L'Afrique du Sud a imposé dimanche son candidat, Mme
Dlamini-Zuma, au poste-clé de présidente de la Commission de l'Union africaine,
lors d'un sommet marqué par un apaisement entre le Rwanda et la République
démocratique du Congo, ainsi qu'entre les Soudans.
Ancienne chef de la
diplomatie sud-africaine, l'ex-épouse du président Jacob Zuma devient la
première femme mais aussi le premier responsable anglophone à occuper ce poste
stratégique, à l'issue d'une bataille sans précédent.
La "Dame de fer" de
Pretoria a poussé vers la sortie le précédent président de la Commission, Jean
Ping, 69 ans, qui était candidat à sa succession, après six mois de lutte en
coulisses et quatre nouveaux tours de scrutins dimanche à Addis
Abeba.
Nkosazana Dlamini-Zuma, 63 ans, a arraché les voix de 37
délégations, soit trois de plus que la majorité requise des deux-tiers, après
avoir devancé M. Ping lors des trois précédents tours.
Elle a ainsi
renversé le rapport de forces d'un précédent sommet de l'UA en janvier dernier,
qui n'avait pas réussi à départager les deux adversaires, mais qui avait placé
M. Ping en tête.
"Il n'y a pas eu de perdant ni de gagnant. C'est
l'Afrique toute entière qui a gagné", a insisté le président béninois Thomas
Boni Yayi, président en exercice de l'UA pour un an. M. Ping a reconnu sa
défaite et s'est dit "prêt à coopérer avec (Mme Dlamini-Zuma) pour l'unité du
continent".
Mais la bataille a bel et bien opposé les Afriques anglophone
et francophone, accru les rivalités entre les géants sud-africain et nigerian,
et inquiété nombre de petits pays quant à une possible main-mise sud-africaine
sur l'organisation.
"L'Afrique du Sud ne va pas déménager à Addis pour
venir diriger l'Union africaine", a assuré à ce sujet Mme
Dlamini-Zuma.
Le sommet de l'UA a auparavant enregistré un "accord de
principe" entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) pour
déployer à leur frontière et dans l'est de la RDC une force internationale
chargée de neutraliser les rebelles qui combattent l'armée congolaise sur son
sol.
Cet accord a été obtenu à l'issue d'un tête-à-tête entre les
présidents congolais Joseph Kabila et rwandais Paul Kagame, a indiqué ce dernier
à l'AFP, le premier depuis le début de la crise.
L'ONU a accusé le Rwanda
de soutenir les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23), ce que Kigali dément.
Ces soldats mutins ont retourné leurs armes ces derniers mois contre les forces
régulières de RDC, auxquelles ils avaient été intégrés dans le cadre d'un accord
de paix avec Kinshasa signé le 23 mars 2009, et ils ont conquis depuis plusieurs
localités.
"Nous avons accepté le principe de demander à d'autres de nous
aider, mais les détails (...) seront pour plus tard", a déclaré Paul Kagame,
interrogé sur cette force à l'issue d'un sommet de l'organisation régionale de
la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) tenu en marge
du sommet de l'Union africaine.
Un nouveau sommet de la CIRGL convoqué
les 6 et 7 août à Kampala doit préciser la composition de cette force, et ses
relations avec la mission de l'ONU, qui déploie déjà en RDC 17.000
soldats.
Poignée de mains Kiir-Béchir
Il s'agit de la deuxième
avancée enregistrée au sommet semestriel de l'UA, qui avait vu auparavant, de
façon plus symbolique, les présidents du Soudan du Sud et du Soudan se
rencontrer et se serrer la main pour la première fois depuis que des combats
frontaliers avaient mis leurs pays au bord d'une guerre ouverte en mars et avril
derniers.
Salva Kiir et Omar el-Béchir se sont rencontrés samedi soir
dans un hôtel de la capitale éthiopienne, sans qu'on connaisse la teneur de
leurs discussions, et ils ont suscité les applaudissements de leurs pairs en se
saluant chaleureusement dimanche matin à l'ouverture des débats du
sommet.
La crise au Mali, qui menace elle de déstabiliser l'Afrique de
l'Ouest, avait été évoquée dès samedi lors d'une réunion du Conseil de paix et
de sécurité (CPS) de l'UA, l'instance consacrée à la prévention des crises sur
le continent.
Le CPS a enjoint les autorités maliennes d'accélérer le
processus de transition politique consécutif au coup d'Etat militaire de mars,
pour présenter un front uni face aux rébellions, principalement islamistes,
ayant conquis le nord du pays.
"L'unité nationale et l'intégrité
territoriale du Mali ne peuvent faire l'objet d'aucune discussion ou
négociation", a prévenu le CPS, soulignant la "détermination de l'Afrique de
n'épargner aucun effort pour leur préservation".
Source: Libération, du 16/07/2012
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