Thursday, April 7, 2011

COTE D'IVOIRE: La chute de Gbagbo est "inéluctable" selon la France

La situation des habitants à Abidjan est très critique selon les ONG sur place. Les coupures d'eau et d'électricité sont très régulières.

Le point sur les événements de ce jeudi en Côte d'Ivoire, où le président sortant Laurent Gbagbo continue de résister à la pression.

Le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo refuse toujours de se rendre, après un assaut manqué des forces d'Alassane Ouattara. Mais sa chute apparaît comme "inéluctable", alors qu'il est terré dans sa résidence d'Abidjan et n'est plus défendu que par "un petit millier" d'hommes, ont estimé les ministres français de la Défense et des Affaires étrangères.

La chute de Laurent Gbagbo "interviendra inévitablement dans... je ne vais pas dire les heures ou les jours qui viennent, je suis prudent", a déclaré le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, au cours d'une audition devant des sénateurs à Paris avec son collègue de la Défense, Gérard Longuet.

Patrouilles de l'ONU et des troupes françaises dans le quartier du palais de Gbagbo

Revue d'effectifs
Pour le ministre français e de la Défense, Gérard Longuet, "les forces dont dispose à ce jour, à cet instant, l'ancien président Gbagbo seraient d'environ un petit millier, dont 200 sont installées à sa résidence personnelle", tandis que "les groupes tactiques du président Ouattara représentent environ 2000 hommes". "Sur Abidjan, l'Onuci a environ 2250 hommes, sur un effectif total en Côte d'Ivoire de 10 000. La France a porté ses effectifs Licorne à 1700", a-t-il rappelé. Une dizaine de véhicules blindés de la Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) et de la force française Licorne patrouillent jeudi à Abidjan dans le quartier du Plateau où se situe le palais du président sortant Laurent Gbagbo. Depuis le début de la bataille d'Abidjan il y a une semaine, ces patrouilles terrestres étaient très rares, ce quartier nord étant sous un étroit contrôle des militaires restés fidèles à Gbagbo. Le chef d'Etat sortant restait jeudi retranché dans le bunker de sa résidence d'Abidjan (quartier de Cocody, nord).

La résidence présidentielle: "une vraie poudrière"

La force française Licorne avait frappé mercredi soir à Abidjan des objectifs militaires à la résidence où se terre Laurent Gbagbo, quelques heures après un assaut manqué des forces d'Alassane Ouattara. Il n'était pas alors possible de dire quels armements avaient été atteints dans la résidence, qualifiée par une source diplomatique de "vraie poudrière". Selon une source proche de l'opération, "au moins un" blindé a été "neutralisé" par un tir de Licorne dans la caserne de la Garde républicaine voisine. Un habitant de la zone a fait état de près d'une dizaine de tirs des hélicoptères français.

Situation humanitaire "dramatique"
Les affrontements à l'arme lourde dans Abidjan ont fait, selon l'ONU, des dizaines de morts et la situation humanitaire est devenue "absolument dramatique", la plupart des hôpitaux ne fonctionnant plus. A Abidjan, les habitants traumatisés par les récents combats restent pour la plupart terrés chez eux. Dans certains quartiers, les rues quasiment désertes étaient abandonnées aux pillards, l'eau et l'électricité sont coupées par endroits, les provisions de nourriture s'amenuisent. Dans d'autres un début de retour à la normale s'esquisse. Retrouvez ici le témoignage d'un journaliste ivoirien présent à Abidjan. Juppé réfute l'utilisation du mot "guerre"

Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a réfuté l'utilisation du mot "guerre" pour qualifier l'engagement des militaires français en Côte d'Ivoire. "En Afghanistan, on fait d'une certaine manière la guerre. En Côte d'Ivoire, on ne fait pas la guerre", a insisté le ministre, lors d'une audition devant des sénateurs. "On n'est pas en train de s'attaquer à une armée hostile contre laquelle nous mènerions combat. Nous soutenons l'intervention de l'Onuci (force de l'Onu) pour protéger les populations civiles", a fait valoir le ministre français.

Moscou accuse Paris de s'ingérer dans un conflit intérieur

Ce n'est pas l'avis de la Russie qui a estimé ce jeudi que les troupes françaises et de l'ONU s'étaient ingérées dans un "conflit intérieur" en Côte d'Ivoire en apportant leur soutien au camp d'Alassane Ouattara: "Il faut absolument régler les aspects légaux de l'action des troupes de maintien de la paix de l'ONU et du contingent français en Côte d'Ivoire", relève le ministère dans un communiqué qui souligne que ces troupes "sont obligés de rester neutre et de respecter le mandat fixé dans les résolutions du Conseil de sécurité" qui prévoient des actions militaires limitées à la protection des populations civiles.

Intervention de la force Licorne pour exfiltrer des diplomates

A la demande de l'ONU et du Japon, la force Licorne est intervenue mercredi soir pour exfiltrer l'ambassadeur du Japon Yoshifumi Okamura et ses collaborateurs de la résidence du Japon, sur les toits de laquelle "des miliciens pro-Gbagbo avaient installé des armes lourdes", "menaçant les ambassadeurs voisins et les populations civiles", indique l'ambassade de France.

Selon l'ambassadeur du Japon, quatre membres de son personnel local avaient "disparu", et un de ses collaborateurs a été "blessé" lors de l'attaque de ces hommes en armes.

Israël a également demandé ce jeudi matin à la France d'exfiltrer ses diplomates, selon le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé. Le ministre a également annoncé un redéploiement dans la matinée de la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) dans le quartier diplomatique, "conformément aux appels à l'aide de plusieurs ambassades, dont notamment l'ambassade indienne".

A Washington un responsable du département d'Etat avait indiqué que les diplomates indiens, israéliens et japonais en Côte d'Ivoire ainsi qu'une vingtaine de journalistes ont sollicité l'aide des Etats-Unis pour quitter Abidjan.

Des négociations qui échouent

Cette attaque survient à la suite de deux journées d'intenses mais infructueuses tractations, au cours desquelles Laurent Gbagbo a refusé de démissionner, malgré d'importantes pressions. "Moi, je ne suis pas un kamikaze, j'aime la vie", a affirmé le présidence sortant ce mardi à un journaliste français.

Le camp Gbagbo a dénoncé l'assaut du matin et l'opération de Licorne dans la soirée, y voyant "une tentative d'assassinat du président Gbagbo". Il a accusé les deux forces de travailler ensemble sur ces interventions.

La France transmettra des informations à la CPI

La France pourra transmettre à la Cour pénale internationale (CPI) des éléments recueillis par les forces françaises pouvant servir à ses éventuelles enquêtes sur la Côte d'Ivoire, a annoncé jeudi le ministre de la Défense Gérard Longuet.

"Nous avons une documentation à la disposition de la CPI en tant que de besoin pour les seuls faits dont nous avons été témoins dans la seule zone où nous avons un déploiement qui est occasionnel, puisqu'il est lié à la protection des ressortissants français", a déclaré Gérard Longuet, lors d'une audition devant une commission du Sénat.

Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a annoncé mercredi vouloir ouvrir une enquête sur des "massacres commis de façon systématique ou généralisée" en Côte d'Ivoire. Le président sortant de Côte d'Ivoire Laurent Gbagbo est régulièrement accusé de crimes par le camp de son rival, Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale.

Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 07/04/2011 à 08:30, mis à jour à 18:20


Source: L'Express, du 07/04/2011

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