de Houston, ont permis à Kawal de devenir aux Etats-Unis incontournable dans le business international, particulièrement avec l’Afrique. Après avoir déjà été employé par les administrations Bush et Clinton au sein de commissions dédiées au commerce international, puis avoir contribué financièrement à la campagne sénatoriale d’Hillary Clinton en 2008, celui-ci a été nommé le 20 novembre 2010 par la Maison Blanche au sein d’un comité de 30 personnes sur la politique économique internationale.
Les spécialistes en affaires louches
Que fabriquait alors un Gulfstream V loué par sa société à Goma? Et qu’y faisait son demi-frère, Mickey Lawal, responsable des opérations nigérianes de sa société, avec un de ses collègues nigérians, Alexander Adeola Ehinmola, un Français, Franck Stephane M’bemba, et un ami américain de la famille Lawal, Carlos St Mary? C’est ce dernier qui aurait obtenu le feu vert de la Camac pour louer le Gulfstream V. L’homme est décrit par le Houston Chronicle comme un quadragénaire spécialisé dans les pierres brutes, qui «connait le monde des diamants du sang, des politiciens corrompus et des affaires louches, des coups de main à la CIA, des pots de vins et des boîtes bourrées de cash transportées vers des rendez-vous clandestins».
Kase Lawal n’a rien non plus d’un Saint. Nuhu Ribadu en sait quelque chose. Candidat à l’élection présidentielle nigériane de fin avril, cette figure de la lutte contre la corruption avait accusé en 1999 le millionnaire d’être impliqué dans un complot destiné à s’attribuer illégalement des concessions pétrolières. 10 millions de barils de pétrole avaient été illégalement pompés, soit une perte de près de 2 millions de dollars pour le trésor nigérian. Kase Lawal avait préféré fuir la justice nigériane, avant de revenir en grâce sous la présidence de feu Umaru Yadua, puis celle de Goodluck Jonathan.
Un micmac d’arnaques
Interrogé sur l’affaire du jet de Goma, le porte-parole de la Camac, Mike Androvett, a déclaré ne «vouloir rien dire tant que les détenus ne seront pas rentrés sains et saufs chez eux». L’avocat de Carlos St Mary, le Kenyan Punit Vadgama, s’est montré un peu plus prolixe. Selon lui, St Mary et ses partenaires auraient été victimes d’une arnaque. Le deal d’or, tout à fait légal selon l’avocat de Carlos St Mary, aurait dû en fait initialement se dérouler au Kenya avant d’être transféré sur Goma. Hasard? Alors que nos hommes d’affaires étaient encore retenus à Goma, Joseph Cheptarus, agent fiscal kenyan enquêtant sur la présence d’un mystérieux stock dans un entrepôt de Nairobi —près de 2,5 mètres cubes de lingots!— était retrouvé assassiné devant son domicile. A Nairobi, on raconte désormais que cet or, dont la provenance congolaise ne fait aucun doute, aurait été exfiltré vers Dubaï…
Un avion lié à un richissime homme d’affaires proche des cercles du pouvoir américano-nigérian; un tueur recherché par la CPI; un tragique trafic d’or. Et, par dessus tout, une chape de plomb. C’est une bombe à fragmentation qui a explosé le 5 février dans l’Est du Congo. Kinshasa? Houston? Abuja? Washington? On ne sait pas encore jusqu’où, ni à quel niveau, retomberont ses éclats.
Terminator dans la transaction
La valeur de cette cargaison de Goma est une belle affaire: aux dires des étrangers interpellés, 6,8 millions de dollars (4,8 millions d’euros) en cash auraient été transmis au vendeur, qui serait le général Bosco Ntaganda, alias «Terminator». La transaction avortée concernait de l’or provenant, selon le Congolais Fidel Bafilemba de l’ONG américaine Enough!, «des mines personnelles de Ntaganda en Ituri, alors qu’une autre partie serait originaire de Numbi (près de Nyabibwe), Itebero et la mine d’or d’Omate, à Wakilale».
Bosco Ntaganda est «un tueur féroce», poursuit Fidel Bafilemba. Jusqu’à 2009, avant de signer un accord de paix avec le gouvernement de Joseph Kabila, il sévissait dans le district d’Ituri au sein du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), milice tutsie dirigé par Laurent Nkunda. Ce sillage d’exactions et de meurtres entamé en tant que chef d’état-major des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC) vaut à Terminator d’être recherché par la Cour pénale internationale de La Haye pour crimes de guerre commis entre 2002 et 2003 en Ituri. Sauf que, depuis janvier 2009, l’homme s’est rallié aux troupes régulières des Forces armées de la République du Congo (FARDC) après avoir contraint au départ son parrain, Laurent Nkunda, aujourd’hui emprisonné à Kigali. Et, depuis, Terminator a su se rendre utile à Kinshasa.
Une armée dans l’armée
Dans le cadre de la première phase de l’opération Amani Leo menée avec des troupes de la mission des Nations unies, Terminator a ainsi codirigé les opérations contre la milice hutue des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), avec le soutien, dit-on, de Kigali. Pour autant, c’est un «pacte avec le diable» qu’a signé le gouvernement de Joseph Kabila avec Terminator. Tel un Frankenstein tropical, Terminator continue en effet à échapper à ses maîtres. La «régularisation» des CNDP aurait ramené de 3.500 à 11.000 de ses anciens combattants dans les troupes régulières. Or Bosco et plusieurs autres officiers ont fait de ce corps d’ex-rebelles une armée dans l’armée, où les anciennes «troupes du CNDP n’obéissent qu’aux officiers de CNDP», précise Thierry Vircoulon, responsable Afrique centrale de l’International Crisis Group.
Abandonnés par les FDLR, les gisements de Walikale sont devenus la chasse gardée, précisait en janvier 2011 les Nations unies, d’un pan de l’armée nationale «créé à seul but d’exploiter les bénéfices du commerce des minéraux, son déploiement suivant en effet les contours de l’une des principales zones aurifères et en cassitérite de la province». FDLR et forces régulières, les ennemis d’hier s’y partagent aussi parfois les profits. Pendant ce temps, les exactions se poursuivent. Depuis janvier 2010, Bosco Ntaganda, explique Fidel Bafilemba, «serait impliqué dans l’assassinat d’au moins 8 personnes, les arrestations arbitraires de 7 autres, ainsi que l’enlèvement et la disparition d’une autre».
Des inculpés vite blanchis
Le 15 mars 2011, le Gulfstream, les quatre passagers et le pilote sont transférés à Kinshasa, où le parquet général de la République se saisit du dossier. La justice autorise à garder 112 jours aux arrêts les inculpés, dès lors que ces derniers sont susceptibles d’être passibles d’une peine supérieure à six mois de prison. Mais Flory Kambage Numbi, le procureur général de la République, opte pour une «amende transactionnelle». Vendredi 25 mars, après avoir accepté de verser une amende de 3 millions de dollars (2,1 millions d’euros) pour «blanchiment de capitaux, achat illégal et détention illicite de substances minérales», les inculpés ont été libérés du centre pénitencier de Kinshasa. Libres de quitter le pays.
A Goma, Fidel Bafilemba préfère désormais «ne pas pousser trop loin cette histoire, étant donné que leurs collaborateurs sont des intouchables». De son fief de Ngungu, à 40 km de Goma, Bosco Ntuganda réfute toute implication dans le deal, excepté son «heureuse» conclusion: «Mes hommes ont travaillé avec les services de sécurité pour les stopper. Je suis un soldat, pas un homme d’affaires. D’autant que les activités minières sont interdites dans la région.» Sur les 6,8 millions de dollars que les hommes d’affaires disent lui avoir transmis, Terminator en aurait rendu, selon nos sources, 1,8 million (1,26 million d’euros), dont, ironie de l’histoire, 1 million en fausses coupures qui pourraient être liées à un réseau islamique international proche d’al-Qaida!
Les élections générales devant être organisées en décembre 2011 en RDC, l’affaire du jet de Goma aurait pu être l’occasion pour le gouvernement de Joseph Kabila de faire appliquer à la lettre sa politique de «Zéro Tolérance». Or le Congo semble à nouveau avoir opté pour un «Zéro Tolérance-Zéro conséquence»: non seulement Terminator reste libre, mais le dossier des hommes d’affaires a été classé comme si, là aussi, c’était de la nitroglycérine à ne pas trop agiter violemment, en public, et devant les médias.
Des «hommes d’affaires» et un «parrain»
Selon l’époux d’une des membres d’équipage du Gulfstream V, l’Américaine Kelly Shanon, première à avoir été libérée par les autorités congolaises, son séjour forcé à l’hôtel Ihusi de Goma s’est déroulé au milieu «de gens qui ne pouvaient plus s’entendre». Pourtant, c’est une vraie équipe de quatre partenaires en affaires qui s’était embarquée, début février, des Etats-Unis pour l’Afrique. Quatre brasseurs de dollars qui semblent tous avoir le même «parrain»: l’homme d’affaires nigérian Kase Lawal.
Sa société Camac Energy, dont le siège est à Houston, négocie aujourd’hui près de 100.000 barils de pétrole par jour, dont une partie produite dans ses blocks nigérians d’Oyo. Cotée au New York Stock Exchange, la société, est, avec près de 2 milliards de dollars (1,4 milliard d’euros) de chiffre d’affaires, l’une des plus importantes entreprises du business afro-américain. Ses contacts, tant avec les milieux politico-affairistes du Nigeria que dans les cercles du pouvoir américain et les milieux de l’énergie de Houston, ont permis à Kawal de devenir aux Etats-Unis incontournable dans le business international, particulièrement avec l’Afrique. Après avoir déjà été employé par les administrations Bush et Clinton au sein de commissions dédiées au commerce international, puis avoir contribué financièrement à la campagne sénatoriale d’Hillary Clinton en 2008, celui-ci a été nommé le 20 novembre 2010 par la Maison Blanche au sein d’un comité de 30 personnes sur la politique économique internationale.
Les spécialistes en affaires louches
Que fabriquait alors un Gulfstream V loué par sa société à Goma? Et qu’y faisait son demi-frère, Mickey Lawal, responsable des opérations nigérianes de sa société, avec un de ses collègues nigérians, Alexander Adeola Ehinmola, un Français, Franck Stephane M’bemba, et un ami américain de la famille Lawal, Carlos St Mary? C’est ce dernier qui aurait obtenu le feu vert de la Camac pour louer le Gulfstream V. L’homme est décrit par le Houston Chronicle comme un quadragénaire spécialisé dans les pierres brutes, qui «connait le monde des diamants du sang, des politiciens corrompus et des affaires louches, des coups de main à la CIA, des pots de vins et des boîtes bourrées de cash transportées vers des rendez-vous clandestins».
Kase Lawal n’a rien non plus d’un Saint. Nuhu Ribadu en sait quelque chose. Candidat à l’élection présidentielle nigériane de fin avril, cette figure de la lutte contre la corruption avait accusé en 1999 le millionnaire d’être impliqué dans un complot destiné à s’attribuer illégalement des concessions pétrolières. 10 millions de barils de pétrole avaient été illégalement pompés, soit une perte de près de 2 millions de dollars pour le trésor nigérian. Kase Lawal avait préféré fuir la justice nigériane, avant de revenir en grâce sous la présidence de feu Umaru Yadua, puis celle de Goodluck Jonathan.
Un micmac d’arnaques
Interrogé sur l’affaire du jet de Goma, le porte-parole de la Camac, Mike Androvett, a déclaré ne «vouloir rien dire tant que les détenus ne seront pas rentrés sains et saufs chez eux». L’avocat de Carlos St Mary, le Kenyan Punit Vadgama, s’est montré un peu plus prolixe. Selon lui, St Mary et ses partenaires auraient été victimes d’une arnaque. Le deal d’or, tout à fait légal selon l’avocat de Carlos St Mary, aurait dû en fait initialement se dérouler au Kenya avant d’être transféré sur Goma. Hasard? Alors que nos hommes d’affaires étaient encore retenus à Goma, Joseph Cheptarus, agent fiscal kenyan enquêtant sur la présence d’un mystérieux stock dans un entrepôt de Nairobi —près de 2,5 mètres cubes de lingots!— était retrouvé assassiné devant son domicile. A Nairobi, on raconte désormais que cet or, dont la provenance congolaise ne fait aucun doute, aurait été exfiltré vers Dubaï…
Un avion lié à un richissime homme d’affaires proche des cercles du pouvoir américano-nigérian; un tueur recherché par la CPI; un tragique trafic d’or. Et, par dessus tout, une chape de plomb. C’est une bombe à fragmentation qui a explosé le 5 février dans l’Est du Congo. Kinshasa? Houston? Abuja? Washington? On ne sait pas encore jusqu’où, ni à quel niveau, retomberont ses éclats.
Author: Alain Vicky, In SlateAfrique, mis en ligne le 5 avril 2011
Source: Congoindépendant 2003-2011, du 5-4-11
Source: Congoindépendant 2003-2011, du 5-4-11
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