(AfriSCOOP) — En fin de semaine dernière, l’Ua (Union africaine) a refusé de reconnaître le Cnt (Conseil national de la transition) de la Libye, en appelant les parties libyennes à privilégier des solutions consensuelles. Comme on pouvait s’en douter, l’Afrique du Sud a joué un rôle prépondérant dans la réaffirmation de cette prise de position de l’Ua. Un geste qui se situe dans une nouvelle logique diplomatique que Pretoria veut imposer, à juste titre, au reste du continent africain.
Sur la petite part de l’Afrique dans l’économie mondiale (à peine 3%), l’Afrique du Sud apporte à elle seule au moins 1,5%. C’est donc à juste titre qu’elle est considérée comme la locomotive de l’économie du continent noir. Une locomotive qui jusqu’à présent se montrait trop muette dans les affaires panafricaines. Du moins depuis que l’Afrique du Sud « arc-en-ciel » a vu le jour après les premières élections multiraciales du 27 avril 1994 qui ont vu Nelson Mandela et l’Anc (parti au pouvoir) vaincre la bête immonde de l’apartheid.
Déjà active dans le dossier de « la création des Etats-Unis d’Afrique » réactivé lors du Sommet de l’Ua en janvier 2008, l’Afrique du Sud, en se positionnant envers et contre l’immixtion outrageante de l’Occident dans les grandes affaires africano-africaines est en train de sortir irréfutablement de la limitation du rayon d’action de sa diplomatie et de sa coopération économique à la seule région Sadc (Afrique australe) sur le continent berceau de l’humanité.
Une volte-face diplomatique de Pretoria qui devait tôt ou tard arriver
Confronté à plusieurs crises politiques internes ces dernières semaines, le président sud-africain, Jacob Zuma, veut visiblement marquer des points sur un autre terrain : celui d’une plus grande affirmation de la marque de fabrique de son pays sur la scène panafricaine et internationale. Après les sorties Sur le dossier libyen, le pays de Nelson Mandela ne fait en réalité qu’un retour en force. Au plus fort des sanctions de l’Occident contre le régime de Tripoli, le charismatique Mandela lui-même avait déjà “violé” l’embargo imposé à la Libye pour rendre visite à Mouammar Kadhafi.
Mieux, l’Anc doit une reconnaissance à Tripoli, pour son appui durant les années de plomb du régime de l’apartheid en Afrique du Sud. Même si Pretoria a voté la résolution onusienne qui a légalisé les frappes de l’Otan en Libye ! Ces dernières semaines, les autorités sud-africaines ont tenu à préciser qu’elles ont été flouées sur l’explication de cette résolution qui officiellement devait « créer une zone d’exclusion aérienne en Libye ».
Les nouvelles ambitions de la Nation « arc-en-ciel » sont un peu plus justes quand et opportunes quand l’on se souvient que le pays le plus riche d’Afrique est candidat à un poste de « membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu ». Mais, à l’heure actuelle, les positions, les faits et gestes de Pretoria sur le continent noir sont loin d’être suffisants pour ratisser vers elle un grand nombre de soutiens d’Etats africains sur les questions contemporaines chaudes. En Afrique comme dans le reste du monde. La suprématie diplomatique se mérite, elle s’impose d’elle-même par les résultats économiques et politiques d’un Etat. Sur ce terrain, le mutisme de la nation devant une litanie de dossiers brûlants en Afrique joue en sa défaveur.
Author: Achille NGUETI, La Rédaction © AfriSCOOP
Source: Afriscoop, du 01/09/2011
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