Il est un rapport qui risque de geler durablement les relations diplomatiques entre la France et le Rwanda : c'est le rapport Mucyo, "chargée de rassembler les éléments de preuve montrant l’implication de l’État français dans la préparation et l’exécution du génocide perpétré au Rwanda en 1994", et rendu public en 2008.
Tout le long de ce rapport de 330 pages, l'actuel ministre des affaires étrangères Alain Juppé est abondamment cité, et accusé de divers délits.
Les membres de la commission Mucyo l'accusent entre autres d'avoir collaboré activement avec le gouvernement génocidaire : "Le 27 avril 1994, soit trois semaines après le déclenchement du génocide, deux émissaires de ce gouvernement, Jérôme Bicamumpaka et Jean Bosco Barayagwiza, furent reçus à Paris à l’Elysée et à Matignon, alors que les Etats-Unis et la Belgique leur avaient refusé le visa1. Ils eurent des entretiens avec des hauts responsables français, notamment le Premier ministre Edouard Balladur, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé et Bruno Delaye"
Autre délit : non assistance à personne en danger : "S’agissant de l’intervention militaire, l’inaction face aux massacres est prescrite par l’ordre d’opération d’Amaryllis du 8 avril, 1994, qui stipule que: « le détachement français adoptera une attitude discrète et comportement neutre vis-à-vis des factions rwandaises »2. Les ministres Alain Juppé et Michel Roussin, qui se chargent d’expliquer les motifs de l’opération Amaryllis expriment sans ambiguïté le refus de la France de tenter d’arrêter les massacres."
Alain Juppé qui le premier parmi les politiques français a qualifié les massacres au Rwanda de génocide, n'est pas non plus exempt d'attitude révisionniste, selon les auteurs du rapport : "Pourtant, dès la mi-juin 1994, il donne dans le révisionnisme en utilisant l’expression « les génocides » pour suggérer que les deux parties en conflit, les FAR et le FPR, avaient perpétré chacune un génocide".
Enfin, le rapport constate également la non-assistance à personne en danger : "Les ministres Alain Juppé et Michel Roussin, qui se chargent d’expliquer les motifs de l’opération Amaryllis expriment sans ambiguïté le refus de la France de tenter d’arrêter les massacres. "
En vertu de ce réquisitoire, la commission Mucyo avait en 2008 exprimé une recommandation lourde de conséquence : "Vu la gravite des faits allégués, le gouvernement rwandais enjoint les instances habilitées a entreprendre les actions requises afin d'amener les responsables politiques et militaires français incrimines a répondre de leurs actes devant la justice." Devait suivre l'émission de mandats d'arrêts internationaux, en particulier contre Alain Juppé. Si le gouvernement rwandais n'est pas passé à exécution, il n'a pas non plus enterré ce dossier.
Soumis par Jean-bernard Gervais
Source: Grands-Lacs Confidentiel, du 11/03/2011
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