Saturday, July 16, 2011

RDC: RDC: Elections 2011 : La Haye,Entrevue Bemba-Tshisekedi

Le président de l’UDPS, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, s’est rendu vendredi 15 juillet à La Haye (Pays-Bas) où il s’est entretenu en tête-à-tête avec le président du MLC Jean-Pierre Bemba. Celui-ci y est détenu, depuis juillet 2008, en vertu d’un mandat de la Cour pénale internationale. Aux dernières nouvelles, les juges de la Cour pénale internationale viennent de commencer leurs "vacances judiciaires". La prochaine audience est prévue le 22 août prochain. Bemba se trouve en "détention préventive" depuis 38 mois.
"La place de Jean-Pierre Bemba est parmi nous et non en prison", déclarait Etienne Tshisekedi wa Mulumba, samedi 9 juillet, à l’issue de sa rencontre à l’ULB avec des membres de la diaspora congolaise de Belgique. Il confirmait sa visite à La Haye en plaçant celle-ci sous le signe d’"encouragement" et de "consolation". Le président de l’UDPS avait émis l’espoir de voir Bemba "nous rejoindre prochainement".

Au moment où nous couchons ces lignes, rien n’a encore filtré de l’entrevue entre les deux hommes. Motif : un seul visiteur - en l’occurence Etienne Tshisekedi - a été annoncé auprès de la direction carcérale. C’est donc en l’absence de témoins que les deux personnalités ont pu converser au début de l’après-midi. Il n’est point besoin d’être "Madame Soleil" pour deviner que l’élection présidentielle et les législatives 2011 étaient au centre des discussions.

L’année dernière, certains hauts cadres du MLC n’excluaient pas une candidature du "chairman" à l’élection présidentielle. C’est le cas notamment de Jean-Jacques Mbungani Mbanda. Celui-ci l’a laissé entendre lors d’un point de presse animé par la sénatrice Eve Bazaïba Masudi. "N’étant pas condamné, disait-il, Jean-Pierre Bemba continue à jouir de tous ses droits civiques et politiques". Question : le leader de l’UDPS a-t-il convaincu Bemba à lui apporter son appui? En l’absence d’éléments factuels, il serait hasardeux de répondre dans un sens ou dans l’autre. Une chose paraît sûre : les deux hommes souhaitaient ardemment l’entretien qui a eu lieu vendredi.

En effectuant ce déplacement, "Tshi-Tshi" a fait son choix. Il préfère tendre la main à "Jean-Pierre" plutôt qu’à Vital Kamerhe, le président de l’UNC (Union de la nation congolaise). "Kamerhe a joué un rôle clé dans l’élection de Kabila", confiait Tshisekedi en septembre dernier à l’hebdomadaire parisien "Jeune Afrique" (voir J.A n°2594). Dix mois après, le Sphinx de Limete continue à mettre en doute la "sincérité" de l’ancien président de l’Assemblée nationale.

Cabale politico-judiciaire

Trente-huit mois après l’arrestation de Bemba, il ne fait plus l’ombre d’un doute que l’homme est tombé dans un traquenard en envoyant ses combattants à la rescousse de l’ancien président centrafricain Ange-Félix Patassé. Les "bembistes" estiment que leur "champion" est victime d’une "cabale politico-judiciaire". Un bref rappel des faits tend à leur donner raison.

La plainte déposée par l’Etat centrafricain auprès de la CPI épinglait, en effet, plusieurs accusés. Outre Bemba, il y a l’ancien président Ange-Felix Patassé (l’accusé principal) suivi de son conseiller militaire Abdoulaye Miskine et du chef de la garde présidentielle le général Fernand Bombayake. Sans oublier le "super gendarme" français Paul Barril.

Jean-Pierre Bemba se retrouve seul à la barre. Chef hiérarchique, il est accusé d’avoir commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité entre octobre 2002 et mars 2003. Et pourtant, à Bangui, ses hommes ont non seulement servi sous le commandement de l’état-major de l’armée mais surtout portaient les mêmes uniformes que les soldats centrafricains. L’histoire ne dit pas que l’appui militaire apporté à Patassé n’était guère du goût de la France de Jacques Chirac. L’Hexagone soutenait le "rebelle" François Bozizé. Est-ce un hasard si RFI a été le premier média international à dénoncer "les meurtres, viols et pillages" commis dans la capitale centrafricaine par… les «hommes de Bemba»?

Il y a par la suite ce courrier électronique daté du 21 avril 2006 adressé à Léonard She Okitundu, alors directeur du cabinet de "Joseph Kabila" par le ministre centrafricain d’alors en charge de la Communication. Son nom : Abdel Karim Mekassoua. Une copie de ce "mail" était envoyée à l’ambassadeur de la RD Congo à Bangui, Mugaruka bin Rubibi. L’objet du message est ainsi libellé : «JPB CPI». «Chers amis, écrivait Meckassoua, je vous transmets les infos nécessaires à la très haute attention du PR. Merci de mettre 2 billets A/R à disposition sur AF, pour un départ le 22 avril de Bangui et retour le 24 avril via Douala pour A. Karim Meckassoua et Me Goungaye Wanfiyo Nganatoua. Je confirme le rendez-vous avec Antoine qui a mon contact de Paris (...). Mes respects au PR et merci pour votre diligence.»

Me Goungaye, décédé depuis, était le président de la Ligue centrafricaine des droits de l’Homme. C’est lui qui avait monté de toutes pièces le dossier d’accusation contre le président du MLC avec l’aide de quelques «experts» de la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme). Selon des sources, «Antoine» dont question dans ce "courriel" ne serait autre qu’Antoine Ghonda Mangalibi, un transfuge du MLC passé avec armes et bagages dans le camp kabiliste.

Mascarade

Le 24 mai 2008, Bemba est interpellé sur la base d’un mandat international délivré par la CPI en «extrême urgence». L’opération a été exécutée par des éléments de la police judiciaire belge dans la banlieue bruxelloise. Le 4 juillet, le "prisonnier" est transféré à La Haye. Il semble que le tout-puissant procureur près la CPI Luis Moreno-Ocampo avait reçu des informations selon lesquelles Bemba se préparait à prendre le large vers un pays n’ayant pas ratifié le Statut de Rome. En fait, le dossier judiciaire était vide.

Au mois d’août 2009, la CPI fait droit à la demande de libération conditionnelle introduite par les avocats de la défense. Surprise. Dans un communiqué daté du 3 décembre 2009, la FIDH, réputé à tort ou à raison proche de la France, s’y oppose arguant que Bemba pourrait représenter une "menace pour toutes les victimes et les témoins". Et d’ajouter "la crainte" de voir l’accusé "échapper à la justice internationale et que des preuves disparaissent."

Au cours du mois de septembre 2009, une dépêche de l’AFP, datée de Kinshasa, fait état de l’attaque simultanée des résidences de deux anciens cadres du MLC devenus ministres de Joseph Kabila. Il s’agit de José Endundo Bononge (Environnement) et d’Alexis Thambwe Mwamba (Affaires étrangères). Les "assaillants" auraient laissé un message accompagné d’une balle : «Si tu témoignes contre Jean-Pierre Bemba, tu mourras». Pourquoi, une agence de presse comme l’AFP s’est-elle prêtée à une telle mascarade? En tous cas, l’opinion congolaise attend toujours de connaître les conclusions de l’enquête ouverte à la suite de cette rocambolesque affaire.

A La Haye, Tshisekedi et Bemba n’ont pas manqué d’aborder l’évolution de ce dossier qui - de l’avis général - n’a de judiciaire que l’apparence...
Author: Madeleine Wassembinya/B.A.W
Source: Congoindépendant 2003-2011, du 16 Juillet 2011 

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