Pour la première fois, une source indépendante et identifiée atteste la présence en Libye de Français et de Britanniques opérant en civil aux côtés des combattants libyens soumis à l'autorité du CNT (Conseil national de transition). Le journaliste de l'AFP qui relate dans une dépêche cette présence dont il a été le témoin visuel direct précise ainsi : "Ces agents sont installés dans l'enceinte de la raffinerie à l'arrêt de Zuwaytinah, centre de commandement rebelle pour le front est, à environ 150 kilomètres au sud-ouest de Benghazi, le siège du CNT. Étendue dans les sables du désert sur plusieurs kilomètres carrés le long de la côte méditerranéenne, la raffinerie abrite le PC de Fawzi Boukatif, commandant rebelle pour tout le front."
Le journaliste ne détaille pas le nombre des étrangers qu'il a vus, mais note que "des Français et des Britanniques ont pris leurs quartiers dans deux conteneurs en bord de mer. Les Français occupent l'un d'entre eux, les Britanniques, également en civil ou en tenue camouflée et dépareillée, sont dans le conteneur voisin, le long de l'une des anciennes pistes d'atterrissage de la raffinerie." Il précise qu'ils disposent de "moyens de communication" et que les murs de leur salle radio sont "couverts de cartes d'état-major et de photos satellites".
Risques
L'état-major des armées françaises conteste que des forces spéciales françaises aient participé aux combats à Tripoli, mais pas qu'elles soient présentes en petit nombre sur le sol libyen, notamment pour assurer des liaisons avec le CNT, en relation avec l'envoyé spécial français, le diplomate Antoine Sivan. Si les règles en vigueur en France étaient respectées, des hommes du COS (Commandement des opérations spéciales) opéreraient en uniforme aux ordres de l'état-major des armées.
De source officielle à Paris, on confirme que les hommes vus par l'AFP sont bien des militaires français, qui n'appartiennent ni au COS ni à la DGSE, mais à une ou plusieurs unités "spécialisées", d'où ils ont été "prélevés". Ce terme pouvant désigner aussi bien la DRM (Direction du renseignement militaire) que des spécialistes des transmissions ou autres. De source militaire, on estime que la dépêche de l'AFP a causé un vrai problème de sécurité en désignant aux forces loyalistes l'emplacement des soldats français : "s'ils avaient pris un Scud dans la foulée, que faudrait-il en penser ?" s'indigne un officier français. La dépêche de l'agence mentionnait que l'état-major des rebelles était sur le départ lors de la diffusion de la dépêche, ce départ ayant été confirmé depuis. On confirme également au ministère de la Défense que la tenue civile de ces militaires relève d'un choix délibéré du commandement : la présence d'un petit nombre de porteurs d'uniformes français sur le sol libyen aurait pu faire courir de sérieux risques à ces derniers, en les désignant de manière trop ostensible.
Source: Le Point.fr, du 26/08/2011
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