Au moins dix-huit civils ont été tués et une centaine "gravement blessés", principalement par les forces de sécurité congolaises, du 26 au 28 novembre, en marge des élections présidentielles et législatives en République démocratique du Congo, affirme vendredi 2 décembre l'ONG Human Rights Watch (HRW). Selon HRW, la plupart des victimes, dont quatorze dans la capitale Kinshasa, ont été tuées "par des soldats de la garde républicaine", l'ex-garde présidentielle.
"Le gouvernement [de la RDC] doit immédiatement maîtriser ses forces de sécurité, spécialement la garde présidentielle", et "éviter que des opposants politiques et leurs partisans ne soient pris pour cibles", ajoute l'ONG en disant craindre de nouvelles violences et des troubles à l'annonce des résultats provisoires de la présidentielle. "Les tensions sont très élevées, notamment du fait des complications logistiques dans l'organisation de l'élection. Les forces de sécurité devraient protéger les populations et non attiser la violence", déclare Anneke Van Woudenberg, chef analyste Afrique à Human Rights Watch.
Des résultats partiels pourraient être annoncés dès ce jour par la Commission électorale. "Nous espérons avoir des tableaux ce soir, sur au moins 10 % des votes. Il faut couper court aux rumeurs qui circulent sur l'Internet, propagées par des personnes non autorisées. On ne peut pas garder le silence", a déclaré son rapporteur, Matthieu Mpita.
VIOLENCES À L'AÉROPORT DE KINSHASA
Selon l'ONG, le plus grave incident s'est déroulé le 26 novembre, au dernier jour de la campagne électorale, lorsque des partisans du candidat d'opposition Etienne Tshisekedi, rassemblés à l'aéroport international de Kinshasa, voulaient accompagner leur leader pour son dernier grand meeting au centre de la capitale. La police a tenté de séparer ces partisans de ceux du président sortant Joseph Kabila, qui attendaient eux aussi leur candidat. Mais ensuite, selon HRW, la garde républicaine est arrivée sur les lieux "et certains soldats ont tiré en l'air, d'autres directement sur la foule des opposants". "Au moins douze partisans de l'opposition et des passants ont été atteints mortellement, quarante et un autres ont été blessés par balles", précise HRW.
Le président ayant finalement choisi un autre aéroport pour revenir de province, la garde républicaine est repartie vers le centre de la capitale "et des soldats ont tiré de façon indiscriminée le long de la route", accuse encore l'ONG. HRW précise toutefois que, selon des témoins, des partisans du candidat de l'UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) ont "provoqué" la garde républicaine en jetant des pierres sur le convoi présidentiel vide qu'elle escortait vers un autre aéroport. "Les élections ne constituent pas une excuse pour des soldats qui tirent au hasard dans la foule, et les autorités doivent immédiatement suspendre les responsables de cet inutile bain de sang", estime Mme Van Woudenberg.
Pour en savoir plus
•Lire le reportage de notre envoyé spécial à Kinshasa – "Violences et confusion lors des élections en RDC" – et consulter le portfolio sonore sur l'impasse politique suite aux élections du 27 novembre.
•L'éditorial du Monde : "La guerre civile menace en RDC".
LEMONDE.FR Avec AFP | 02.12.11 | 12h52 •
Source: Le Monde, Mis à jour le 02.12.11 | 15h08
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