Forces de police plus visibles, population inquiète, expatriés et Congolais fuyant à Brazzaville: la RD Congo et particulièrement sa capitale Kinshasa vivent dans la crainte de violences à la veille de l'annonce des résultats complets de la présidentielle du 28 novembre.
Les résultats complets provisoires de la présidentielle du 28 novembre en République démocratique du Congo prévus le 6 décembre ont été repoussés de 48 heures maximum, a annoncé la Commission électorale (Céni) à Kinshasa, quadrillée par la police.
Ce report du résultat des 11 candidats en lice a été annoncé dans la soirée à la télévision d'Etat (RTNC) par la Céni.
"Nous n'avons pas tous les PV des 169 CLCR", les centres locaux de compilation des résultats, a expliqué à l'AFP Matthieu Mpitta, le rapporteur de la Céni.
Au lieu des résultats globaux, la Céni a en donné de nouveaux partiels sur un peu plus de 89% des bureaux, au moment où le mandat de cinq ans du président sortant Joseph Kabila expirait ce mardi à minuit (23H00 GMT).
"L'UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) met en garde M. Ngoy Mulunda (le chef de la Céni) et Kabila pour qu'ils respectent la volonté du peuple", avait tonné le chef de l'UDPS, ajoutant qu'"en cas de besoin" il lancerait un "mot d'ordre", sans plus de précisions.
A Kinshasa, la capitale plutôt favorable à l'opposition, la journée a été vécue dans la crainte de débordements violents.
Après des violences meurtrières durant la campagne et le jour du vote, le procureur de la CPI a rappelé mardi qu'il suivait "de près" la situation.
"Je tiens à réitérer les propos que j'ai tenus le 11 novembre: nous suivons de près la situation et nous ne tolérerons aucun recours à la violence", a déclaré Luis Moreno-Ocampo.
Mais comme le reste du pays, la capitale est restée calme, et vide comme un dimanche ordinaire. De nombreux kinois sont restés chez eux, les taxis étaient plus rares. Signe d'une crainte ambiante, à la nuit tombée les rues étaient désertes.
Dans les différents quartiers visités dans la journée par l'AFP, la police était présente mais pas omniprésente.
Quelques convois de pick-up et de camions chargés de policiers ont circulé sur les grands axes. Environ 20.000 militaires, encasernés, étaient mobilisés dans la capitale.
Dans le quartier de Limete, se tenant à distance du QG de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, le parti de Tshisekedi), la police est venue faire sporadiquement la chasse aux partisans de Tshisekedi pour éviter tout rassemblement, a constaté l'AFP. Mais il n'y a pas eu d'affrontements.
En revanche des manifestations d'opposants congolais ont dégénéré en violence dans plusieurs capitales étrangères, comme à Paris, Londres, Bruxelles, et aussi à Toronto.
"Nous voulons que Kabila parte", s'est exclamé Jason Kabuta, âgé d'une vingtaine d'années qui a manifesté devant la résidence du Premier ministre britannique David Cameron à Londres.
"Il y a un génocide dans notre pays. Les Occidentaux soutiennent Kabila", a-t-il expliqué.
Organisé de façon chaotique, entaché d'irrégularités et de soupçons de fraudes, le double scrutin présidentiel et législatif à un tour du 28 novembre a été émaillé de violences meurtrières.
Entre le 26 et le 28 novembre, 18 civils ont été tués, dont 14 à Kinshasa, selon Human Rights Watch, qui a mis en cause la Garde républicaine (GR, ex-garde présidentielle).
Les résultats définitifs de la présidentielle devront être proclamés le 17 décembre par la Cour suprême, et le nouveau président prêtera serment le 20.
Les résultats provisoires des législatives doivent être annoncés mi-janvier.
Source: Le Point, du 07/12/2011
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