Les élections couplées présidentielle et législatives sont finies en République démocratique du Congo avec la victoire contestée de Joseph Kabila par son principal challenger, Etienne Tshisekedi. Mais bien malin qui peut dire comment cette affaire se terminera ; d’autant qu’avant même la proclamation des résultats, le pays était plongé dans une logique de confrontation.
Et le climat de tension perdure. D’ailleurs dans une de nos analyses du 30 novembre dernier, l’on présupposait que l’atmosphère ne pouvait qu’être émaillée de violence lorsqu’on a battu la campagne avec le couteau entre les dents, vu qu’on est allé aux urnes avec la manchette dans une main et le bulletin de vote dans l’autre.
Chacun des deux protagonistes étaient convaincu d’être déjà président avant même que les urnes aient été ouvertes.
Dans ces conditions, l’on ne voyait pas trop comment on pourrait éviter le clash. Effectivement, les faits de ces derniers jours donnent raison à ceux qui étaient sceptiques avant la tenue du scrutin. L’on se retrouve désormais dans une situation de déjà vu en Afrique, où il y a un fauteuil pour 2 présidents : l’un légal et l’autre, peut-être légitime. Une sorte de président du peuple contre le président des urnes ; même si c’est bien entendu que ce sont les voix peuple qui remplissent les urnes.
Le président sortant, Kabila fils, auréolé de ses 48,95%, a eu très rapidement sa victoire confirmée par la CENI et validée par la Cour suprême à une vitesse pratiquement suspecte.
Finalement cette Cour a-t-elle eu le temps d’examiner les différents recours avant de donner son blanc-seing ? Sans doute qu’elle n’avait pas besoin de l’onction des grands juges congolais, puisque leur intime conviction était déjà forgée.
Ce qui est sûr, avec le mode de scrutin (à un tour) choisi, Joseph Kabila Kabange ne courrait pas de grand risque, mais, malgré tout, quand on voit le score de son challenger (32,33 %), on reste en fait dubitatif sur ce qui a pu se passer véritablement.
Dans nos démocratures, quand un opposant a 30%, on n’est pas loin de penser qu’il a peut-être été élu. Maintenant, est-ce que cela est suffisant pour revendiquer la présidence en mondovision, même si Tshisekedi est soutenu par nombre d’observateurs ?
Ce qui est évident, c’est que le président des urnes, Kabila, prête serment aujourd’hui en attendant sans doute celui du peuple, qui donne rendez-vous à ses fidèles pour l’adouber le vendredi prochain. On doute fort que cela puisse se faire, surtout pas en public, si les Kabilistes ne le «mettent pas hors d’état de nuire». Ils vont certainement l’empêcher de faire ce qu’il veut.
Quoiqu’on dise, une chose est de maîtriser Etienne Tshisekedi, une autre est de maîtriser ses militants, qu’il ne contrôlent pas forcément. Vont-ils accepter d’être floués d’une victoire qu’ils pensent être la leur ? C’est la grande question. C’est parti donc pour l’instabilité de plus belle dans ce pays qui n’était pas déjà pas stable, avec des risques que les affrontements débouchent sur des tueries.
Author: Kader Traoré
Source: L'Observateur Paalga, du 20/12/2011
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