Monday, February 14, 2011

RDC: Enjeux électoraux 2011 en territoire de Fizi, Minembwe : Fonds de commerce politique de l’opposition

*La stratégie diabolique de Azarias Ruberwa, Moïse Nyarugabo et Pardonne Kaliba Mulanga est de faire du territoire de Fizi une poudrière avant les élections de novembre 2011 *Le grignotage des autres territoires dans le but de donner à Minembwe un espace et une personnalité juridique va soulever tous les territoires environnants soumis au tripotage de leurs frontières. *Sans référendum en vue de consulter les populations de ces territoires, la création de Minembwe comme territoire créera plus de problèmes qu’on résoudra.

Le chef-lieu de la province du Sud-Kivu, la ville de Bukavu a servi de cadre à une réunion dite des communautés ethniques. Cette réunion qui a eu lieu du 14 au 17 janvier 2011, a eu les allures d’une vraie messe noire pour ne pas dire d’une vraie conspiration. Le fait que les résolutions de cette réunion aient été gardées presque secrètes démontre à suffisance le côté complot de cette rencontre. Y ont pris part active et intéressée, certains notables, certains responsables des communautés locales et certains politiques. On a particulièrement noté la présence à cette messe noire, de Azarias Ruberwa, ancien vice-président de la République, du sénateur Moïse Nyarugabo pour le compte de la communauté Banyamulenge et de Pardonne Kaliba Mulanga en sa qualité de notable Bembe. Il est ancien ministre de la majorité au pouvoir et membre de PRM, parti politique de la majorité présidentielle.

Selon les informations en notre possession, l’ordre du jour de cette rencontre est visiblement innocent. Il s’agissait de cogiter sur la paix dans le territoire de Fizi. Pour s’adonner à cette tâche, la plate-forme qui a pris l’initiative semble sortie de rien, du néant. Sa légitimité pose un vrai problème. Pour parler clairement, cette plate-forme est inconnue et doit son mandat à certains individus autoproclamés à la fois mandants et mandataires des populations de Fizi.

Le motif principal de cette réunion, c’est la création d’une commune rurale à Minembwe. Tout est clair. Faire de Minembwe une entité administrative à part entière, c’est la vraie motivation de cette réunion. C’est en réalité remuer le couteau dans la plaie en remettant sur le tapis une question qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive pendant la transition 1 + 4. Les raisons qui avaient présidé à la non solution à cette question n’ayant pas changé, ramener cette question à la surface relève d’une campagne pré électorale, un vrai dilemme pour la majorité au pouvoir.

Si le gouvernement souscrit à ce projet, il se mettra sur le dos les populations des autres territoires environnants qui devront donner un peu de leur territoire en vue d’assurer un espace vital et viable à la commune rurale de Minembwe. Dans le chef des initiateurs de cette réunion, en cas d’un non du gouvernement, Minembwe qui se veut un Etat dans un Etat, va constituer une douloureuse écharde sous le pied du gouvernement. A cette époque où la confusion des situations est telle que ce qui se passe dans le Maghreb arabe est mal interprété et mal compris, il faut craindre que les initiateurs de cette rencontre de Bukavu aient en tête l’idée d’un printemps minebwéen. Il est vrai que ce ne pourra être qu’un pétard mouillé, mais personne n’a besoin de cela en cette période où il faut mobiliser les énergies dans la paix enfin de réussir les élections de novembre 2011. Apparemment, certains politiciens incapables de se faire entendre dans la paix, ont besoin d’un Minembwe en ébullition afin de retrouver leur statut de « protecteurs » de la minorité à Minembwe. Comme quoi, chassez le naturel, il revient au galop.

Pourquoi aujourd’hui ?

En effet, il est plus facile de mettre l’habit d’opposant afin de rejeter sur les autres les échecs. Lorsqu’on sait que cette question était posée pendant la transition alors que Azarias Ruberwa, vice-président de la République avait la charge de la question « administration du territoire », on ne peut s’empêcher de dire que l’initiative de Bukavu constitue un argumentaire propagandiste des politiciens véreux, à vide d’actifs politiques en dépit des mandats auxquels ils ont eu à remplir. En effet, la liste des initiateurs de ce projet ont occupé d’importantes fonctions dans l’exécutif national aussi bien avant le régime du 17 mai 1996 que pendant et après la transition 1 + 4 après le dialogue inter-congolais. Ils n’ont même pas le courage de leur initiative pour se couvrir derrière une Ong.

En effet, la réunion de Bukavu a été initiée par une Ong dénommée « Initiative pour un leadership cohésif ». Comme on le voit, le sujet à l’ordre du jour n’est pas d’actualité ni incitatif à la cohabitation pacifique, à la convivialité entre les communautés, bref, au développement du terroir. Cette réunion a réfléchi sur l’insécurité, l’absence d’attitude d’écoute, de consultations. Elle a aussi réfléchi sur la mauvaise circulation de l’information, sur l’identité, sur la citoyenneté, sur la confiance et sur la tolérance. Cela peut s’appeler chercher la petite bête lorsqu’on voit que la population de ce coin vit le changement au quotidien. Il suffit de tenir compte des résultats réalisés à mi-parcours des axes principaux des 5 chantiers de la République initiés par le Chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange, dans cette partie de la province du Sud-Kivu. Il est démontré que Fizi d’aujourd’hui est de loin meilleur du Fizi des années 1982, par exemple.

Enfoncer une porte ouverte

A titre illustratif, sur l’axe sécurité qui vise le rétablissement de l’autorité de l’Etat, cet objectif a été atteint par l’affectation d’un administrateur de territoire ainsi que d’un chef de poste d’encadrement sans oublier les services spécialisés de l’Etat dans toutes les circonscriptions du territoire de Fizi (Misisi, Tanganyika, Minembwe etc.). Il faut ajouter sur les efforts actuels, celui sur le volet sécurité notamment la neutralisation en cours des éléments insurgés et subversifs opérant dans ce territoire. On ne peut ignorer le fait qu’actuellement, il y a accessibilité des membres du gouvernement dans des sites jugés jadis et entretenus pour être présentés comme des no man’s land par les internautes politiciens du terroir à travers différents rapports repris par certains médias. La fameuse zone rouge qui tendait à démontrer que la sécurité et l’autorité de l’Etat n’étaient pas effectives dans cette partie du pays relève aujourd’hui d’un mensonge politique.

Ainsi donc, tous les observateurs objectifs de différents horizons, notent des avancées notables dans ce secteur dues aux efforts du gouvernement et de ses partenaires publics et privés notamment pour le désenclavement du territoire. Cela, en vue de permettre la circulation de l’information, des personnes et de leurs biens. Comme réalisations concrètes, notons la réhabilitation (en cours) de la route RN 5, la connexion de différents centres socio-économiques tels que Bibokoboko Akoko, le trafic intense entre Uvira et Minembwe via Fizi centre, Misisi, Kilembwe, la présence des opérateurs en matière de la communication, … Ce sont là des preuves éloquentes que le gouvernement n’avait pas attendu les incantations politico-démagogiques de cette poignée de politiciens en panne d’initiatives pour poser des bases du développement de ce territoire.

Quelle identité et quelle citoyenneté, de qui ?

Par ailleurs, les questions relatives à l’identité et à la citoyenneté sont des matières dévolues exclusivement à la Loi fondamentale votée par le référendum en 2006 par l’ensemble de la population congolaise et non l’apanage d’un individu, d’une Ong (malgré sa bonne volonté de réflexion), et/ou un outil exploitable pour des fins politiques du fait de la sensibilité de la question en Rdc. N’oublions pas qu’il s’agit d’une question qui avait fait couler non seulement beaucoup d’encre et de salive, mais aussi du sang. Cette question a été réglée au dialogue inter congolais avant d’être coulée dans la loi fondamentale. Fonds de commerce de certains politiciens, cette question ne peut plus être posée en termes de « citoyenneté » sans énerver le bon sens.

Raison pour laquelle, il y a lieu de croire, sans peur d’être contredit, qu’il existe, sous couverture de cette Ong « Initiative pour un leadership cohésif » ainsi que pour ses participants, des mobiles cachés tendant à inciter le peuple à se désengager des efforts de consolidation du territoire de Fizi comme un espace viable, enviable et habitable par tous… Pour rappel, Minembwe, paradis terrestre du territoire de Fizi, poumon économique, est une agglomération des villages se trouvant à cheval entre trois secteurs dont Tanganyika, Mutambala et Lulenge, au sein du groupement du chef-coutumier Mwami Etongo et répondant à l’administration du territoire de Fizi.

Ainsi, face aux enjeux électoraux qui pointent déjà à l’horizon et tenant compte de la sensibilité de la question de terres, ces apprenti-politiciens enterrent encore une fois la graine de la guerre. Ils sont ainsi en contradiction avec la population chez qui ils font naître un besoin en cours de satisfaction. La raison, c’est qu’ils veulent démontrer au peuple de Fizi qu’ils s’occupent d’eux. Et pourtant, en posant le problème de la création de la commune rurale de Minembwe avec comme conséquence le découpage des autres territoires et même de l’amputation du territoire de Fizi sans l’accord de la population, ces politiciens se présentent en ennemis du peuple de cette partie du territoire.

Attention de jouer au pyromane

Et sur le plan sécuritaire, ce comportement qu’ils affichent peut mettre en branle l’unité naissante et le rapprochement intercommunautaire perceptible à travers les différentes assemblées et rencontres initiées par les communautés à la base dont la plus récente était celle du mois de janvier 2011 ayant regroupé plus de 2000 habitants à Minembwe (communautés Bembe, Fulero, Nyindu, Bashi, …).

Au terme de ces rencontres, et en fonction du plaidoyer de cette même dynamique locale auprès des seigneurs de guerre (alias Yakutumba, Makanika et Bisogo), en plus de la pression militaire des opérations « Amani leo », on a abouti en janvier 2011 au ralliement des insurgés du plateau aux forces loyalistes. Espérons que les autres pourront emboiter les pas aux efforts louables de l’Etat congolais auprès de ces communautés locales du territoire de Fizi. C’est ici l’occasion d’inviter les « politiciens internautes » en lieu et place des messages e-mail conçus dans des bureaux hyper climatisés en se basant sur des donnes de la sociométrie politique de 1920, 1964 et voire de 1974 oubliant ainsi la notion du dynamisme au profit du statisme et du pessimisme à outrance. Il y a lieu de changer le fusil d’épaule, car, la population n’est plus dupe aujourd’hui. Et que les prérogatives dans certaines questions sont dévolues aux institutions de la République. Ces politiciens feraient mieux de ne pas s’adonner au verbiage capable d’inciter (par des mensonges), la population à la haine, à certaines tactiques machiavéliques qui ont endeuillé le peuple congolais. Qu’ils s’engagent plutôt dans les œuvres de développement, seul socle qui unit le peuple, qui développe un espace et ragaillardit la nation.

Ainsi, les ressortissants du territoire de Fizi sont appelés à une chirurgie dans leur éthique politique, une autopsie sans complaisance dans leur chef, eu égard aux leçons tirées des conflits qui ont pris naissance dans leur territoire et leurs conséquences sur le tissu économique depuis 1922. Et de choisir parmi la typologie des approches, celles qui peuvent contribuer à la consolation de tout un peuple longtemps meurtri. Car, dit-on, seules les actions de développement positives unissent le peuple. Ce coin du pays a grandement besoin de gens qui soient différents soucieux du quotidien des populations. Des gens qui ne doivent pas encore verser dans des polémiques sans scrupules, qui n’apportent rien ou qui veulent se substituer à l’Etat congolais. Faire de Minembwe une commune rurale, ne serait pas, à notre avis, une priorité. Etant donné que l’analyse de viabilité des entités, comme la question liée à la création de 26 provinces d’après la Constitution de 2006, a subi des amendements pour plusieurs raisons.

Pour quelle raison certains politiciens cherchent-ils à réchauffer ce vieux dossier de Minembwe surtout en cette période où toute l’attention est focalisée à l’organisation des élections libres, transparentes et démocratiques, sur la poursuite des 5 chantiers de la République et sur la consolidation de l’unité nationale post-conflit. On attend d’eux un esprit fédérateur et la maîtrise de la sociométrie militaire des noyaux hostiles à l’action gouvernementale. On attend d’eux qu’ils encouragent la convivialité entre communautés, substrat de toute action de développement de grande envergure. Ils devraient également être engagés objectivement au respect de la dignité humaine et de l’homme lui-même comme auteur indéniable de tout développement.

Source: L’Avenir
, du

14/02/2011

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