*Dans une confusion étonnante, ce magazine prétend d’une part que ce sont Chirac, Bush, Kofi Annan et Albert II qui avaient porté Joseph Kabila à la victoire en 2006 et d’autre part que Kabila avait été élu grâce à Kamerhe.
*Tant Joseph Kabila était avec Kamerhe, il était bon. Il est devenu un diable en se séparant de Vital Kamerhe.
*Président en exercice de la CEEAC, de la SADC, pays d’accueil du sommet de la Francophonie en 2012, tel pays peut-il être isolé diplomatiquement ?
Le magazine « Jeune Afrique » à publié une édition dans laquelle quatorze pages vides sont consacrées non pas à la République Démocratique du Congo, mais à un homme, Joseph Kabila, chef de l’Etat. Sous le titre « Kabila : Mobutu light », ce magazine en perte de vitesse sur le continent où les dictateurs qui l’interdisaient pour faire sa popularité, ont disparu, tente de démontrer sans y parvenir qu’il y aurait une dictature en Rdc incarnée par Joseph Kabila. « Jeune Afrique » voulait assumer ses écrits mais il a trahi sans le savoir les dessous de ses élucubrations. Il est difficile de dire de quoi il s’agit dans cette publication. Est-ce un dossier, un reportage ? Qu’à cela ne tienne, en lieu et place d’une querelle de genre, analysons le contenu de ces quatorze pages. Il y a quatorze pages. Le magazine voulait impressionner. Mais il suffit de lire ce qui est considéré comme l’article phare de cette publication pour attraper la nausée. Jamais « Jeune Afrique » n’a été aussi indigeste que dans cette publication du 30 janvier au 15 février 2011.
Une analyse indigeste et incohérente
Une suite indigeste de confusion et de déclarations politiques basées sur aucun fait. La sacralité des faits souffre énormément dans cette analyse hasardeuse. Dans le premier article, François Soudan va de confusion en confusion. Parlant de Joseph Kabila, il déclare dans le deuxième paragraphe de son article que « Dix ans plus tard, le masque est tombé. La chrysalide qui inspirait à Jacques Chirac, Georges W. Bush, Kofi Annan et au roi des belges un irrépressible désir de protection, au point de le porter à bout de bras sur le tipoye de l’élection présidentielle de 2006, est devenu un papillon solitaire et autocratique, de la famille de ses lépidoptères tropicaux connus sous le nom de monarques, lesquels se nourrissent du suc des plantes vénéneuses - en l’espèce, ici du pouvoir ».
On sent toute la peine qu’a François Soudan, comme tout beau menteur, à trouver son entrée en la matière. De quoi se souvenir de ces paroles de Boileau : « Ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement et le mots pour le dire, arrivent aisément ». En journalisme, on est plus à l’aise avec des faits qu’avec un commentaire tiré du vide. Souvent, on l’accouche par césarienne. C’est le cas avec le « con-frère » François Soudan. Au-delà de toute la peine qu’il a eue pour trouver une entrée en matière, François Soudan déclare que ce sont les présidents américain et français, le roi des Belges et le secrétaire général de l’Onu qui avaient élu Joseph Kabila en 2006. C’est le sens de « porter en tipoye ». Il le dit pince-sans-rire. Mais plus loin, ce ne sont plus ces personnalités qui avaient porté Joseph Kabila, il s’est fait élire dans une élection démocratique avec le concours de Vital Kamerhe. Qui peut comprendre cela ? Comment Joseph Kabila pouvait avoir été en même temps porté sur le tipoye des élections de 2006 par les Occidentaux et aidé par Vital Kamerhe. Si on peut comprendre que Vital Kamerhe, secrétaire général du Pprd à l’époque, ait eu la mission de battre campagne en faveur de Joseph Kabila, pour qu’au finish les Congolais portent leur choix sur lui, peut-on nous dire quel avait été l’apport des présidents américains et français, du roi des Belges et du secrétaire général de l’Onu dans l’élection de Kabila ? C’est la preuve que « Jeune Afrique » écrit n’importe quoi. On dira plus tard pourquoi.
Ignorance de l’opinion congolaise sur Mzée
L' auteur de l'article ne connaît rien de l’opinion congolaise, si ce n’est que ce qu’il apprend de la clique des ses amis opposants congolais. Il classe Mzée Kabila parmi les tyrans selon une lecture occidentale. Il ignore combien les Congolais regrettent cet homme. En disant que Joseph Kabila est sur les traces de Mzée Kabila, il oublie qu’il fait, malgré lui, un éloge du président congolais. Car, en effet, le souci des Congolais est que l’actuel président marche sur le pas de son prédécesseur. Ils accusent même Joseph Kabila de ne pas appliquer à la lettre la politique de Mzée Kabila.
Le point sur lequel Joseph Kabila est proche de Mzée, François Soudan en parle sous forme de critique lorsqu’il dit que Joseph Kabila « est devenu un papillon ». C’est commun dans une certaine presse occidentale qui parle de Kabila qui serait devenu « incontrôlable ». On avait dit la même chose de Lumumba et de Mzée Kabila. Ce sont aujourd’hui des héros congolais. Le jugement des Occidentaux ne se fait pas pour l’intérêt des Congolais. Il semble, selon Jeune Afrique, que Joseph Kabila n’aurait plus d’amis parmi les Chefs d’Etat. Une affirmation sans preuves. Lorsque Kabila se déplace en France, il est accueilli par le chef de protocole de l’Elysée. On ne sait pas au nom de quelle logique François Soudan estime que Sarkozy est déshonoré lorsqu’il est accueilli à Kinshasa par le Premier ministre congolais. Ce mariage du cheval et du cavalier, on n’en veut plus.
Isolement diplomatique ?
Joseph Kabila a successivement et de façon consécutive été au cours trois dernières années, président en exercice de la CEEAC et de la SADC. Il a accueilli ses collègues membres de ces organisations à Kinshasa. Il a dernièrement accueilli la dernière session de l’UE et ACP. Le pays abritera l’année prochaine le sommet de la Francophonie après avoir participé à celui de Montreux l’année passée. Si c’est cela que « Jeune Afrique » appelle isolement diplomatique, c’est regrettable. C’est du n’importe quoi. On sait que ce magazine a tout perdu, mais pas jusqu’à ce point. Suivons la logique de ce morceau de propagande en faveur de Vital Kamerhe. Depuis 2001, Joseph Kabila était bon, très bon. Le monde entier, selon « Jeune Afrique », l’admire et les Congolais mettent sur lui tout leur espoir. Tout se passe très bien, selon toujours la logique de ce magazine, jusqu’aux élections de 2006 puisque des puissances occidentales, pas des moindres, le portent au « tipoye des élections ». Après les élections, tout va encore mieux, mais tout commence à mal aller parce que Vital Kamerhe n’a pas en récompense des services rendus, le poste de Premier ministre.
La marque Kamerhe
Le « saint Joseph Kabila » se transforme finalement en diable, selon toujours « Jeune Afrique », lorsque Vital Kamerhe est démis de ses fonctions de président de l’Assemblée nationale. On ne se fait aucun doute sur le fait que l’article est écrit sous la dictée de Vital Kamerhe. Les preuves sont à trouver dans le contenu même de l’article. François Soudan qui n’est pas du cercle fermé du Chef de l’Etat, raconte un dialogue entre Kabila et Kamerhe. Jugez-en par ce détail : « Devenu président de l’Assemblée nationale après l’élection, Vital Kamerhe, qui croit encore que son destin est inscrit dans une certaine forme de fidélité au Chef de l’Etat, profite d’une réunion en présence de Katumba Mwanke, de Samba Kaputo et du général Etumba pour lui poser la question de confiance : « Quel genre de président dois-je être ? Du type de ceux qu’affectionnait Mobutu, soumis et servile ? Ou du type monseigneur Monsengwo, qui a mis l’Eglise au milieu du village ? Sois Monsengwo répond Kabila ». On peut être fin limier on a toujours ses sources. A ce sujet, on ne s’imagine pas que le témoignage vienne de la tombe de Samba Kaputo, de Augustin Katumba ou de Didier Etumba, connus tous les deux comme moins bavards.
On peut douter de cela, mais, qui autre, mieux que Vital Kamerhe, connaît les cadeaux lui offerts par Joseph Kabila et peut en parler en détails ? « Jeune Afrique » parle des cadeaux remis à Vital Kamerhe, non pas en signe d’amitié ou de récompense, mais pour l’anesthésier : « Tout en le couvrant de cadeaux pour mieux l’anesthésier - montres, serties de diamant, chaussures, cravates, bibelots de valeur - il se libère ainsi habilement de l’obligation de nommer le secrétaire général du Pprd au poste de Premier ministre ».
Outre le fait qu’il s’agit d’une confidence que seul Kamerhe peut faire, le poste de Premier ministre a été son combat et la raison de l’aigreur de ses sentiments. C’était également la raison de son idylle avec l’opposition lorsqu’il s’agissait de régler des comptes au Palu considéré comme usurpateur de ce qui revenait de droit à Vital Kamerhe. C’est aussi pour avoir pour lui le poste de Premier ministre que Vital Kamerhe refusait toute idée de plate-forme ou en dernière minute de coalition après le premier tour de la présidentielle. Une politique suicidaire à laquelle Kabila a résisté. C’est la raison de sa candidature en indépendant. C’est une preuve de plus que pour Kamerhe, son propre destin, son ambition personnelle était au-dessus de tout. Celui qui se fait passer aujourd’hui pour le mal aimé, aura été l’aigri qui réglait des comptes aux autres. Le papier de François Soudan est un plaidoyer tardif en faveur de Vital Kamerhe, mieux une propagande insipide et précoce.
Un intérim de 10 ans ?
Dans l’autre article écrit avec une légèreté déconcertante d’un stagiaire, Tshitenge Lubabu M.K. , parle d’un intérim qui dure. Personne ne peut comprendre qu’un organe de presse sérieux puisse écrire : « Le 17 juin, la décision de nommer Kabila « coordonnateur du gouvernement en attendant », est annoncée lors d’une réunion du Conseil de sécurité national. En clair, c’est un président intérimaire. L’intérim dure depuis dix ans ». Cette légèreté transparait notamment à travers la confusion de date, erreur matérielle compréhensible, mais surtout en parlant d’intérim qui continue. Tout le monde sait que le Joseph Kabila actuel président de la République, a été élu en 2006. Est-ce sérieux de dire au monde entier qu’il continuerait à assumer l’intérim de Mzée Kabila ? Avant même les élections, Joseph Kabila a été président de la République sur un mandat reçu à l’issue du dialogue inter congolais de Sun City pour diriger la transition avec quatre vice-présidents. Dire le contraire, c’est pathétique. C’est pour dire que les élucubrations de « Jeune Afrique » dans sa dernière parution n’ont aucune valeur journalistique. On a en face des journalistes qui règlent des comptes à un pays, à un Chef de l’Etat, pour des raisons que nous dénoncerons prochainement.
Il semble que « Jeune Afrique » aurait la qualité de fossoyeur des Chefs d’Etat qui refuseraient de faire son jeu. Dans l’amalgame que ce magazine nous offre dans sa dernière livraison, l’intention est de produire un cocktail qui emporterait Kabila en faisant le lit de Vital Kamerhe. Ce charlatanisme journalistique est d’une époque révolue. « Jeune Afrique », pour ne pas dire « Vieille Afrique » se trompe et de combat et d’armes de combat. A suivre
Author: Joachim Diana G.
Source : L'avenir, in Jeune Afrique, du Vendredi, 04 Février 2011 07:50
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