Tous les pays de cette région sont concernés par des rébellions armées, véritables sources de déstabilisation. Mais les causes profondes ne sont-elles pas à chercher à l’intérieur?
L'ancien président sud-africain Thabo Mbeki accueille
ses homologues des Grands lacs, 09/04/2003, REUTERS/Mike Hutchings
Les bruits de bottes se font de plus en plus entendre dans les Grands
lacs. Entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC), le torchon brûle à nouveau. La méfiance s’est
réinstallée entre les deux voisins, avec la résurgence d’une énième rébellion au pays de Joseph
Kabila, dénommée M23.
Kinshasa a vite trouvé le commanditaire de cette mutinerie transformée en rébellion: son turbulent et puissant voisin rwandais. Et il n’est visiblement pas seul à croire en la complicité de Kigali dans cette nouvelle éruption militaire dans l’Est de la RDC. Les Nations unies ne le pensent pas moins, qui ont publié un rapport mettant implicitement en cause le Rwanda.
Donc, rien ne va plus entre le Rwanda et la RDC. Le Burundi, un autre pays de la région, renoue lui aussi avec les heures sombres de la rébellion. Rien que dimanche dernier, il dit avoir «anéanti» un groupe armé. Le spectre de la guerre civile plane aussi sur ce petit pays.
Or, les dirigeants de ces quatre pays croient en l’autoritarisme comme seul moyen de résister à la menace d’une rébellion. C’est une mauvaise appréciation des choses. La RDC et le Burundi en vivent l’amère expérience. Les président Kabila et Nkurunziza sont en effet connus pour la férocité de leurs régimes.
Outre les arrestations, les incarcérations et même les assassinats d’opposants, de journalistes et de défenseurs des droits de l’Homme, ils sont passés maîtres dans l’organisation d’élections truquées. Kabila vient ainsi de se faire réélire sur fond de fraudes.
Mais, il y a aussi les injustices sociales. L’accaparement des richesses nationales par les clans au pouvoir est également le ferment des crises à répétition. Ici, la population compte pour du beurre. Bien d’autres facteurs expliquent les turbulences que connaissent les pays des Grands lacs.
Mais, on peut dire que la région est surtout malade de ses dirigeants. Pour eux, la paix sociale et la stabilité s’obtiennent par la poigne et non par la démocratie. Cette erreur de jugement est sans doute à l’origine de ces nouveaux bruits de bottes dans la région.
Ainsi, Bujumbura s’apprête à célébrer en grandes pompes le cinquantenaire de son indépendance auquel participeront de hautes personnalités belges. Pour sa part, Kinshasa ne ménage aucun effort pour réussir l’organisation du sommet de la Francophonie prévu en octobre 2012.
La situation des libertés démocratiques n’est guère plus reluisante au Rwanda. On le voit bien, les mœurs politiques détestables de ces pays ne rebutent pas l’Occident, au grand malheur des opposants.
Author: Mahorou Kanazoé (Le Pays)
Kinshasa a vite trouvé le commanditaire de cette mutinerie transformée en rébellion: son turbulent et puissant voisin rwandais. Et il n’est visiblement pas seul à croire en la complicité de Kigali dans cette nouvelle éruption militaire dans l’Est de la RDC. Les Nations unies ne le pensent pas moins, qui ont publié un rapport mettant implicitement en cause le Rwanda.
Donc, rien ne va plus entre le Rwanda et la RDC. Le Burundi, un autre pays de la région, renoue lui aussi avec les heures sombres de la rébellion. Rien que dimanche dernier, il dit avoir «anéanti» un groupe armé. Le spectre de la guerre civile plane aussi sur ce petit pays.
L’autoritarisme en commun
Seuls l’Ouganda et le Rwanda vivent un semblant de stabilité et de paix. Mais, pour combien de temps? Car le dénominateur commun de ces quatre pays des Grands lacs, c’est l’autoritarisme, voire le despotisme de leurs dirigeants. Et dans un pays mené d’une main de fer, où les libertés sont réduites à leur plus simple expression, la paix sociale s’en trouvera tôt ou tard menacée.Or, les dirigeants de ces quatre pays croient en l’autoritarisme comme seul moyen de résister à la menace d’une rébellion. C’est une mauvaise appréciation des choses. La RDC et le Burundi en vivent l’amère expérience. Les président Kabila et Nkurunziza sont en effet connus pour la férocité de leurs régimes.
Outre les arrestations, les incarcérations et même les assassinats d’opposants, de journalistes et de défenseurs des droits de l’Homme, ils sont passés maîtres dans l’organisation d’élections truquées. Kabila vient ainsi de se faire réélire sur fond de fraudes.
La mal-gouvernance est le problème
En 2010, son homologue burundais était le seul candidat en lice… Au Rwanda et en Ouganda, les processus électoraux ne sont guère meilleurs. Le système politique y est tout aussi verrouillé. La mal gouvernance politique est donc l’une des mèches des conflagrations régulières dans la région.Mais, il y a aussi les injustices sociales. L’accaparement des richesses nationales par les clans au pouvoir est également le ferment des crises à répétition. Ici, la population compte pour du beurre. Bien d’autres facteurs expliquent les turbulences que connaissent les pays des Grands lacs.
Mais, on peut dire que la région est surtout malade de ses dirigeants. Pour eux, la paix sociale et la stabilité s’obtiennent par la poigne et non par la démocratie. Cette erreur de jugement est sans doute à l’origine de ces nouveaux bruits de bottes dans la région.
Les partenaires occidentaux ne semblent pas gênés
Pour diverses raisons (géostratégiques ou économiques), les dirigeants des pays des Grands lacs, bien que peu respectueux des règles démocratiques, semblent cependant bénéficier de la bienveillance des Occidentaux.Ainsi, Bujumbura s’apprête à célébrer en grandes pompes le cinquantenaire de son indépendance auquel participeront de hautes personnalités belges. Pour sa part, Kinshasa ne ménage aucun effort pour réussir l’organisation du sommet de la Francophonie prévu en octobre 2012.
La situation des libertés démocratiques n’est guère plus reluisante au Rwanda. On le voit bien, les mœurs politiques détestables de ces pays ne rebutent pas l’Occident, au grand malheur des opposants.
Author: Mahorou Kanazoé (Le Pays)
Source: Slate Afrique, 27 June 2012
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