EN DIRECT - Le président de Côte d'Ivoire a appelé lundi soir les Ivoiriens à «s'abstenir de tout acte de représailles». Paris dément avoir directement participé à l'arrestation de l'ex-président Laurent Gbagbo.
• Laurent Gbagbo a été arrêté
Le président ivoirien sortant a été arrêté lundi par les forces d'Alassane Ouattara, appuyées par les moyens aériens et blindés des forces françaises et de la mission des Nations Unies (Onuci). Laurent Gbagbo se trouvait dans sa résidence, retranché avec son épouse Simone et quelques fidèles. Il a été conduit, avec sa femme et son fils Michel, à l'hôtel du Golf, quartier général du vainqueur reconnu de l'élection présidentielle du 28 novembre. La télévision pro-Ouattara TCI a diffusé des images de l'ex-président en bonne santé mais l'air visiblement fatigué. Il a selon des sources concordantes été examiné par un médecin.
L'ambassadeur de Côte d'Ivoire auprès de l'ONU, Youssoufou Bamba, a précisé quant à lui que Laurent Gbagbo était «en bonne santé» et qu'il serait présenté devant la justice pour être jugé. Avec sa femme, l'ancien président est sous la sécurité de la police de l'ONU. Selon les informations de RTL, il devrait être mis en résidence surveillée dans le nord de la Côte d'Ivoire.
Guillaume Soro, premier ministre de Ouattara, a immédiatement réagi à la télévision ivoirienne : «Le cauchemar est terminé» pour les Ivoiriens. Il a également appelé les forces armées fidèles à l'ex-chef d'Etat au ralliement. Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a quant à lui évoqué la fin d'un chapitre malheureux «qui n'aurait jamais dû exister».
Dans la soirée, TCI a diffusé une séquence dans laquelle Gbagbo, peu après son arrestation, dit son souhait «qu'on arrête les armes» et «qu'on rentre dans la partie civile de la crise».
• Ouattara annonce des poursuites contre Gbagbo
Dans la soirée de lundi, Alassane Ouattara, président internationalement reconnu de Côte d'Ivoire, a annoncé le lancement d'une «procédure judiciaire contre Laurent Gbagbo, son épouse» et ses collaborateurs, affirmant que «toutes les dispositions sont prises» pour assurer leur «intégrité physique».
Il a aussi appelé les Ivoiriens à «s 'abstenir de tout acte de représailles ou de violences», réitérant sa «volonté» de créer une «commission vérité et réconciliation» pour faire la lumière sur les violations des droits de l'Homme. Le pays est «à l'aube d'une nouvelle ère d'espérance», a-t-il assuré.
Le chef de l'ONU a pour sa part annoncé lundi soir qu'il allait parler avec Alassane Ouattara pour savoir «comment les Nations unies et le gouvernement de Côte d'Ivoire peuvent travailler ensemble pour s'occuper des problèmes que nous aurons à l'avenir». «Tout d'abord, nous avons des informations sur le fait que plus de 1.000 personnes auraient été tuées; plus de 100.000 personnes ont fui le pays. Nous devons les aider à restaurer la stabilité, l'application de la loi, et nous occuper de toutes les situations humanitaires», a-t-il ajouté.
• La plupart des combats ont cessé
Manifestation de joie des supporters d'Alassane Ouattara, lundi à Abidjan. Crédits photo : STAFF/REUTERS
Selon l'ONU, la plupart des combats ont cessé à Abidjan, même s'il reste des poches de résistance. Après la capture de Gbagbo, le général Bruno Dogbo Ble, le chef de sa garde républicaine, a appelé les Nations unies pour dire qu'il voulait se rendre. Selon Alain Le Roy, le chef des Casques bleus, au moins 200 combattants de Gbagbo ont baissé leurs armes.
Mais ce dernier a insisté sur le fait que la direction des Nations unies et les quinze pays du Conseil de sécurité estimaient toujours que la Côte d'Ivoire était en crise. «C'est une étape importante dans le processus, mais nous ne pouvons parler d'euphorie. Ce n'est pas fini. Il est extrêmement important que nous maintenions la loi et l'ordre à Abidjan et dans tout le pays», a-t-il dit.
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• Paris dément toute participation directe
De source officielle, les forces françaises n'ont pas participé à l'arrestation de Laurent Gbagbo, contrairement à ce qu'avait d'abord affirmé son conseiller à Paris, Toussaint Alain. «À aucun moment» les forces françaises n'ont pénétré «dans les jardins ou la résidence présidentielle» où il était réfugié (voir carte), a insisté l'état-major des armées françaises. Les officiels français ont multiplié les interventions pour assurer que leurs forces ne sont pas intervenues dans l'assaut de la résidence.
«C'est une opération in fine entre Ivoiriens», a expliqué Gérard Longuet. Le ministre français de la Défense a cependant reconnu un soutien des forces françaises de l'Onuci. Mais, a-t-il martelé, «aucun soldat français et de l'Onuci n'a pénétré dans la résidence présidentielle». Une version partagée par Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères. Dans la foulée de cette arrestation, Nicolas Sarkozy et Alassane Ouattara ont eu un «long entretien téléphonique», a annoncé l'Elysée.
Cette arrestation survient après une nouvelle campagne de frappes de la France et de l'ONU sur la résidence où était retranché le président sortant. Les hélicoptères français de la force Licorne avaient repris leur frappes dans la matinée de lundi. Au sol, une colonne de blindés français avait également été aperçue à proximité du lieu.
Selon Charles Blé Goudé, leader des jeunes patriotes du président ivoirien sortant, la résidence de Laurent Gbagbo a été «partiellement détruite» par les derniers bombardements.
(Avec AFP, AP et Reuters)
Source: Le Figaro, du 12/04/2011
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