La matinée a été calme dans la capitale économique ivoirienne, où les pro-Gbagbo ont gagné du terrain vendredi. Dans la nuit, une opération de la force française Licorne pour évacuer des diplomates a échoué.
• Les pro-Gbagbo ont gagné du terrain
Les troupes fidèles au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo auraient regagné vendredi du terrain à Abidjan et sont toujours en possession de chars ainsi que d'«armes lourdes», a indiqué le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU Alain Le Roy.
Les forces pro-Gbagbo ne sont plus qu'à un kilomètre de l'hôtel dans lequel le président reconnu internationalement, Alassane Ouattara, a établi son quartier général, a-t-il souligné tout en précisant que les forces de Gbagbo contrôlent désormais les quartiers du Plateau et de Cocody. «Il est évident», a-t-il analysé, que les soldats du camp Gbagbo «ont pris l'accalmie de mardi comme prétexte pour renforcer leurs positions». Ces troupes «ont toujours de nombreuses armes lourdes à disposition», a encore affirmé Alain Le Roy, qui a dit avoir vu des photos sur lesquelles apparaissent des chars, des lance-roquettes, des lance-grenades et des véhicules de transport de troupes.
• Plusieurs ambassades attendent de l'aide
Une opération de la force française Licorne pour évacuer du personnel diplomatique du quartier des ambassades à Abidjan a dû être annulée durant la nuit de vendredi à samedi en raison de conditions de sécurité insuffisantes.
L'opération avait été lancée «à la demande du gouvernement d'un pays allié», dont le nom n'a pas été précisé pour des raisons de sécurité. Mais au cours de l'opération, les soldats français ont été la cible de tirs et les hélicoptères de la force Licorne ont détruit un véhicule blindé des forces pro-Gbagbo dans la zone des résidences diplomatiques, a expliqué le porte-parole de l'état-major, le colonel Thierry Burkhard. Deux hélicoptères français ont également été atteints par des tirs, sans gravité.
Des responsables de l'ONU avaient indiqué vendredi que les troupes de l'Onuci, la mission des Nations-Unies en Côte d'Ivoire, et la force Licorne avaient évacué dans la journée des diplomates indiens, sud-coréens, sud-africains et israéliens. Selon Alain Le Roy, chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, 23 pays ont fait une demande pour que leurs diplomates soient évacués. Les missions diplomatiques allemande, américaine et brésilienne sont elles en attente d'aide.
• La résidence de l'ambassadeur de France visée par des tirs
La résidence de l'ambassadeur de France à Abidjan, située près de celle de Laurent Gbagbo, a été vendredi la cible de tirs d'armes lourdes des forces loyales au président ivoirien sortant, a affirmé l'ambassade. Une information «formellement» démentie par le camp Gbagbo.
«Le 8 avril à 16 heures la résidence de France située dans la commune de Cocody a été la cible de deux tirs de mortier et d'un tir de roquette à partir de positions tenues» par des éléments des forces armées toujours loyales à Laurent Gbagbo, indique l'ambassade. Avant de préciser : «C'est la deuxième fois en moins de 48 heures que cette emprise diplomatique fait l'objet d'une attaque délibérée». Mercredi soir, la résidence avait été déjà attaquée par les forces pro-Gbagbo à l'occasion de l'exfiltration de l'ambassadeur du Japon, dont la demeure officielle est située à proximité.
• L'ONU ne coupera pas les vivres à Gbagbo
Au lendemain de l'appel à la réconciliation lancé jeudi soir par le président ivoirien Alassane Ouattara, son rival, Laurent Gbagbo, est resté retranché dans le bunker de sa résidence, dans le quartier du Plateau ( voir carte ).
Pour le faire sortir de son palais, les forces fidèles à Alassane Ouattara ont évoqué l'idée d'affamer Laurent Gbagbo. Hors de question pour l'ONU de lui couper les vivres, a indiqué vendredi le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Alain Le Roy. Les forces des Nations unies en Côte d'Ivoire n'ont aucun mandat pour «couper les vivres à quiconque», a-t-il indiqué.
Des militaires français évacuent des civils à Abidjan. Crédits photo : JEAN-PHILIPPE KSIAZEK/AFP
• Droits de l'homme : informations «horrifiantes»
Le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a annoncé vendredi que ses enquêteurs de l'ONU avaient découvert plus de 100 corps ces dernières 24 heures dans l'ouest de la Côte d'Ivoire. Il s'agirait de victimes de violences ethniques. «Les informations envoyées par l'équipe des enquêteurs de l'ONU sur les droits de l'homme en Côte d'Ivoire sont absolument horrifiantes», a déclaré Navi Pillay. Selon elle, «la situation à Abidjan est également épouvantable et en raison des combats incessants et de l'extrême insécurité, nous avons été incapables d'évaluer toute l'étendue des violations (des droits de l'homme) au cours des derniers jours».
• L'UE lève ses sanctions contre les ports
L'Union européenne a annoncé vendredi avoir levé ses sanctions à l'encontre de deux grands ports de Côte d'Ivoire, Abidjan et San Pedro, ainsi que contre plusieurs entreprises liées notamment au secteur du cacao, afin de soutenir Alassane Ouattara. La décision, qui était attendue la semaine prochaine, a été prise via une procédure accélérée entre les gouvernements européens. Elle répond à une demande explicite exprimée la veille dans un discours par Alassane Ouattara.
» Ouattara tend la main aux pro-Gbagbo
Paris a salué vendredi l'intervention du président élu. «L'ère Gbagbo est désormais close», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. «L'issue est désormais en vue» en Côte d'Ivoire, a-t-il ajouté.
• L'ONU souhaite des corridors humanitaires
À l'impasse politique et l'enlisement militaire s'ajoute l'urgence humanitaire. La capitale économique est livrée aux pillards, les cadavres ne sont pas ramassés, le système de santé s'est effondré, l'électricité est souvent coupée et les réserves de nourriture baissent rapidement. Selon le représentant du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) dans le pays, la population à Abdijan est privée d'eau depuis quatre jours. Les coupures d'eau ont «commencé secteurs par secteurs», avec certains secteurs, comme celui d'«Abobo, qui n'ont pas d'eau depuis (...) samedi, dimanche», a-t-il ajouté.
Les agences humanitaires de l'ONU, notamment le Programme alimentaire mondial (PAM), ont demandé vendredi l'ouverture de corridors humanitaires pour avoir accès aux milliers de personnes qui fuient les violences dans le pays. Le PAM indique avoir distribué des vivres pour six jours dans la ville de Duékoué, dans l'ouest du pays, où des milliers de personnes sont notamment réfugiés dans la mission catholique. Le PAM prévoit également de distribuer de l'aide la semaine prochaine à quelque 50.000 personnes déplacées dans plusieurs région du pays.
(Avec AFP, AP et Reuters)
09/04/2011 | Mise à jour : 14:12
SOURCE: Le Figaro, du 09/04/2011
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