Le renouvellement du mandat de la MONUSCO, la Mission des
nations unies en République démocratique du Congo (RDC), était, hier mercredi 27
juin 2012, au menu de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU. A cause du
décalage horaire, nous n’avions pas encore les conclusions de cette importante
rencontre au moment où nous tracions ces lignes. Cependant, tout plaidait
véritablement pour le maintien de la mission onusienne dans ce pays-continent
qui peine à retrouver sa stabilité depuis le crépuscule du règne du «Roi»
Mobutu.
Sans doute qu’à l’heure où vous nous lisez, le mandat de la
MONUSCO a été renouvelé ; ce qui ne devrait être en fait qu’une évidence et une
simple logique : en effet, l’ONU ne peut pas quitter la RDC au moment même où le
pays, tout doucement, est en train de basculer dans la guerre, notamment à l’Est
avec les provinces des deux Kivu en proie à une rébellion née d’une dissidence
au sein de l’armée nationale.
Alors, si le doute n’était pas permis quant
au maintien de la MONUSCO, c’était par contre l’expectative concernant le mandat
de cette Mission, la plus importante des nations unies dans le monde avec
quelque 20 000 casques bleus ; en effet, le débat est vif au Congo sur la
présence et le rôle des soldats de l’ONU : il y a ceux qui sont pour le départ
de cette force parce qu’inutile ; ceux qui sont pour son maintien mais qui
exigent une reformulation de son mandat afin d'en faire une force combattante
pour assurer la sécurité des civils ; ceux qui, enfin, souhaitent que la MONUSCO
prenne une dimension politique en assurant la crédibilité des consultations
électorales.
Comme on le voit, les désirs sont nombreux et pas toujours
convergents. Difficile dans ces conditions de trouver une formule de la MONUSCO
qui satisfasse les uns et les autres. Forcément de part et d’autre, ça va râler,
quel que soit ce qu’aura décidé le Conseil de sécurité de l’ONU.
Si
beaucoup éprouvent un terrible ressentiment contre les casques bleus, c’est tout
simplement parce que cette force n’est pas du tout dissuasive, car malgré sa
présence, c’est à son nez et à sa barbe que les mouvements rebelles prospèrent
au Congo. Et voilà la MONUSCO qu’on accuse de tous les péchés du
Congo.
Mais qui aurait pu croire que le grand Zaïre de Mobutu serait un
jour à genoux, incapable d’assurer sa propre sécurité au point de pratiquement
s’en remettre à l’ONU ? Très peu de monde. Incroyable mais vrai, la RDC,
l’ancienne toute-puissante Zaïre, n’est plus aujourd’hui qu’un géant mollusque
dont la voix, politiquement et militairement, compte pour du beurre dans cette
partie de l’Afrique où, jadis, elle faisait la loi, la pluie et le beau
temps.
Le cas le plus emblématique de cette situation de faiblesse de la
RDC est sans conteste les difficultés qu’elle a avec le Rwanda de Paul Kagamé,
qui lui donne du fil à retordre sans qu’elle puisse véritablement taper du poing
sur la table. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle biblique de David
et Goliath : le Rwanda, ce petit territoire de 26 338 km2 pour moins de 12
millions d’habitants, est un Etat bien organisé et militairement puissant ; par
contre, la RDC, avec ses 2 345 000 km2 pour près de 75 millions d’habitants, a
tout d’un vrai foutoir doublé d’un véritable scandale géologique avec des
ressources minières à ciel ouvert. De plus, ce pays-continent est victime de son
gigantisme, de la forme de son Etat, de la désorganisation de son armée et de la
boulimie de ses dirigeants pour le pouvoir et les richesses.
Et voilà la
RDC accusant le Rwanda d’être le soutien et la base-arrière des rebelles du M23.
Kigali s’en défend et a même dépêché sa ministre des Affaires étrangères à l’ONU
pour montrer patte blanche, même si c’est de notoriété publique que plusieurs
responsables rebelles sont fréquents au Rwanda.
Mis à part l’agitation
diplomatique, qu’est-ce que Kinshasa peut bien faire contre Kigali ?
Pratiquement rien… Triste sort que celui du Congo. Patrice Lumumba va se
retourner dans sa tombe, lui qui rêvait d’un grand Congo dans une grande Afrique
!
Author: San Evariste Barro
Source: L'Observateur
Paalga, 28/06/2012
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