Après de premières menaces samedi soir, le leader libyen a de nouveau pris la parole dimanche sur les ondes libyennes pour prédire sa victoire. Ligue Arabe, Russie, Union Africaine... Il n'est pas le seul à critiquer l'intervention de la coalition.
C'est déjà le 2e message du colonel Kadhafi depuis le lancement de l'offensive de la coalition samedi après-midi. Après avoir menacé samedi soir d'attaquer des objectifs "civils et militaires" en Méditerranée, quelques heures après le lancement de l'opération "Aube de l'Odyssée", l'offensive de la coalition, le colonel Kadhafi a réitéré ses menaces. Le leader libyen a prédit dans un message sonore diffusé dimanche matin une "longue guerre". Alors que les Etats-Unis évoquaient le "succès" de la première phase de frappes qui a permis d'instaurer la zone d'exclusion aérienne, "nous sommes les victorieux, vous êtes les vaincus. Nous ne nous replierons pas du champ de bataille car nous défendrons notre terre et notre dignité", a rétorqué le dirigeant libyen, affirmant que "tout le peuple libyen porte des armes". "Nous avons du souffle. Nous allons vous combattre. Nous ne vous laisserons pas notre terre", a poursuivi le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis près de 42 ans. Il a aussi qualifié les membres de la coalition de "terroristes, barbares et monstres", affirmant que son pays ne laisserait "jamais les pays croisés profiter de son pétrole".
Au même moment, le plus haut gradé américain, l'amiral Mike Mullen, affirmait sur la chaîne Fox que les frappes de la coalition n'ont pas pour but de "chasser Kadhafi du pouvoir" mais de "protéger les civils" libyens. Le fait que Kadhafi puisse rester au pouvoir à l'issue de l'intervention de la coalition "est certainement une possibilité", a d'ailleurs reconnu le chef d'état-major interarmées interrogé sur NBC.
On ne sait pas s'ils se consultent, mais juste après le père, le fils a également parlé dans les médias. Seif Al-Islam a exclu sur ABC d'abattre des vols civils en Méditerranée en représailles, alors que Kadhafi l'avait évoqué la veille. L'Occident s'est laissé abuser par "un gros malentendu" sur la situation politique en Libye, a-t-il aussi déclaré, se déclarant "surpris" par l'offensive alliée. Ecartant la possibilité que son père quitte le pouvoir, Seïf Al-Islam a assuré que "le pays tout entier est uni contre les milices armées et les terroristes. Les Américains et les autres occidentaux sont en train de soutenir les terroristes et les milices armées". "C'est un gros malentendu", a-t-il dit. Depuis deux jours, on ne voit plus ni le père ni le fils, leurs interviews sont sonores uniquement : ils doivent être cachés dans des bunkers dont la coalition ne connaît pas l'emplacement et sont même peut-être accompagnés de Lybiens loyalistes qui serviraient de boucliers humains.
Des voix s'élèvent contre la coalition
Si l'opération internationale a été saluée par des tirs de joie et des coups de klaxon dans le fief des insurgés, Benghazi, si aucune bavure n'a été annoncée, "Aube de l'Odyssée" fait déjà des mécontents. Les critiques commençaient à se faire entendre dimanche. La plus emblématique : celle de la Ligue arabe pourtant représentée à Paris samedi lors du sommet qui a donné le coup d'envoi de l'opération. Le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, a critiqué les bombardements de la coalition, estimant qu'ils s'écartent "du but qui est d'imposer une zone d'exclusion aérienne". "Ce que nous voulons c'est la protection des civils et pas le bombardement d'autres civils", a-t-il déclaré à des journalistes. Réponse du ministère de la Défense français : la France applique "pleinement et uniquement la résolution" de l'ONU. Il n'y a "pas d'indication" de victimes civiles dans les zones qui ont fait l'objet de frappes aériennes, a pour sa part assuré dimanche l'amiral américain William Gortney, alors que des médias officiels libyens avaient critiqué samedi des frappes contre des "objectifs civils".
Seul pays arabe à avoir confirmé officiellement sa participation à l'opération de la coalition : le Qatar qui, selon le ministère français de la Défense, a décidé de déployer "quatre avions" dans le ciel libyen. Un diplomate de l'ONU a également annoncé l'engagement des Emirats arabes unis, mais cela n'a pas été confirmé.
La Russie, abstentionniste au vote de l'ONU sans toutefois faire usage de son droit de veto contre la résolution 1973, a également appelé dimanche la coalition à cesser de recourir à la force de manière "non-sélective" et de faire ainsi des victimes civiles en Libye. Cinq chefs d'Etat chargés par l'Union africaine de trouver une solution à la crise libyenne (les présidents sud-africain, malien, mauritanien, congolais et ougandais) ont aussi exigé la fin des hostilités, dimanche dans un communiqué rédigé à l'issue d'une rencontre à Nouakchott.
Nouvelle vague de raids alliés contre la Libye
"Aube de l'Odyssée", minute par minute - Les forces de la coalition engagée en Libye ont mené dans la nuit de dimanche à lundi une série d'attaques, visant, entre autres, un bâtiment du complexe de Kadhafi dans la capitale censé abriter un centre de commandement.
Nouveaux raids aériens
Les puissances occidentales ont lancé dans la nuit de dimanche à lundi une deuxième vague d'attaques aériennes sur la Libye après avoir stoppé l'avancée des forces de Mouammar Kadhafi vers Benghazi. A Tripoli, une forte explosion a retenti et les autorités ont déclaré qu'un bâtiment du complexe de Kadhafi dans la capitale avait été détruit par un tir de missile. Des journalistes ont été conduits jusqu'au site, qui abrite des bâtiments privés, des casernes, des batteries antiaériennes. Ce bâtiment a été pris pour cible parce qu'il abritait un centre de "commandement et de contrôle" des forces libyennes, a affirmé un responsable militaire de la coalition.
Une trêve ? Quelle trêve ?
L'armée libyenne a décrété dimanche soir une trêve unilatérale, mais les Américains n'en ont pas tenu compte car des combats se sont selon eux poursuivis. Le ministère britannique de la Défense a annoncé qu'un sous-marin avait tiré des missiles de croisière Tomahawk dimanche soir dans le cadre d'une deuxième vague d'attaques. L'Italie a déclaré que son aviation était entrée en action. "Nous poursuivons, avec nos partenaires internationaux, les opérations en soutien à la résolution 1973 du Conseil de sécurité", a déclaré pour sa part le ministère britannique de la Défense.
Bilan des premières frappes...
Les Etats-Unis, qui mènent les frappes aériennes avec le Royaume-Uni, la France, l'Italie, le Canada entre autres pays, estiment d'ores et déjà que la campagne porte ses fruits. L'opération, lancée samedi après-midi sous le nom de code Aube de l'odyssée, a connu une "très bonne première journée", selon l'état-major américain. Dès la première nuit de raids, le vice-amiral américain Bill Gortney, directeur de l'état-major interarmes, a constaté une diminution des moyens de surveillance aérienne de la Libye.
... et suite des opérations
Après la première vague de frappes contre les défenses antiaériennes et des blindés près des lignes des insurgés, la prochaine étape consistera, selon l'amiral américain Mullen, à attaquer les lignes de ravitaillement des pro-Kadhafi pour limiter leur capacité à se battre. "Ses forces sont plutôt éparpillées entre Tripoli et Benghazi et nous allons essayer de couper le soutien logistique", a précisé l'amiral.
Villes stratégiques
Benghazi, fief de l'insurrection dans l'est du pays, reste sous la menace des forces fidèles à Kadhafi, mais celles-ci "souffrent d'isolement et de confusion", selon le vice-amiral Gortney. Des explosions sporadiques et des échanges de feu nourris ont été entendus dimanche soir dans la deuxième ville du pays. A Misrata, troisième ville du pays tenue par les rebelles à 200 km à l'est de la capitale, des chars gouvernementaux sont entrés en mouvement après le bombardement d'une base proche de la ville par les Occidentaux. "Les chars sont dans le centre de Misrata (...). Il y a tellement de victimes que je ne peux pas les compter", a déclaré un porte-parole des insurgés dimanche après-midi.
Quel rôle pour l'Otan ?
L'Otan a approuvé dimanche un plan opérationnel pour faire respecter un embargo sur les armes à destination de la Libye mais l'Alliance reste divisée sur sa participation à la surveillance d'une zone d'exclusion aérienne en Libye, a déclaré un diplomate allié. La Turquie, opposée à l'intervention militaire en Libye, a bloqué la conclusion d'un accord sur ce point entre les représentants des 28 membres de l'Alliance réunis à Bruxelles. Même si plusieurs pays membres, dont la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, ont commencé à pilonner samedi des objectifs en Libye, dans le cadre de la résolution 1973 visant à protéger les populations civiles du pays, l'Otan en tant qu'organisation n'est pas parvenue à un consensus sur cette question, indispensable à toute décision. L'Allemagne a exclu de participer à une intervention et la France a jugé que l'implication de l'Otan pourrait être contre-productive en raison de sa mauvaise réputation dans le monde arabe pour son rôle dans le conflit afghan, ont indiqué des diplomates. Le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Canada souhaitent au contraire que l'Alliance prenne un rôle de commandement en Libye, alors que son rôle est actuellement limité à des missions de surveillance aérienne.
source: TF1 News (d'après agence), le 21 mars 2011 à 07h18, mis à jour le 21 mars 2011 à 07:24
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