« Le saccage de l’ambassade aurait pu s’achever sur une tragédie » : c’est le sentiment de la plupart des éditorialistes de la presse israélienne. En effet, entre les milliers de manifestants égyptiens déchaînés, qui avaient pris possession de la plupart des bureaux de la représentation diplomatique de l’État juif, et six gardes du corps — les derniers Israéliens à être présents dans l’ambassade — confinés dans une petite pièce, mais armés jusqu’aux dents, il n’y avait qu’une porte de faible épaisseur. De crainte que les manifestants ne cherchent à l’enfoncer, les six Israéliens ont tiré en l’air. Mais la foule, portée par la colère et la fureur, ne semblait pas effrayée.
Six gardes du corps extraits par l’armée
Il a fallu l’intervention in extremis de commandos de l’armée égyptienne pour sortir manu militari les gardes du corps israéliens de ce traquenard. Coiffés de la traditionnelle keffieh arabe pour les rendre méconnaissables, ils ont pu se faufiler dans la foule, fortement escortés. Ils sont rentrés sains et saufs en Israël.
Toutefois, il s’agit, selon le ministre Dan Meridor, « de la plus sérieuse attaque, en 32 ans, du traité de paix israélo-égyptien ». S’il y avait eu mort d’homme, les retombées auraient pu en effet être désastreuses sur les relations entre les deux pays, déjà passablement troublées depuis la chute du régime de l’ex-président Moubarak.
Pourtant, Benjamin Netanyahou s’efforce de rétablir au plus vite un climat de confiance. Il s’est empressé de féliciter les autorités militaires égyptiennes pour leur « diligence », et il envisage déjà le retour au Caire de l’ambassadeur d’Israël. Il multiplie les déclarations sur le thème : « le traité de paix israélo-égyptien reste le fondement de la stabilité régionale ». Les journaux, eux, mettent l’accent sur le tsunami qu’affronte Israël au Moyen-Orient. Après la Turquie, l’Égypte, et demain peut-être la Palestine et la Jordanie. À Amman, la représentation diplomatique de l’État hébreu est désormais protégée par les chars jordaniens.
« Le printemps arabe tourne au vinaigre pour Israël », constate un diplomate étranger à Tel-Aviv. Les militaires israéliens sont plus ou moins du même avis. Ils pensent au pire : une guerre sur plusieurs fronts. Peut-être même un conflit à l’arme de destruction massive.
Le ministre de la Défense, Ehoud Barak, réclame une réunion urgente du cabinet de sécurité pour examiner la situation, à la suite de l’expulsion de l’ambassadeur israélien à Ankara et de la fuite de son collègue en poste au Caire. Tous ces événements, souligne-t-il, ont lieu alors que s’approche le 20 septembre, date où l’Assemblée générale des Nations Unies devrait discuter d’une reconnaissance de la Palestine dans les frontières de 1967.
Author: De notre correspondantà Jérusalem, Serge Rabinovici
le 12/09/2011 à 05:00 par
Source: L'Alsace, du 12/09/2011
No comments:
Post a Comment