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"Le festin des vautours. Mémoires d’un Ambassadeur
congolais" de Jean-B. Murairi Mitima aux Editions Sources du
Nil.
Histoire sociopolitique du Congo – Kinshasa depuis la
naissance de Jean-B Murairi Mitima jusqu’à nos jours. Ce livre de 542 pages
pourrait ainsi s’intituler sans gêner personne.
L’Ambassadeur Murairi Mitima revisite derrière le faux masque
de son histoire personnelle le passé et le présent du Congo – Kinshasa, dans ses
trahisons et dans ses contradictions mais surtout dans la responsabilité et la
culpabilité de son élite dans le gaspillage et la déchéance de ce beau et riche
pays : « la classe politique et les intellectuels seraient gravement
coupables s’ils ne plaçaient pas ses intérêts au-dessus de tout autre »
(page 469).
C’est eux les vautours, les charognards qui ont et continuent
de festoyer autour d’une dépouille. Construit sur une simple mais riche histoire
du parcours d’un individu, produit des collines du Kivu (territoire de Masisi)
dans le royaume confédéral de Bahunde, le livre de Murairi Mitima embrasse tout
sur son passage dans les moindres détails notamment « l’assaut de la colline
inspirée » (pp. 139-183) mettant en exergue la vocation africaine et
internationale de Lovanium actuellement université de Kinshasa qui gît dans un
délabrement physique et intellectuel débridé.
De la politique à la diplomatie, l’auteur relate ce passage
obligé avec beaucoup de dégoût par rapport à la nostalgie du départ : « nos
recrutements ressemblèrent à un enrôlement dans une armée. Et les décideurs
faisaient rarement cas des avis émis par l’administration et même par les
conseillers. C’était des réquisitions » pp. 247-248.
Autour du président Mobutu, les vautours se régalaient
du cadavre puant du Congo assommé par « l’opération zaïrianisation – étatisation
(…) tellement désastreuse » p. 253 et qui sonna le glas de la dégringolade
infernale du pays. Enfin vint la diplomatie qui est non seulement une école
(p.283) mais également un monde des coups bas. L’image de marque d’un grand pays
qui rayonnait finit par être ternie par une diplomatie parallèle encouragée et
entretenue depuis la Centrale. Des honneurs à la honte, les diplomates congolais
terminaient leur carrière en devenant des SDF (sans domicile fixe), refusant de
mourir, survivant sans électricité ni gaz. Au demeurant et au-delà de la
corruption et de la gabegie, l’auteur signale deux tares qui minent les
politiques congolais : « la vantardise et l’auto satisfaction devant
d’insignifiants et ridicules résultats face à l’immense fossé qui nous sépare du
minimum exigé pour assurer l’honneur politique et le bien-être social de nos
compatriotes » page 474.
L’Ambassadeur Murairi Mitima aborde enfin l’avenir du Congo –
Kinshasa « locomotive de l’Afrique ou disparaîtra ».
Après le survol de la RDCongo depuis les collines
verdoyantes du Masisi jusqu’au grand voyage à travers les continents, au nom de
la république comme Ambassadeur du Grand Zaïre en déclin, l’auteur fait un
atterrissage (pas en douceur) comme une sorte de chirurgie sur son pays.
Il rappelle un vieux principe « l’avidité des autres pays tant
il est vrai que les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts » (p.
470) et réveille le peuple congolais de son sommeil « nul autre qu’eux ne peut
protéger et valoriser ces trésors que le Créateur leur a donnés » (p. 470).
Jean-B. Murairi Mitima se pose une triple question sur la
lamentable déconfiture actuelle de son pays se demandant « que peut-on encore
espérer ? »
Il énumère les scandales du Congo, de la géologie au tourisme
en passant par la surabondance de l’eau douce, l’énergie, les ressources
humaines passant ainsi au peigne fin tout le système de l’enseignement
congolais.
Il dénonce avec pincement au cœur la calamité et la honte du
Congolais devant les autres peuples : « la caricature du Congolais réduit à
la mendicité tout en étant assis sur la montagne de son or et de son diamant,
constitue (…) l’achèvement du comportement erratique de la classe politique et
d’une pseudo – élite qui ont trahi et détruit le pays » (p. 477). Et il le
démontre avec des graphiques dans une étude comparative.
Les indices de la faim, de la pauvreté, de la corruption
montrent que ce pays est réellement ruiné en termes d’énergies humaines et de
mobilisation des ressources.
Au-delà de diagnostics mal faits, l’auteur met le doigt dans
la plaie en prenant l’exemple du gouverneur de la Banque centrale du Congo, J-C
Masangu qui propose deux priorités de développement : agriculture et
infrastructures : « Hélas, il semble éviter de dénoncer la vraie cause de
l’échec de la production : l’insécurité généralisée due à l’absence effective de
l’Etat. Et donc, le facteur principal de la relance devra être la nécessaire
sécurisation des producteurs et des habitants en général. Ainsi par exemple, une
bonne route à l’est, sans la sécurité, serait une arme à double tranchant. (…)
Les simples mesures techniques ne suffisent pas » pp. 447-98.
A tout seigneur, tout honneur. L’ambassadeur Murairi Mitima
rappelle l’impératif de l’efficacité des missions diplomatiques et consulaires.
Les nôtres, depuis les années 1985/1990, ne répondent plus aux exigences et aux
conditions de rentabilité : « On devait passer la soixante autres au crible pour
en voir la viabilité et l’extrême nécessité » (p. 506) tout en gardant les
ambassades de la catégorie A, soit une dizaine, et leur accorder des moyens très
appropriés et leur exiger un rendement maximal.
De la CEPGL (Communauté Economique des Pays des Grands Lacs),
l’auteur croit dur comme fer que c’est une organisation nuisible pour le
Congo – Kinshasa.
La CEPGL est plus dangereuse et reste un marché de dupe
pour la RDC. « La CEPGL ne sert que de couverture à Kigali pour lui permettre
de poursuivre sournoisement son plan d’annexion du Kivu, laquelle, on le sait,
entraînera la balkanisation du Congo » p. 508.
L’auteur dénonce des coopérations nous imposées et le diktat
que le Congo subit à cause de la faiblesse de ses dirigeants : le concept
« Grands Lacs » ne sert qu’à isoler le Kivu par rapport à l’ensemble
national. Il y a une grave erreur de voir le Kivu et même le Congo sous
l’optique des Grands Lacs. Le Congo – Kinshasa et le Kivu sont d’abord membres
de l’Afrique centrale. Aux décideurs et intellectuels du pays d’y penser » p.
508
A travers ces 542 pages, J-B Murairi Mitima passe en revue les
faits qui ont conduit à la chute d’un géant et en appelle à la conscience du
peuple congolais pour que cesse le festin des vautours afin que le Congo assume
son rôle de locomotive de l’Afrique. Ce livre, écrit sous le voile de
l’autobiographie, est un vrai pamphlet qui donne à penser dans un style de
« charité missionnaire » qui relève et révèle le degré de trahison et de
destruction de ce beau et grand pays par ses élites. Il faut le lire, le
savourer pour en prendre conscience.
Nicaise Kibel’Bel Oka
Source: Musabyimana.be
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Welcome to the Rwanda-Drc-Burundi-Ouganda Blog. Well, this blog will gather daily, all interesting news related to some countries of the greatlakes region. Our attention will focus primarily on the DRC and Rwanda. I believe these two countries have come a long way and proceeding in the right direction (provided that they build, from now on stronger institutions!). In addition, some interesting news from Africa and other parts of the world will be posted from time to time.
Monday, June 18, 2012
RDC : Le festin des vautours
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