MAHMOUD JIBRIL, LE DIPLOMATE EN CHEF
C'est lui qui, le 10 mars, à rebours des usages diplomatiques, annonçait sur le perron de l'Elysée que la France venait de reconnaître le Conseil national de transition (CNT). Après ce coup d'éclat, Mahmoud Jibril, un économiste de 59 ans, qui a étudié et travaillé aux Etats-Unis, a enchaîné les visites dans les chancelleries occidentales et les émirats du Golfe, pour récolter d'autres soutiens, politiques et financiers. "Premier ministre" du CNT, il en est surtout son diplomate en chef, plus souvent basé à Doha, au Qatar, qu'à Benghazi. Les islamistes libyens, qui le voient comme "l'homme de l'étranger", craignent qu'il ne promeuve une Constitution laïque.
ALI TARHOUNI, "MONSIEUR PÉTROLE"
Agé de 60 ans, ex-professeur d'économie à l'université de Seattle, aux Etats-Unis, Ali Tarhouni détient les portefeuilles des finances et du pétrole, au sein du Conseil national de transition (CNT). C'est à lui qu'incombe la tâche de gérer le budget de la rébellion, évalué à 3,6 milliards de dinars libyens mensuels (2 milliards d'euros) et de relancer la rente pétrolière. En avril, il avait stupéfié ses collègues en rejoignant par bateau la ville de Misrata, alors assiégée, afin d'apporter de l'argent aux insurgés. C'est lui qui a officialisé le transfert du CNT de Benghazi à Tripoli. Une revanche pour cet opposant de longue date, que le régime Kadhafi avait condamné à mort in absentia.
KHALIFA HIFTER, L'AMBITIEUX MILITAIRE
Dans la nébuleuse militaire rebelle, il est l'un de ceux avec lesquels il faudra compter. A son retour à Benghazi, au mois de mars, après vingt-quatre ans d'exil aux Etats-Unis, Khalifa Hifter a été acclamé par les jeunes insurgés. Pendant quelques semaines, il fut même le chef des forces rebelles, avant de s'effacer devant Abdel Fattah Younès, un officier assassiné en juillet. Dans les années 1980, il avait participé à la guerre contre le Tchad, comme commandant de l'armée du colonel Kadhafi. Défait, il avait rejoint les rangs de l'opposition et était parti s'installer outre-Atlantique, d'où il aurait piloté, pour le compte de la CIA, des opérations de déstabilisation du régime Kadhafi.
ABDEL HAFEZ GHOGA, LA VOIX DES OPPRIMÉS
Il visait initialement la direction du Conseil national de transition (CNT). En concurrence avec Moustapha Abdeljalil, Abdel Hafez Ghoga s'est contenté d'un poste de vice-président et de porte-parole. Avocat de formation, il s'est fait connaître dans les années 1990 en prenant la défense des familles de détenus de la prison d'Abou Salim, le cachot préféré du régime. Elu à la tête du barreau dix ans plus tard, il bataille pour améliorer le statut de sa profession et noue des relations avec des organisations de défense des droits de l'homme à l'étranger. Son credo ? "Faire de la Libye un pays où la loi aura le premier et le dernier mot."
Author: Benjamin Barthe et Laure Stephan (Benghazi, envoyée spéciale)
Source: Le Monde, Article paru dans l'édition du 02.09.11
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