Les observateurs africains des élections en RD Congo ont tranché. Dans une déclaration commune datée du 30 novembre 2011, ils ont donné quitus aux résultats qui sortiront des urnes, en jugeant satisfaisantes les consultations électorales du 28 novembre dernier. Il s’agit de l’UA (Union africaine), de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe), de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale), du COMESA (Marché commun de l’Afrique orientale et australe) et de la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands lacs).
Ces observateurs, qui étaient en nombre infime par rapport à la quantité de bureaux de vote (63 000), peuvent-ils avoir une lecture précise de l’organisation du scrutin et témoigner objectivement ? La question demeure entière. A titre d’exemple, l’UA n’a dépêché que…30 observateurs dans un pays d’une superficie de 2 345 409 km2. Même s’ils mutualisaient leurs actions, ces observateurs sont-ils à même de donner un avis qui fasse foi ? D’autant que nombre d’entre eux ont déjà commencé à plier bagages, comme s’ils étaient pressés de quitter le pays et ses éventuels problèmes à venir. Une observation crédible nécessite qu’on reste au moins quelques jours après le scrutin, pour suivre l’une des phases les plus importantes du processus, qui est le décompte des voix. Le scrutin en RD Congo a été si laborieux que les observateurs avaient le devoir de suivre de bout en bout les différentes opérations.
En se prononçant uniquement sur le vote dont ils n’ont d’ailleurs qu’une vision très incomplète, les observateurs de l’UA et autres peuvent se tromper. Du reste, ce verdict sans ambiguïté d’institutions panafricaines et sous-régionales, tranche d’avec celui de certains candidats de l’opposition et du sentiment général qui prévaut sur l’organisation des élections. Tout compte fait, on ne peut pas se fier entièrement à l’observation du collectif de l’UA pour juger de la crédibilité du scrutin congolais. Avec une Commission électorale nationale indépendante très controversée, à qui faut-il alors se fier pour expertiser le résultat des élections ? Qui départagera Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi qui revendiquent tous la victoire ? Sans compter que certains candidats réclament l’annulation pure et simple du scrutin. Et puis, il y a cette polémique : sur la procédure de proclamation des résultats : faut-il diffuser les résultats au fur et à mesure ou attendre jusqu’au 6 décembre pour une proclamation groupée ?
Peut-être faut-il attendre de voir ce qu’en dira la Commission épiscopale nationale du Congo. En déployant 30 000 observateurs sur le terrain, l’Eglise catholique se donne les moyens d’avoir une appréciation relativement objective de la situation. Elle ne s’est pas contentée de la force morale qu’elle représente aux yeux de nombre de Congolais ; elle a aussi mis des atouts organisationnels de son côté pour rendre crédible son jugement.
Ce qui est loin d’être le cas des observateurs africains. Ils ont accompli une mission a minima, comme d’ordinaires observateurs. Et pourtant, l’UA et les organisations sous-régionales ont un rôle éminent dans la préservation de la paix en RD Congo. Il leur appartient de tout faire pour éviter une hécatombe post-électorale dans le pays. Encore un rendez-vous manqué pour l’UA ?
Author: Mahorou KANAZOE
Source: Le Pays, du 02/12/2011
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