Le président rwandais, Paul Kagamé, effectuera une visite officielle en France les 12 et 13 septembre prochains, sur invitation de son homologue français, Nicolas Sarkozy. L’annonce qui a été faite par Kigali, apparaît comme le signe d’une vraie éclaircie dans le ciel des relations franco-rwandaises. En effet, depuis le génocide rwandais de 1994, l’axe Paris-Kigali se porte très mal.
Et c’est peu dire. Les Rwandais ont toujours pensé que l’opération "Turquoise", au lieu de protéger les victimes, a plutôt permis à des génocidaires de se soustraire à la justice. Conséquence, la brouille entre les deux capitales s’est traduite par la rupture de leurs relations diplomatiques en 2006. Paul Kagamé, c’est l’exemple du président africain qui a su se faire respecter face à une puissance colonisatrice comme la France. Quand les autres Etats se faisaient tout petits, le Rwanda redressait fièrement la tête pour marquer sa différence. Aujourd’hui, tout logiquement, on ne reçoit pas Kagamé comme on recevrait un autre chef d’Etat africain à l’Elysée.
C’est vrai que le président Sarkozy avait reconnu lors de sa visite à Kigali en février 2010, « une forme d’aveuglement de Paris, pour n’avoir pas vu la dimension génocidaire du régime de Juvénal Habyarimana ». Mais, pour autant, Kigali n’avait pas tourné si facilement la page. C’est plutôt la France qui avait cherché à renouer les relations avec le Rwanda. Preuve si besoin en était encore que ce pays est important pour les Occidentaux. Le Rwanda est « le petit piment » dont la puissance militaire peut faire et défaire des régimes dans la région des Grands lacs. De par sa position stratégique, sa puissance militaire et sa blessure du génocide, c’est l’Israël d’Afrique, ce pays chouchouté par les grands de ce monde. Même si (et cela, tout le monde le sait) Kagamé n’est franchement pas un démocrate et qu’il persécute ses opposants, il fait preuve de courage.
Il aura réussi à faire décoller son pays sur le plan économique. Le président Paul Kagamé est donc à la tête d’une Nation qui sait se faire respecter politiquement sur l’échiquier mondial et d’un pays qui avance. Reste à savoir si sa visite à Paris permettra de solder les comptes, notamment de remettre à plat les sujets qui fâchent. Et ce n’est pas ce qui manque. Pour une relation décomplexée entre les deux pays, il faudra bien tourner la page de ces rapports tumultueux. Autant certaines personnalités françaises refusent leur culpabilité dans le génocide rwandais, autant le Rwanda hausse le ton quand on veut lui mettre sur le dos le génocide sur les Interhamwés au Congo. Il faudra certainement attendre les conclusions de la visite officielle, pour lire plus clairement les enjeux du rapprochement entre les deux pays.
Author: Dayang-ne-Wendé P. SILGA
Sopurce: Le Pays, du 19/08/2011
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