RDC: Compilation des législatives / CENI et PPRD : sauvegarder la paix

Le feuilleton des élections 2011 en RDC n’a pas encore livré son dernier épisode. Il s’agit des résultats des législatives nationales dont la publication pourrait créer la pagaille si jamais la vérité des urnes n’était pas respectée par la CENI au niveau des centres de compilation. Soupçonnés de tenter de manipuler les résultats, le PPRD et la CENI ont l’obligation de sauvegarder la paix et légitimer l’élection présidentielle.

C’est par exigence civique, citoyenne et patriotique que nous prenons la liberté de faire ce commentaire. Malgré toutes les difficultés rencontrées, l’élection présidentielle du 28 novembre 2011 a fini par dévoiler son secret : le candidat Joseph Kabila Kabange a été déclaré vainqueur de ce scrutin le 9 décembre par la CENI. Le 16 décembre, la Cour suprême de justice a avalisé ces résultats provisoires et confirmé Joseph Kabila comme président élu. La cérémonie de prestation est prévue, sauf imprévu, ce mardi 20 décembre 2011 au Mont Ngaliema.

Cette étape est passée, malgré toutes les allégations de fraude électorale et de tricherie entendues de la part de l’Opposition et de certaines missions d’observation des élections. Toutefois, le processus électoral se poursuit. Il est attendu incessamment les résultats des élections législatives qui ont eu lieu à la même date, c’est-à-dire le 28 novembre 2011.

L’avenir immédiat du pays est lié à ces résultats des législatives. La publication que fera la CENI prochainement devra donc refléter cette volonté du peuple exprimée dans les urnes. Les témoins des candidats et partis politiques engagés dans le processus en cours laissent entendre détenir des procès verbaux des bureaux de vote contresignés par toutes les parties.

En clair, la population dans chaque circonscription électorale sait pour quel candidat elle a voté pour le représenter à la Chambre basse du futur Parlement. C’est ici que la responsabilité de la CENI est mise à l’épreuve. En tant que pouvoir organisateur des scrutins du 28 novembre dernier, elle doit respecter cette volonté du peuple et non l’altérer.

L’on serait peut-être poussé à se demander pourquoi la rédaction du Potentiel s’adonne à cet exercice en ce moment précis ? Des états-majors des partis politiques, aussi bien de l’Opposition que de la Majorité contactés par notre rédaction font état des tensions en sourdine autour de la manipulation qui serait en train d’être effectuée dans les centres de compilation des résultats. A tort ou à raison, le doigt accusateur est pointé en direction du PPRD.

Toujours selon ces états-majors des partis politiques, seul le candidat Joseph Kabila a pu gagner haut la main le scrutin dans les quatre grandes provinces du pays. En revanche, soutiennent-ils, les candidats PPRD aux législatives nationales ont été soit mal élu ou pas du tout.

Si d‘aventure, poursuivent-ils, les résultats de ces législatives nationales donnaient les candidats PPRD majoritaires, la crédibilité de la CENI pourrait être remise en cause. La population ne serait pas prête à accepter la supercherie. Elle connaîtrait même déjà les noms des personnes sur lesquelles elle a jeté son dévolu.

Par ailleurs, les mêmes états-majors des partis politiques indiquent que des affrontements auraient eu lieu entre les candidats PPRD et ceux d’autres partis de la MP, notamment au Maniema, dans les deux Kasaï, au Katanga. Au motif que les candidats PPRD auraient fait savoir à qui voulait les entendre qu’ils obtiendraient la majorité, à tout prix.

Sauvegarder la paix

La démarche du PPRD pourrait être justifiée dans le fond mais, elle fausserait par la forme adoptée, c’est-à-dire par la méthodologie utilisée. La majorité tant recherchée à l’Assemblée nationale ne devrait pas être automatique. Elle pourrait se négocier au sein même de la Chambre basse du Parlement par le jeu des accords et alliances entre partis politiques, soient-ils de l‘Opposition.

Dès lors, le PPRD devrait accepter les scores réalisés par ses candidats dans les urnes et éviter d’influer sur le travail que fait la CENI dans les centres de compilation des résultats. Celle-ci a l’obligation de prouver son indépendance en cette phase du processus. Ce qui lui éviterait de prêter le flanc à ses détracteurs qui ne cessent de suivre à la loupe tout son travail. Les différentes déclarations des gouvernements occidentaux devraient l’aider à montrer qu’elle est au-dessus de tout soupçon.

A tout prendre, le président a été élu. Son élection été entérinée et confirmée par la Cour suprême de justice faisant office de Cour constitutionnelle jusqu’à nouvel ordre. Il ne reste plus que la prestation de serment qui pourrait intervenir, sauf imprévu, ce mardi 20 décembre. Le PPRD et la CENI doivent contribuer à conforter son succès et à consolider sa légitimité. Cela en sauvegardant la paix.

Dans ces circonstances, occasionner un soulèvement populaire ne serait pas de bon aloi. Les résultats faussés ou dénaturés des législatives nationales démobiliseraient tous ceux qui ont élu le président de la République et qui continuent à croire en lui. Bien plus, cela pourrait faire écrouler tout l’édifice. Et partant l’œuvre de reconstruction du pays.
Par Le Potentiel





Source:Le Potentiel, du 19/12/2011