Thursday, August 25, 2011

LIBYE: Marge de manoeuvre réduite pour Kadhafi: sa ville natale, le désert ou l'exil?

Introuvable et sa tête mise à prix, Mouammar Kadhafi pourrait selon la rébellion se réfugier à Syrte, sa ville natale où il recevait jadis les visiteurs en grande pompe. A moins qu’il n’opte pour l’exil.

Les insurgés ratissent la capitale dans l’espoir d’arrêter Mouammar Kadhafi, le plus ancien dirigeant arabe et africain, arrivé au pouvoir après un coup d’Etat en 1969. Mais le «Guide» libyen pourrait bien avoir déjà déserté la capitale.

Dans ce cas, il ne disposerait que d’une marge de manoeuvre réduite, dans un pays dont le point faible est le Sud-sahélien aux frontières poreuses, selon la rébellion.

Pour Abdelmoneim Al-Houni, représentant du Conseil national de transition (CNT), l’organe politique des rebelles, auprès de la Ligue arabe, «Mouammar Kadhafi n’a que trois possibilités en Libye: la région de Jefra, dans le désert, l’oasis de Traghen, dans l’extrême-sud à la frontière avec le Niger, et Syrte, sa ville natale».

Né, selon sa propre légende, sous une tente dans la ville côtière située à 450 km à l’est de la capitale, il pourrait y compter sur sa tribu, les Guedadfa, dont les membres sont encore bien implantés et armés. Les rebelles peinent d’ailleurs à négocier avec tous les chefs de tribu leur entrée sans violence dans ce grand port, connu depuis l’Antiquité, où le colonel Kadhafi avait fait construire un centre de conférences, au style grandiloquent et moderne, anomalie architecturale dans la modeste localité.

Réseaux dans le désert

S’il ne trouve pas refuge chez les siens, Mouammar Kadhafi, qui fait face depuis février à une insurrection qui s’est transformée en conflit armé, dispose d’autres réseaux, tribaux là aussi, chez les Touaregs.

Grâce au clientélisme qui lui a si longtemps réussi, le Guide libyen a pu compter sur eux en leur garantissait un intéressement sur le commerce transfrontalier en échange de la stabilité de la région. Mais les nouvelles victoires de la rébellion pourraient changer la donne.

Certains Touaregs ont en effet déjà rejoint les insurgés en ouvrant le front du sud à Morzuk dans la région du Fezzan, un noeud de communication vital vers le Niger, le Tchad et l’Algérie organisé autour de la capitale régionale Sebha où les Guedadfa jouent un rôle politique et économique clé. Des alliés à l’étranger

Au-delà des régions du sud, Mouammar Kadhafi pourrait également traverser les frontières et tirer profit de l’absence de contrôle au sud du pays, rejoignant l’Algérie, par exemple. Dans les rues de Benghazi (est), le ressentiment est grand à l’égard du voisin algérien accusé d’avoir soutenu Kadhafi jusqu’au bout.

Quelques jours avant la chute de son QG, des informations de presse prêtaient à Kadhafi l’intention de s’exiler en Afrique du sud, voire au Venezuela, annonçant même l’arrivée dans la région d’avions qui le transporteraient avec sa famille vers l’un des deux pays.

Si l’Afrique du sud a démenti lundi par la voix de sa ministre des Affaires étrangères Maite Nkoana-Mashabane tout projet sud- africain d’exfiltrer Kadhafi, le président vénézuelien Hugo Chavez a alimenté les rumeurs sur un possible exil du fantasque «Guide» du côté de Caracas en lui renouvelant mardi son soutien.

Son ministre des Affaires étrangères, Nicolas Maduro, à quant lui refusé de dire si son pays était prêt à accorder l’asile politique à Kadhafi si celui-ci en faisait la demande, mais il n’a pas jugé bon d’écarter cette hypothèse.

Brouillant davantage les cartes, le Nicaragua de Daniel Ortega, un autre «ami» de Kadhafi, a laissé la porte ouverte à son possible exil sur son territoire.

L’ancien numéro deux du régime, Abdessalem Jalloud, qui a fait défection, n’imagine lui d’autre sortie pour Kadhafi que la mort s’il n’a pas déjà quitté Tripoli. «Et comme il n’a pas le courage de se suicider, il pourrait charger l’un de ses proches de le tuer», a- t-il assuré à la chaîne satellitaire al-Arabiya.

ATS / AFP | 25.08.2011

Les rebelles libyens espionnent les pro-Kadhafi à l'aide d'un drone miniature

TECHNOLOGIE | Un drone miniature fourni par une société canadienne permet à la rébellion libyenne de suivre les mouvements des troupes restées fidèles à Mouammar Kadhafi.

La rébellion libyenne a utilisé un drone miniature pour ses opérations d’espionnage des troupes du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a révélé la société canadienne qui s’est chargée de la fourniture.

Un ex-officier supérieur de l’armée canadienne, aujourd’hui patron de la société de sécurité Zariba, s’est rendu fin juillet dans l’enclave rebelle de Misrata, sur les rives de la Méditerranée, pour former les rebelles à l’utilisation de ce drone.

"Les rebelles se déplaçaient sur la route et ils étaient la cible de tirs, alors qu’eux-mêmes cherchaient à savoir où se trouvaient les forces de Kadhafi. Ils recherchaient donc désespérément des solutions en termes d’imagerie pour détecter les soldats au loin", a dit mercredi cet ancien soldat, Charles Barlow.

Les drones ont joué un rôle crucial dans le conflit en Libye, les Occidentaux utilisant ces appareils de reconnaissance pour anticiper les déplacements des forces de Kadhafi et ainsi appuyer la rébellion.

Mais les rebelles sur le terrain ne semblaient pas disposer eux-mêmes de ces équipements. "Ils ont tenté à un certain moment d’installer des caméras sur des modèles réduits d’hélicoptères mais ça ne fonctionnait pas très bien", souligne M. Barlow.

Après avoir étudié différentes propositions, notamment européennes, la rébellion a choisi la technologie du groupe canadien Aeryon Labs.

Aeryon a signé un contrat avec la société Zariba de M. Barlow pour fournir cet équipement stratégique au Conseil national de transition (CNT), organe de la rébellion libyenne.

Le mini-drone est une sorte de robot volant, d’un poids inférieur à 1,5 kilo et pouvant donc être transporté au sol par un combattant dans un simple sac à dos. Dirigé à distance grâce à un écran tactile, il ressemble à un hélicoptère miniature doté de quatre hélices.

Les rebelles rencontrés à Misrata par leur fournisseur canadien n’étaient pas des anciens soldats des forces libyennes, mais des civils sans expérience de la manipulation de ces appareils. "En une après-midi, ils savaient déjà comment faire voler l’engin", relève M. Barlow.

Un seul drone miniature - d’une valeur d’environ 100.000 dollars - a été vendu à la rébellion libyenne, a indiqué M. Barlow. "Ils en voulaient davantage", mais ils ont déjà pris Tripoli, a-t-il précisé.

Les deux sociétés canadiennes, qui devaient attendre une victoire de la rébellion à Tripoli pour annoncer ce contrat stratégique, espèrent maintenant vendre de nouveaux appareils au futur pouvoir à Tripoli.

Ce type de drone miniature a été vendu par le passé à de nombreuses sociétés, dont le géant pétrolier BP qui a eu recours à cette technologie lors de la marée noire dans le golfe du Mexique au printemps 2010, a précisé Mme Marni McVicar, porte-parole d’Aeryon.



AFP | 25.08.2011 | 08:44


source: Tribune de Genève, du 25/08/2011

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