Il se pourrait que plusieurs d’entre nous n’aient pas eu le temps de feuilleter le récent numéro de Jeune Afrique (n° 2612 du 30 janvier au 5 février 2011). Même s’il aurait été souhaitable que nous soyons nombreux à le lire pour approfondir l’une ou l’autre question face à laquelle notre pays est confronté. Ce numéro de Jeune Afrique consacre 14 pages à la RD Congo. Il porte un gros sous-titre (« Kabila : Mobutu light ») qu’il explique : « Dix ans après son arrivée au pouvoir, le président marche, hélas, sur les pas de ses prédécesseurs.»
Pourquoi Jeune Afrique a-t-il attendu dix ans pour mettre à nu les méthodes et les pratiques d’un pouvoir émanant d’une guerre d’agression imposée à notre pays pour les grandes puissances occidentales ? A qui profite ce retour sur ce que « les empêcheurs de penser en rond » décrient depuis plus de dix ans ? Pourquoi maintenant ? Qu’est-ce que les 14 pages de Jeune Afrique nous aident à comprendre eu égard aux élections ( ?) à venir ?
A la lecture de ces pages de Jeune Afrique (contenant pas mal de demi-vérités), une chose saute aux yeux : certaines multinationales sont déçues de la gestion de leurs dossiers au Congo. Les contrats signés avec la Chine n’ont pas bien été accueillis dans certains milieux économico-financiers occidentaux. Les partenaires traditionnels du Congo n’ont pas accepté de bon cœur la montée de la Chine au Congo. Pour rappel, les lecteurs du livre intitulé ‘Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique’ (2008) ou de celui de Joseph Ki-Zerbo ‘A quand l’Afrique’ (2003) ou encore de celui de Colette Braeckman ‘Les nouveaux prédateurs. Politiques des puissances en Afrique centrale’ (2003) savent que la guerre contre le Congo a été financée moyennant la conclusion des contrats avec les entreprises minières. « Cela montre bien que les peuples n’intéressent pas du tout ces gens, notait Joseph Ki-Zerbo. Il y a des guerres qui sont soutenues, appuyées, trafics d’armes y compris, par ces organisations et compagnies minières transnationales. Et parfois, elles n’hésitent pas à susciter des rébellions pour affaiblir le pays avec lequel elles négocient. Autant elles peuvent jouer quand il y a des adversaires- parce que ça permet de faire du chantage- autant, s’il n’y a pas de rébellions, elles sont affaiblies dans la négociation. Je l’ai déjà dit : cela ne fait que répéter le schéma, le modèle du temps de la traite des Noirs. » (p. 48-49) Agresser un pays pour l’affaiblir et éviter de négocier le marché des ressources naturelles, jouer au chantage quand un adversaire transnational arrive sur le terrain où se mène la guerre d’agression, voilà ce à quoi notre pays est en proie depuis les années 90. L’histoire des contrats chinois montée en épingle rentre dans le jeu du chantage. La montée (en affaires) du multimillionnaire Israélien Dan Gertler, « devenu plus puissant que Forrest » ne laisse pas indifférents les milieux économico-financiers occidentaux. Il en va de même de son implication dans la revisitation de certains contrats miniers. « De fait, après le jackpot de Katanga Mining, lancé en partenariat avec Forrest avant une cession au géant suisse Glencore, on n’arrête plus Gertler. Tout porte à croire qu’il est- avec des associées Congolais- derrière l’énigmatique Higwind Properties, basé aux Iles Vierges britanniques. C’est cette société qui a assuré le portage sur le permis minier de Kolwezi retiré sans indemnités, en août 2009, aux Canadiens de First Quantum et revendu, en septembre 2010, aux Kazakhs d’Eurasian Natural Resources Corporation (ENRC), pour 175 millions de dollars (128 millions d’euros). Une sacrée belle affaire. Les Canadiens affirment avoir investi, en pure perte, 450 millions de dollars sur un gisement estimé à 1 million de tonnes de cuivre et 400 000 tonnes de cobalt. » (Jeune Afrique, p. 25). Une autre affaire serait à la base des révélations du numéro de Jeune Afrique que nous relisions. « Et puisqu’on ne prête qu’aux riches, écrit Philippe Perdrix, de forts soupçons flottent sur un autre deal made in Kinshasa. Deux mystérieuses sociétés, Coprikat et Foxwhelp – également immatriculées aux Iles Vierges-, ont récupéré des blocs pétroliers du lac Albert initialement attribués aux britanniques Tullow Oil et Heritage Oil, en 2006. A l’instar de First Quantum, Tullow Oil a porté l’affaire devant la Cour d’arbitrage internationale de Paris. » (p.25)
Qui gère le dossier de revisitation des contrats?
«Comme sous Mobutu, comme sous Kabila père, les gros dossiers se traitent au sein de cabinet noir (cabinet molili), surtout ceux qui, financièrement, pèsent lourd. La très juteuse revisitation des contrats miniers a ainsi été directement pilotée par Katumba Mwanke et Didier Etumba. Le fameux contrat chinois (…) a été géré de Aà Z par la gouvernement parallèle, tout comme les marchés de gré à gré qui ont suivi.» (p. 26).
Et où va l’argent de ces contrats ?
«Comme sous Mobutu, comme sous Kabila père, dans un environnement faisandé où le cach est roi et la corruption reine, des conseillers occultes (de Joseph Kabila) font le lien avec l’univers mondialisé des Bourses, des placements et des paradis fiscaux. » (p.26)
Qui est membre du gouvernement parallèle?
Après que Joseph Kabila ait été désigné par Mwenze Kongolo pour remplacer Mzee Kabila, il s’arrangera pour écarter de son cercle restreint « les gardiens du temple kabiliste » dont Yerodia Abdoulaye Ndombasi et Mwenze Kongolo. « Joseph s’entourera d’un « comité stratégique » dynamique et imaginatif sous lequel on retrouve Vital Kamerhe, Guillaume Samba Kaputo (déjà mort), Léonard She Okitundu, Kikaya Bin Karubi, les généraux Etumba, Olenga et Numbi (John). Et quelques autres (dont Jean-Claude Masangu). Il y a aussi, bien sûr, un petit homme passe muraille, ingénieur des mines (…) Augustin Katumba Mwanke. » (p.23) Le général Kabulo et Evariste Boshab en font aussi partie. Les vraies décisions sur la marche réelle du pays sont prises au sein de ce cabinet parallèle. Les gouvernements Gizenga et Muzito sont des figurants. (On comprend que les Ministres puissent s’y comporter comme des électrons libres !) Au gouvernement parallèle s’ajoute la famille de Joseph « dont les membres collectionnent appartements et villas en Afrique du Sud et en Belgique. A l’exemple de Joseph lui-même (…) » (p.26)
Quel rôle ce cabinet parallèle a-t-il joué aux élections de 2006?
Il a bataillé dur pour l’élection de Joseph Kabila moyennant certaines promesses. L’un des artisans de cette bataille, Vital Kamerhe, savait qu’il allait devenir le premier ministre de Joseph en 2006 et son successeur en 2016. « A Vital Kamerhe, lorsqu’il avait besoin de lui, Joseph a tout promis, ou presque. Qu’il serait son Premier ministre, cela va de soi, puis son dauphin désigné, puis son successeur quand, en 2016, après deux mandats accomplis, il se retirerait dans sa ferme. » (p.24)
Que fait « le Raïs » pour aider Kamerhe à croire en ces promesses après que Katumba Mwanke l’ait persuadé de divorcer d’avec un Kamerhe « ambitieux » et « rival potentiel » de l’actuelle Autorité Morale de l’AMP?
«Tout en le couvrant de cadeaux pour l’anesthésier- montres serties de diamants, chaussures, cravates, bibelots de valeur- il (Joseph) se libère ainsi habilement de l’obligation de nommer le secrétaire général du PPRD au poste de Premier ministre. »
Vital Kamerhe va-t-il s’éloigner du «Raïs» après cette promesse non tenue?
Non. « Devenu président de l’Assemblée nationale après l’élection, Vital Kamerhe, qui croit encore que son destin est inscrit dans une certaine forme de fidélité au chef de l’Etat, profite d’une réunion en présence de Katumba Mwanke, de Samba Kaputo et du général Etumba pour lui poser la question de confiance : « Quel genre de président dois-je être ? Du type de ceux qu’affectionnait Mobutu, soumis et servile ? Ou du type monseigneur monseigneur Monsengwo, qui a mis l’Eglise l’Eglise au milieu du village ? » « Sois Monsengwo », répond Kabila, qui sait qu’en l’encourageant ainsi à faire preuve d’indépendance le bouillant Kamerhe ne tardera pas à franchir la ligne rouge. »
(Si les choses se sont passées telles que rapportées dans ce numéro de Jeune Afrique, Kamerhe doit être oublié comme acteur politique. Comment pourrait-on croire à quelqu’un qui se laisse dicter la ligne de conduite à tenir dans le théâtre politique par des tiers ? )
Ce qui est impressionnant en lisant les 14 pages consacrées à Joseph Kabila et son cabinet parallèle, ce que, dans leurs calculs, nos populations ne rentrent pas en ligne compte. La gestion du Congo est conçue comme un business. Sans plus. Les rôles joués aux élections permettent au cabinet parallèle de se faire du fric avec ses amis et les membres de ses familles. Le peuple est absent de cette conception économico-financiariste et clientéliste du pouvoir. Le numéro de Jeune Afrique que nous relisons remet sur le devant de la scène le réseau d’élite décrié en 2001 par le rapport de l’ONU et plus tard par la Commission Lutundula. Mais quand on sait que Lutundula et les autres membres de sa Commission sont aujourd’hui au service du « cabinet noir », on comprend qu’ils ne sont pas au service de la nation. Le Congo est là face à un réseau d’élite très dangereux pour son avenir. Ses dignes filles et fils ont le choix entre la trahison (conduisant à composer avec ce réseau d’élite) et le courage patriotique consistant à le neutraliser pour baliser un autre avenir pour le pays.
A quelque chose malheur est bon, dit-on. Si ce réseau n’avait pas trahi les intérêts de ses maîtres (c’est notre hypothèse), qui pouvait croire que Jeune Afrique puisse arriver à le mettre à nu ?
Malheureusement, certains d’entre nous, aveuglés par on ne sait quoi, estiment que «ce cabinet noir» mérite d’être compté parmi les acteurs politiques pouvant se présenter aux élections de 2011. Ils ne savent pas que tout a été déjà boutiqué avant 2006. Kamerhe n’est pas devenu premier ministre. Il a joué le rôle que Kabila lui a dicté : « Mettre l’église au milieu du village ». Aujourd’hui, il recourt à ce rôle pour soutenir sa qualité d’opposant. Qui sait ? Celle-ci pourrait lui être dictée par « le Raïs ». Un autre l’a remplacé. Comme ils sont interchangeables, les courtisans ! Les Congolais mordus par les serpents ont peur des queues des lézards ! Parions que Jeune Afrique ait raconté « des tomates ». Dans le cas contraire, se laisser mener par le bout du nez aux élections de 2011 par le réseau d’élite aux affaires depuis 1996 pourrait être considéré comme un signe de servilité sans pareil. Il est possible qu’un miracle ait lieu…Nous (moi et les autres minorités organisées) nous n’y croyons pas. Si ce réseau n’est pas neutralisé et mis hors d’état d’agir, 2011 et 2016 jouées avant 2006 risque de nous laisser que nos yeux pour pleurer. Mais si, maîtrisant ses méthodes et ses procédures, les forces de changement Congolaises essaient de les isoler de là où se jouent notre avenir collectif, un autre Congo peut renaître. L’Egypte et la Tunisie ont donné le ton.
Pourquoi Jeune Afrique a-t-il attendu dix ans pour mettre à nu les méthodes et les pratiques d’un pouvoir émanant d’une guerre d’agression imposée à notre pays pour les grandes puissances occidentales ? A qui profite ce retour sur ce que « les empêcheurs de penser en rond » décrient depuis plus de dix ans ? Pourquoi maintenant ? Qu’est-ce que les 14 pages de Jeune Afrique nous aident à comprendre eu égard aux élections ( ?) à venir ?
A la lecture de ces pages de Jeune Afrique (contenant pas mal de demi-vérités), une chose saute aux yeux : certaines multinationales sont déçues de la gestion de leurs dossiers au Congo. Les contrats signés avec la Chine n’ont pas bien été accueillis dans certains milieux économico-financiers occidentaux. Les partenaires traditionnels du Congo n’ont pas accepté de bon cœur la montée de la Chine au Congo. Pour rappel, les lecteurs du livre intitulé ‘Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique’ (2008) ou de celui de Joseph Ki-Zerbo ‘A quand l’Afrique’ (2003) ou encore de celui de Colette Braeckman ‘Les nouveaux prédateurs. Politiques des puissances en Afrique centrale’ (2003) savent que la guerre contre le Congo a été financée moyennant la conclusion des contrats avec les entreprises minières. « Cela montre bien que les peuples n’intéressent pas du tout ces gens, notait Joseph Ki-Zerbo. Il y a des guerres qui sont soutenues, appuyées, trafics d’armes y compris, par ces organisations et compagnies minières transnationales. Et parfois, elles n’hésitent pas à susciter des rébellions pour affaiblir le pays avec lequel elles négocient. Autant elles peuvent jouer quand il y a des adversaires- parce que ça permet de faire du chantage- autant, s’il n’y a pas de rébellions, elles sont affaiblies dans la négociation. Je l’ai déjà dit : cela ne fait que répéter le schéma, le modèle du temps de la traite des Noirs. » (p. 48-49) Agresser un pays pour l’affaiblir et éviter de négocier le marché des ressources naturelles, jouer au chantage quand un adversaire transnational arrive sur le terrain où se mène la guerre d’agression, voilà ce à quoi notre pays est en proie depuis les années 90. L’histoire des contrats chinois montée en épingle rentre dans le jeu du chantage. La montée (en affaires) du multimillionnaire Israélien Dan Gertler, « devenu plus puissant que Forrest » ne laisse pas indifférents les milieux économico-financiers occidentaux. Il en va de même de son implication dans la revisitation de certains contrats miniers. « De fait, après le jackpot de Katanga Mining, lancé en partenariat avec Forrest avant une cession au géant suisse Glencore, on n’arrête plus Gertler. Tout porte à croire qu’il est- avec des associées Congolais- derrière l’énigmatique Higwind Properties, basé aux Iles Vierges britanniques. C’est cette société qui a assuré le portage sur le permis minier de Kolwezi retiré sans indemnités, en août 2009, aux Canadiens de First Quantum et revendu, en septembre 2010, aux Kazakhs d’Eurasian Natural Resources Corporation (ENRC), pour 175 millions de dollars (128 millions d’euros). Une sacrée belle affaire. Les Canadiens affirment avoir investi, en pure perte, 450 millions de dollars sur un gisement estimé à 1 million de tonnes de cuivre et 400 000 tonnes de cobalt. » (Jeune Afrique, p. 25). Une autre affaire serait à la base des révélations du numéro de Jeune Afrique que nous relisions. « Et puisqu’on ne prête qu’aux riches, écrit Philippe Perdrix, de forts soupçons flottent sur un autre deal made in Kinshasa. Deux mystérieuses sociétés, Coprikat et Foxwhelp – également immatriculées aux Iles Vierges-, ont récupéré des blocs pétroliers du lac Albert initialement attribués aux britanniques Tullow Oil et Heritage Oil, en 2006. A l’instar de First Quantum, Tullow Oil a porté l’affaire devant la Cour d’arbitrage internationale de Paris. » (p.25)
Qui gère le dossier de revisitation des contrats?
«Comme sous Mobutu, comme sous Kabila père, les gros dossiers se traitent au sein de cabinet noir (cabinet molili), surtout ceux qui, financièrement, pèsent lourd. La très juteuse revisitation des contrats miniers a ainsi été directement pilotée par Katumba Mwanke et Didier Etumba. Le fameux contrat chinois (…) a été géré de Aà Z par la gouvernement parallèle, tout comme les marchés de gré à gré qui ont suivi.» (p. 26).
Et où va l’argent de ces contrats ?
«Comme sous Mobutu, comme sous Kabila père, dans un environnement faisandé où le cach est roi et la corruption reine, des conseillers occultes (de Joseph Kabila) font le lien avec l’univers mondialisé des Bourses, des placements et des paradis fiscaux. » (p.26)
Qui est membre du gouvernement parallèle?
Après que Joseph Kabila ait été désigné par Mwenze Kongolo pour remplacer Mzee Kabila, il s’arrangera pour écarter de son cercle restreint « les gardiens du temple kabiliste » dont Yerodia Abdoulaye Ndombasi et Mwenze Kongolo. « Joseph s’entourera d’un « comité stratégique » dynamique et imaginatif sous lequel on retrouve Vital Kamerhe, Guillaume Samba Kaputo (déjà mort), Léonard She Okitundu, Kikaya Bin Karubi, les généraux Etumba, Olenga et Numbi (John). Et quelques autres (dont Jean-Claude Masangu). Il y a aussi, bien sûr, un petit homme passe muraille, ingénieur des mines (…) Augustin Katumba Mwanke. » (p.23) Le général Kabulo et Evariste Boshab en font aussi partie. Les vraies décisions sur la marche réelle du pays sont prises au sein de ce cabinet parallèle. Les gouvernements Gizenga et Muzito sont des figurants. (On comprend que les Ministres puissent s’y comporter comme des électrons libres !) Au gouvernement parallèle s’ajoute la famille de Joseph « dont les membres collectionnent appartements et villas en Afrique du Sud et en Belgique. A l’exemple de Joseph lui-même (…) » (p.26)
Quel rôle ce cabinet parallèle a-t-il joué aux élections de 2006?
Il a bataillé dur pour l’élection de Joseph Kabila moyennant certaines promesses. L’un des artisans de cette bataille, Vital Kamerhe, savait qu’il allait devenir le premier ministre de Joseph en 2006 et son successeur en 2016. « A Vital Kamerhe, lorsqu’il avait besoin de lui, Joseph a tout promis, ou presque. Qu’il serait son Premier ministre, cela va de soi, puis son dauphin désigné, puis son successeur quand, en 2016, après deux mandats accomplis, il se retirerait dans sa ferme. » (p.24)
Que fait « le Raïs » pour aider Kamerhe à croire en ces promesses après que Katumba Mwanke l’ait persuadé de divorcer d’avec un Kamerhe « ambitieux » et « rival potentiel » de l’actuelle Autorité Morale de l’AMP?
«Tout en le couvrant de cadeaux pour l’anesthésier- montres serties de diamants, chaussures, cravates, bibelots de valeur- il (Joseph) se libère ainsi habilement de l’obligation de nommer le secrétaire général du PPRD au poste de Premier ministre. »
Vital Kamerhe va-t-il s’éloigner du «Raïs» après cette promesse non tenue?
Non. « Devenu président de l’Assemblée nationale après l’élection, Vital Kamerhe, qui croit encore que son destin est inscrit dans une certaine forme de fidélité au chef de l’Etat, profite d’une réunion en présence de Katumba Mwanke, de Samba Kaputo et du général Etumba pour lui poser la question de confiance : « Quel genre de président dois-je être ? Du type de ceux qu’affectionnait Mobutu, soumis et servile ? Ou du type monseigneur monseigneur Monsengwo, qui a mis l’Eglise l’Eglise au milieu du village ? » « Sois Monsengwo », répond Kabila, qui sait qu’en l’encourageant ainsi à faire preuve d’indépendance le bouillant Kamerhe ne tardera pas à franchir la ligne rouge. »
(Si les choses se sont passées telles que rapportées dans ce numéro de Jeune Afrique, Kamerhe doit être oublié comme acteur politique. Comment pourrait-on croire à quelqu’un qui se laisse dicter la ligne de conduite à tenir dans le théâtre politique par des tiers ? )
Ce qui est impressionnant en lisant les 14 pages consacrées à Joseph Kabila et son cabinet parallèle, ce que, dans leurs calculs, nos populations ne rentrent pas en ligne compte. La gestion du Congo est conçue comme un business. Sans plus. Les rôles joués aux élections permettent au cabinet parallèle de se faire du fric avec ses amis et les membres de ses familles. Le peuple est absent de cette conception économico-financiariste et clientéliste du pouvoir. Le numéro de Jeune Afrique que nous relisons remet sur le devant de la scène le réseau d’élite décrié en 2001 par le rapport de l’ONU et plus tard par la Commission Lutundula. Mais quand on sait que Lutundula et les autres membres de sa Commission sont aujourd’hui au service du « cabinet noir », on comprend qu’ils ne sont pas au service de la nation. Le Congo est là face à un réseau d’élite très dangereux pour son avenir. Ses dignes filles et fils ont le choix entre la trahison (conduisant à composer avec ce réseau d’élite) et le courage patriotique consistant à le neutraliser pour baliser un autre avenir pour le pays.
A quelque chose malheur est bon, dit-on. Si ce réseau n’avait pas trahi les intérêts de ses maîtres (c’est notre hypothèse), qui pouvait croire que Jeune Afrique puisse arriver à le mettre à nu ?
Malheureusement, certains d’entre nous, aveuglés par on ne sait quoi, estiment que «ce cabinet noir» mérite d’être compté parmi les acteurs politiques pouvant se présenter aux élections de 2011. Ils ne savent pas que tout a été déjà boutiqué avant 2006. Kamerhe n’est pas devenu premier ministre. Il a joué le rôle que Kabila lui a dicté : « Mettre l’église au milieu du village ». Aujourd’hui, il recourt à ce rôle pour soutenir sa qualité d’opposant. Qui sait ? Celle-ci pourrait lui être dictée par « le Raïs ». Un autre l’a remplacé. Comme ils sont interchangeables, les courtisans ! Les Congolais mordus par les serpents ont peur des queues des lézards ! Parions que Jeune Afrique ait raconté « des tomates ». Dans le cas contraire, se laisser mener par le bout du nez aux élections de 2011 par le réseau d’élite aux affaires depuis 1996 pourrait être considéré comme un signe de servilité sans pareil. Il est possible qu’un miracle ait lieu…Nous (moi et les autres minorités organisées) nous n’y croyons pas. Si ce réseau n’est pas neutralisé et mis hors d’état d’agir, 2011 et 2016 jouées avant 2006 risque de nous laisser que nos yeux pour pleurer. Mais si, maîtrisant ses méthodes et ses procédures, les forces de changement Congolaises essaient de les isoler de là où se jouent notre avenir collectif, un autre Congo peut renaître. L’Egypte et la Tunisie ont donné le ton.
Author: J.-P. Mbelu
Source: Congoindépendant 2003-2011 , du 02 Février 2011
Source: Congoindépendant 2003-2011 , du 02 Février 2011
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