Un navire de guerre américain se rapprochait mardi de la Libye, nouvel indice de la pression exercée par les Etats-Unis pour faire plier le colonel Kadhafi, même si Washington semblait toutefois écarter à ce stade une intervention militaire. L'USS Kearsarge, un porte-hélicoptères qui assure le transport de chalands de débarquement, et les deux vaisseaux qui l'accompagnent s'apprêtaient mardi à emprunter le canal de Suez en provenance de la mer Rouge, ont indiqué des responsables de la défense américains sous le couvert de l'anonymat.
Une fois en Méditerranée, le navire peut parvenir rapidement au large de la région de Tripoli, dernière zone encore contrôlée par M. Kadhafi, qui s'accroche au pouvoir malgré la contestation populaire et la pression de la communauté internationale. Le groupe d'opérations amphibies du Kearsarge, avec quelque 800 marines, une flotte d'hélicoptères et des installations médicales, peut assurer un soutien à des opérations humanitaires aussi bien que militaires. Les stratèges militaires états-uniens planchent sur plusieurs scénarios qu'ils proposeront au président Barack Obama, mais le flou demeure concernant l'éventualité d'une intervention militaire, selon un responsable de la défense.
Le Pentagone et les membres de l'OTAN ont commencé à examiner des "préparatifs pour le moment où nous estimerons qu'il est nécessaire, pour des raisons humanitaires et autres, que des mesures soient prises", a dit la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton. Parmi les mesures envisagées, figure une zone d'exclusion aérienne, a déclaré Mme Clinton, mais son instauration, lourde de conséquences, n'est pas encore à l'ordre du jour. Un tel dispositif serait "extraordinairement" compliqué, a remarqué le plus haut gradé américain, l'amiral Mike Mullen. Le secrétaire à la défense américain, Robert Gates, a pour sa part noté qu'"il n'y a pas de consensus au sein de l'OTAN pour le recours à la force".
"LES ENJEUX SONT ÉLEVÉS"
Concrètement, cela "exigerait de supprimer au préalable les capacités de défense aérienne, a expliqué le général James Mattis devant une commission du Sénat américain. Ce serait une opération militaire." Le groupe aéronaval autour du porte-avions nucléaire Enterprise, qui se trouve actuellement dans la mer Rouge, pourrait retourner lui aussi en Méditerranée. Sa flotte d'avions embarqués pourrait venir appuyer l'établissement d'une telle zone. "Une démonstration de force, même si c'est juste un survol par des avions de guerre, montre que nous, nous faisons attention, et je pense qu'il faut montrer que nous faisons attention", a estimé l'influente sénatrice démocrate Dianne Feinstein, qui dirige la commission du renseignement.
Mais les Etats-Unis entendent également frapper le régime à d'autres niveaux. "Nous allons faire pression sur lui économiquement conjointement avec le reste de la communauté économique. Nous allons [aussi] faire pression sur lui militairement", a assuré l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice. Washington a déjà bloqué 30 milliards de dollars (près de 22 milliards d'euros) d'actifs libyens depuis les sanctions annoncées vendredi par la Maison Blanche contre le régime.
Mardi, Hillary Clinton a indiqué qu'elle soutiendrait une nouvelle enquête sur le rôle joué par Mouammar Kadhafi dans l'attentat de Lockerbie, qui avait fait 270 morts en Ecosse en 1988. "Dans les années à venir, la Libye pourrait devenir une démocratie pacifique ou s'enfoncer dans une guerre civile prolongée" et sombrer dans le chaos, a également prévenu Mme Clinton. "Les enjeux sont élevés."
LEMONDE.FR avec AFP
Source: Le Monde, du 02/03/2011
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