Les insurgés libyens contrôlant la ville de Zaouïa ont affirmé avoir repoussé à deux reprises samedi les assauts des forces fidèles au colonel Kadhafi mais se préparent à de nouvelles tentatives. Les combats de samedi auraient été particulièrement sanglants, les forces gouvernementales tentant de reprendre l'initiative en ouvrant le feu sur la place centrale après avoir été contraintes dans la matinée de refluer. Selon un médecin, une trentaine de personnes, essentiellement des civils, ont péri au cours des seuls combats de la matinée de samedi, portant à plus de 60 le nombre de victimes ces dernières 48 heures, a déclaré un médecin.Le centre de la ville portait les stigmates de la violence des combats: décombres fumants, verres brisés, immeubles calcinés. Il y a eu "de nombreux morts" lorsque les forces loyalistes libyennes ont tenté samedi de reprendre cette ville aux insurgés, a rapporté Alex Crawford, une journaliste de la chaîne de télévision britannique Sky News.
INTERROGATIONS SUR RAS LANOUF, MISRATA, TOBROUK
Dimanche matin, le pouvoir libyen affirme avoir repris le contrôle de Ras Lanouf, Misrata et Tobrouk, qui étaient aux mains des insurgés. "Les forces armées libyennes ont pris le contrôle des villes de Misrata et Ras Lanouf", une ville pétrolière stratégique, a rapporté la télévision Al Libiya, proche de Seif Al-Islam, fils du colonel Mouammar Kadhafi.
Selon des journalistes de l'AFP sur place et les insurgés, Ras Lanouf est toujours contrôlée dimanche matin par ces derniers. "Il n'y a pas eu des combats dans la nuit, la ville est sous notre contrôle", ont indiqué des insurgés à l'AFP sur place. "Nous sommes plusieurs journalistes dans un hôtel à l'entrée ouest de la ville et nous n'avons pas entendu de bruit de combats", a ajouté de son côté un journaliste de l'AFP.
La chaîne Al Libiya, citant une source militaire, a ajouté que les forces armées se dirigeaient vers la ville rebelle de Benghazi, à 1 000 km à l'est de Tripoli.
TIRS À TRIPOLI
Par ailleurs, des tirs nourris d'arme automatique résonnaient dimanche vers 6h20 dans le centre de la capitale libyenne. Il n'était pas possible dans l'immédiat de déterminer l'origine des tirs. Ils ont été entendus depuis un hôtel situé aux abords du centre historique de la ville, à moins d'un kilomètre de la place Verte. Tripoli, restée sous le contrôle des autorités libyennes, a été largement épargnée par les violences depuis une semaine.
REMPART CONTRE LE TERRORISME
Mouammar Kadhafi affirme dans un entretien accordé au Journal du dimanche qu'il "combat le terrorisme" d'Al Qaïda et appelle la France à prendre la tête d'une commission d'enquête sur la situation dans son pays.
HÉSITATIONS À WASHINGTON
La prudence des Etats-Unis vis-à-vis d'une éventuelle opération militaire contre la Libye rappelle un le débat qui avait fait rage au sein de l'administration américaine dans les années 1990 à propos des guerres en ex-Yougoslavie. Comme pendant les guerres en Bosnie et au Kosovo, des sénateurs américains prônent une intervention aérienne pour venir en aide aux populations tandis que le Pentagone met en garde contre les risques d'une telle action. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a affirmé au début de la semaine que Washington envisageait l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne avant de reconnaître que l'administration était "loin" d'avoir pris une telle décision.
EVACUATIONS
Plus de 191 000 personnes ont fui à ce jour les violences et environ 10 000 personnes déplacées se dirigent vers la frontière égyptienne, selon l'ONU. Quelque 132 Egyptiens qui ont fui la Libye sont arrivés dans la nuit de samedi à dimanche au Caire à bord de deux avions de transport C-130 de l'armée de l'Air américaine, a annoncé un responsable américain. Les deux appareils avaient décollé de Djerba, dans le sud de la Tunisie.
SAS ET ÉQUIPAGE NÉERLANDAIS
Des insurgés libyens ont capturé une unité des SAS, les forces spéciales britanniques, après l'échec d'une mission diplomatique clandestine, affirme le Sunday Times (abonnement). Les soldats des SAS, qui seraient au nombre de huit, escortaient un diplomate du Foreign Office en mission dans l'Est du territoire libyen, tenu par les rebellions, précise le journal qui cite des sources libyennes. Ils ont été transférés à Benghazi, la deuxième ville du pays et épicentre du soulèvement. Le Foreign Office indique qu'il ne peut "ni confirmer, ni démentir" cette information. La capture des SAS a été annoncée samedi à Reuters par une organisation basée à Genève, Human Rights Solidarity, qui emploie des exilés libyens. D'après le Sunday Times, l'intervention des SAS au côté du diplomate aurait déplu à certaines personnalités de l'opposition libyenne, qui ont ordonné leur placement en détention sur une base militaire. Leur présence, redoutent-elles, pourrait être exploitée par Mouammar Kadhafi pour démontrer que le pays est le théâtre d'une intervention militaire occidentale et en appeler à la fibre patriotique de ses compatriotes.
Mouammar Kakhafi affirme au JDD considérer les trois pilotes d'un hélicoptère néerlandais détenus en Libye comme des prisonniers. "Nous avons arrêté un hélicoptère néerlandais qui avait atterri en Libye sans aucune autorisation", déclare-t-il. Interrogé sur le point de savoir s'il considérait ces trois militaires néerlandais comme des prisonniers, il a répondu: "oui, et c'est normal".
Dans le même entretien le dirigeant libyen fustige les interventions étrangères : "Je sais qu'il y a des contacts semi-officiels, des Britanniques, par exemple, ou d'autres Européens, avec des personnages de Benghazi", la seconde ville du pays aux mains des insurgés, avait-il dit, liant les Néerlandais à ces interventions.
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters
Source: Le Monde, du 06.03.11 | 08h24 • Mis à jour le 06.03.11 | 08h24
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