Monday, December 5, 2011

RDC: Elections 2011 : les premières contestations

L’heure est au dépouillement et à la compilation. La CENI publie, en ces moments, des résultats partiels et provisoires de l’élection présidentielle, édition 2011. Des résultats diversement interprétés. D’où, ces deux déclarations portant annulation du scrutin et rejet des résultats partiels. Premières contestations.

Conformément au calendrier initial de la Commission électorale nationale indépendante, CENI, c’est demain mardi 6 décembre, que devraient être rendus publics les résultats provisoires des élections présidentielle et législatives 2011. Mais du fait que la CENI a bousculé ce même calendrier en commençant, quatre jours plus tôt, à publier les résultats partiels de la présidentielle, la question est de savoir si ce même calendrier n’est pas déjà perturbé.

Si tel était le cas, il faudrait s’attendre à une succession des faits dans la mesure où cette même date met fin officiellement au mandat du président de la République. Certes, le président sortant demeure en fonction jusqu’à la prestation de serment du nouveau président. Or, le 6 décembre, le nouveau président ne sera que provisoirement reconnu. Il faudra attendre la décision de la Cour suprême de justice qui interviendra le 17 décembre, toujours selon le calendrier initial de la CENI, pour que le nouveau président de la République soit connu officiellement et qu’il prête serment le 20 décembre.

A en croire certaines rumeurs, les résultats provisoires ne seront connus que jeudi prochain, c'est-à-dire le 8 décembre. Quant à la prestation de serment du futur président de la République, elle pourrait intervenir, toujours selon les mêmes rumeurs, le 12 janvier 2012.

CONTESTATIONS

Ce décalage pourrait s’expliquer par le temps que la Cour suprême de justice mettrait en vue d’examiner les contentieux électoraux. Dans cet ordre d’idées, l’on a déjà enregistré des réactions qui pourraient constituer les premières contestations.

En effet, les candidats Léon Kengo wa Dondo, Adam Bombole et Mbusa Nyamwisi ont demandé l’annulation pure et simple de ce scrutin pour irrégularités massives et fraudes flagrantes. Ensuite, il importe d’épingler cette déclaration commune de l’Opposition, toutes tendances confondues, lue par le candidat Vital Kamerhe, autour de la publication des résultats partiels par la CENI. Les auteurs de cette déclaration commune « rejettent les résultats partiels et les considèrent comme nuls ». Il est reproché à la CENI d’avoir unilatéralement annoncé des résultats partiels «compressés» alors qu’elle devrait le faire selon les sites et bureaux de vote pour plus de transparence afin que ces résultats soient acceptés par tous. Ce, au regard des PV détenus par les témoins.

Ce sont donc-là les premières contestations, une fois formulées conformément à la procédure légale. Premières contestations au niveau de la présidentielle.

De son côte, le candidat Etienne Tshisekedi, président national de l’UDPS, dans une déclaration faite en son domicile le samedi 3 décembre 2011, a appelé le peuple congolais à demeurer vigilant. Il a saisi cette opportunité pour inviter le Pouvoir et la CENI à «respecter la volonté du peuple congolais dans la publication des résultats ».

Pour sa part, la Majorité présidentielle, par la déclaration de son secrétaire général, Aubin Minaku, se félicite « de l’attitude responsable de la CENI». Allusion certainement faite à la publication des résultats partiels par la CENI.

LES LEGISLATIVES

On n’exclut pas que la Cour suprême de justice soit également saisie des contentieux électoraux portant sur les élections législatives. A Goma, un candidat à la députation nationale, ayant rempli toutes les conditions requises, et après avoir battu campagne électorale, a été surpris de constater que son nom ne figurait pas sur la liste des candidats à la députation nationale de cette ville de Goma. Il a décidé de saisir la CSJ.

L’on parle également des accusations réciproques entre les candidats députés, même ceux appartenant à la même famille politique. Des accusations qui portent sur des irrégularités commises par les uns et les autres pour empêcher leurs collègues, leurs adversaires de voir leurs partisans voter dans la sérénité.

Ajouter à cela des cas d’irrégularités, des tentatives de fraude constatées ici et là avec des preuves qui auraient été remises à la MONUSCO. La tâche s’annonce ardue pour la Cour suprême de justice qui aura du pain sur la planche. Mais on lui fait confiance et l’on demeure convaincu que seule cette détermination de rendre justice guidera ses pas.

LA LONGUE ATTENTE

Entre-temps, c’est la longue attente : celle qui précède la publication des résultats définitifs. Cette attente paraîtra comme une éternité. Elle sera marquée par des interprétations en sens divers, de part et d’autre. Des rumeurs folles aux plaisanteries de mauvais goût, allant jusqu’ aux mesures extrêmes, rien n’est à exclure. Cela fait parfois partie des faits inhérents à toute compétition électorale.

Cependant, le plus important, c’est de savoir contrôler la situation, de ne pas verser dans l’excès, d’être honnête intellectuellement, correcte et nationaliste. De bien retenir que les élections ne sont pas une fin en soi, mais l’un des moyens les plus sûrs de consolider le processus de démocratisation, de renforcer les institutions nationales et de faire face aux défis de la bonne gouvernance et d’un développement durable.

Pour le cas d’espèce, la panacée demeure incontestablement le «respect de la volonté du peuple congolais » exprimé dans les urnes. Ce n’est pas l’affaire de quelques «griots», toutes tendances confondues, qui envahissent les médias. C’est une affaire des «électeurs congolais» qui se sont exprimés en toute liberté le 28 novembre, et qui ne peut ni être dénaturée, ni falsifiée.

On a beau lancer des messages d’appel au calme, à la retenue, tant que cette exigence fondamentale qui sous-tend toute période postélectorale apaisée ne sera pas du tout respectée, la «bombe» ne sera pas désamorcée. Or, il le faut, maintenant, aujourd’hui, la désamorcer. Demain, ce serait trop tard….

Source: Le Potentiel, du 05/12/2011

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