RDC/Mutinerie: enquête Kigali/Kinshasa sur les suspicions de soutien extérieur
KINSHASA - La République démocratique du Congo et le Rwanda vont enquêter
ensemble sur les suspicions de soutien extérieur à la mutinerie en cours dans
l'est de la RDC où les mutins ont, selon le gouvernement congolais, reçu le
renfort de Rwandais recrutés au Rwanda.
En visite depuis lundi à
Kinshasa, la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo a eu
des entretiens avec son homologue congolais Raymond Tshibanda, avant d'être
reçue mardi par le chef de l'Etat Joseph Kabila.
Les deux pays voisins
ont convenu de rendre opérationnelle la Commission conjointe de vérification
chargée notamment d'enquêter sur les suspicions de soutien extérieur aux mutins
et autres éléments opportunistes, indique le communiqué final à l'issue des
discussions entre les deux ministres.
Après une discussion franche et
enrichissante, les deux pays ont réaffirmé la volonté de continuer à oeuvrer
ensemble pour la paix, la stabilité et le développement dans la sous-région, et
s'engagent à ce que leurs territoires respectifs ne servent pas de base de
déstabilisation de l'un ni de l'autre, est-il ajouté.
Un ton qui tranche
avec les déclarations le 9 juin du porte-parole du gouvernement congolais qui
avait dénoncé la présence dans la province du Nord-Kivu (est de la RDC) de 200 à
300 hommes, dont des Rwandais, recrutés sur le territoire du Rwanda, d'où ils
seraient partis renforcer les mutins congolais qui s'affrontent depuis plus d'un
mois aux Forces armées de la RDC (FARDC).
Le territoire du Rwanda a servi
à la préparation et à la perpétration d'une conspiration qui, après avoir
commencé comme une simple mutinerie, évolue dangereusement vers un schéma de
rupture de la paix entre les deux pays, avait alors déclaré Lambert Mende, en
dénonçant la passivité ou plus de Kigali.
Mme Mushikiwabo avait réagi en
évoquant un gros mensonge, et disant comprendre que le Rwanda soit utilisé comme
bouc émissaire par la RDC dans une tentative de détourner l'attention de ses
problèmes domestiques.
Les mutins sont des ex-membres de la rébellion
tutsi-congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégrés
dans les FARDC dans le cadre d'un accord de paix avec Kinshasa signé début 2009,
dont ils réclament la pleine application. Le CNDP était soutenu par le Rwanda,
selon l'ONU.
La normalisation des relations entre la RDC et le Rwanda en
2009 a fait progresser la paix dans l'est mais il y a aujourd'hui une régression
en matière de perturbation de la paix mais aussi en termes d'érosion de la
confiance entre les parties, a déclaré à l'AFP M. Tshibanda.
La présence
de présumés Rwandais parmi les mutins a été révélée après la fuite d'un rapport
interne de la Mission de l'ONU en RDC (Monusco), puis confirmée en détail dans
un rapport de l'ONG Human Rights Watch (HRW).
Selon HRW, le général en
fuite Bosco Ntaganda, ex-chef d'état-major du CNDP et accusé par Kinshasa d'être
l'instigateur de la mutinerie, a reçu le soutien de responsables militaires
rwandais qui l'ont approvisionné en armes et munitions et lui ont fourni les
recrues venues du Rwanda.
Nous ne devons pas nous laisser entraîner par
ce qui se dit (...) Il y a tellement de rapports, tellement de rumeurs, on ne
s'en sort plus!, a déclaré à la presse la chef de la diplomatie
rwandaise.
Source: AFP / 19 juin 2012 18h39
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