Le Monde.fr - Un vent de contestation des régimes autoritaires souffle sur le monde arabe depuis le début de l'année 2011. Ce "printemps arabe" a provoqué la chute du président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali, le 14 janvier, et du président égyptien Hosni Moubarak, le 11 février. Après avoir également touché le Bahreïn, le Yémen, il gagne le 15 février la Libye, dirigée depuis quarante-deux ans par Mouammar Kadhafi.
Février 2011
- Mardi 15 et mercredi 16. A Benghazi, deuxième ville de Libye, située dans l'est du pays, l'arrestation de Fethi Tarbel, un militant des droits de l'homme, provoque des émeutes. Des centaines de personnes réclamant sa libération affrontent dans la nuit du mardi au mercredi des policiers soutenus par des partisans pro-gouvernementaux. Les autorités accèdent à leur demande, mais les manifestants ne se dispersent pas, marchant sur la place Chajara où ils restent une partie de la nuit. Des manifestations éclatent également à El-Beida, où deux personnes sont tuées.
- Jeudi 17. L'opposition appelle à un "Jour de colère" contre le gouvernement de Mouammar Kadhafi. Celui-ci mobilise ses partisans à Tripoli et répond par la force aux insurgés. Des affrontements éclatent à Benghazi, où sept manifestants sont tués, tandis que des manifestations ont aussi lieu à El-Beida et Zintan. L'insurrection s'étend rapidement à plusieurs villes importantes.
- Mercredi 23 au vendredi 25. La zone allant de la frontière égyptienne jusqu'à Ajdabiya, comprenant les villes de Tobrouk et Benghazi, passe aux mains des insurgés. De son côté, Kadhafi accuse Al-Qaida d'être derrière les insurgés dans un message audio diffusé par la télévision libyenne. Le secrétaire général de l'ONU évoque un millier de morts.
- Samedi 26. Le Conseil de sécurité des Nations Unies impose un embargo sur la vente d'armes et de matériels connexes à la Libye et une interdiction de voyager sur le sol des Etats membres concernant seize personnes, dont Mouammar Kadhafi. Par cette résolution, les membres du Conseil de sécurité considèrent que "les attaques systématiques" menées contre la population civile en Libye "peuvent être assimilées à des crimes contre l'humanité".
- Lundi 28. L'Union européenne inflige à son tour des sanctions à Kadhafi et au gouvernement libyen, désormais sous le coup d'un embargo sur les ventes d'armes et d'une interdiction de se rendre sur le territoire de l'UE. Les Vingt-Sept gèlent en outre les avoirs du guide de la Révolution libyenne, de sa famille et de son gouvernement et interdit la vente de marchandises telles que le gaz lacrymogène et le matériel anti-émeutes.
Mars 2011
- Samedi 5. Le Conseil national de transition mis en place le 27 février par les représentants de l'insurrection se déclare "le seul représentant de la Libye", à l'issue de sa première réunion à Benghazi.
- Jeudi 10. La France reconnaît le Conseil national de transition (CNT) libyen comme le seul "représentant légitime du peuple libyen" et annonce qu'elle enverra prochainement à Benghazi un ambassadeur. En réponse, le gouvernement de Kadhafi suspend ses relations diplomatiques avec la France.
- Jeudi 17. Le Conseil de sécurité des Nations Unies se prononce pour l'instauration d'une zone d'exclusion dans le ciel libyen. Le Conseil autorise également "toutes les mesures nécessaires" – ce qui signifie, en langage diplomatique, des actions militaires – pour assurer la protection des populations civiles face à l'armée de Kadhafi.
- Samedi 19. La coalition internationale passe à l'offensive. Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni lancent des raids aériens sur des objectifs en Libye pour stopper la répression de la révolte contre le régime. Ces frappes stoppent les forces pro-Kadhafi qui étaient aux portes de Benghazi.
- Lundi 28 et mardi 29. Le Qatar reconnaît le Conseil national de transition (CNT), devenant le deuxième pays après la France et le premier pays arabe à reconnaître ce Conseil. Le lendemain, à Londres, une quarantaine de pays et d'organisations régionales sur la Libye annoncent la création d'un "groupe de contact" chargé du pilotage politique de l'opération internationale.
Avril 2011
- Dimanche 10 et lundi 11. Mouammar Kadhafi accepte la feuille de route présentée par les médiateurs de l'Union africaine (UA), menés par le Sud-Africain Jacob Zuma, en vue de mettre fin à la crise en Libye. La délégation de l'UA invite en outre l'OTAN à mettre fin à ses bombardements contre les forces de Kadhafi pour offrir une chance de succès à un éventuel cessez-le-feu. Le lendemain, les insurgés libyens rejettent ce plan de paix en faisant valoir qu'il ne répond pas à leur revendication première de voir Mouammar Kadhafi quitter le pouvoir.
- Mercredi 20. Après Londres, Paris et Rome envoient des conseillers militaires auprès du CNT. L'Egypte et les Etats-Unis suivront.
- Samedi 30. Saif Al-Arab Mouammar Kadhafi, 29 ans, le plus jeune des six fils du colonel Kadhafi, est tué dans un raid aérien, ainsi que trois petits-enfants du dirigeant libyen.
- Mercredi 11. La rébellion prend l'aéroport de Misrata et desserre l'étau autour de la ville.
Juin 2011
- Mercredi 1er. L'OTAN prolonge sa mission jusqu'à fin septembre et conduit ses raids les plus durs sur Tripoli, le mardi 7 juin.
- Jeudi 9. Le Groupe de contact sur la Libye, réuni à Abu Dhabi, décide d'apporter un appui politique et financier à la rébellion libyenne en établissant le mécanisme lui permettant de recevoir des fonds. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton affirme que les jours du régime de Kadhafi sont "comptés" et qu'il faut préparer "la Libye de l'après-Kadhafi".
- Lundi 27. La Cour pénale internationale (CPI) annonce la délivrance d'un mandat d'arrêt pour crimes contre l'humanité contre Mouammar Kadhafi, son fils Saïf Al-Islam et le chef des services de renseignements libyens, Abdallah Al-Senoussi.
Juillet 2011
- Jeudi 14. Dans un discours diffusé à la télévision, le leader libyen Mouammar Kadhafi continue de défier la communauté internationale. Il appelle ses partisans à marcher sur Benghazi pour la "libérer" des rebelles et réaffirme qu'il ne quittera jamais son pays.
- Vendredi 15. Le groupe de contact, réuni à Istanbul, en Turquie, reconnaît le Conseil national de transition (CNT) comme "l'autorité gouvernementale légitime" de la Libye. Cela devrait permettre de dégeler des avoirs appartenant à l'Etat lybien, explique le ministre des affaires étrangères français, Alain Juppé.
- Mercredi 27. Le Royaume-Uni accentue la pression sur Tripoli en reconnaissant à son tour comme seul "gouvernement légitime" en Libye le CNT. Le Foreign Office annonce également l'expulsion des derniers diplomates fidèles au régime, trois mois après avoir congédié l'ambassadeur libyen, Omar Jelban, et invite le CNT à s'installer à l'ambassade libyenne à Londres.
- Jeudi 28. Abdel Fatah Younès, ancien ministre de l'intérieur de Mouammar Kadhafi, est abattu dans des circonstances obscures. Il avait fait défection pour rejoindre la rébellion le 22 février, devenant le chef des opérations militaires du CNT. Sa mort porte un coup sévère à la rébellion au moment où celle-ci lance une nouvelle offensive dans l'ouest du pays.
Août 2011
- Mardi 9. Le gouvernement de Kadhafi accuse l'OTAN d'avoir tué quatre-vingt cinq personnes, dont de nombreux civils, dans un raid mené lundi soir dans le village de Madjar, près de Zliten, à 150 kilomètres à l'est de Tripoli.
- Dimanche 14. Les rebelles libyens occupent le centre-ville de Zaouïa, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Tripoli, sur la route côtière qui mène à la Tunisie, l'un des derniers liens entre Tripoli et le monde extérieur. Cette offensive marque l'avancée la plus spectaculaire depuis six mois des insurgés dans les zones de l'ouest contrôlées par les partisans de Kadhafi. Par ailleurs, les forces pro-Kadhafi lancent pour la première fois depuis le début du conflit un missile balistique "de type Scud" contre des lignes rebelles. Ce missile tombe à 5 kilomètres à l'est de Brega, sans faire de victime.
- Mardi 16. En Tunisie, la confusion règne autour d'éventuels pourparlers entre des représentants des rebelles et du régime libyens. Alors que certaines sources confirment leur existence, le président du CNT dément toute discussion avec le régime.
- Lundi 22. La chute du régime de Kadhafi n'est plus qu'une question d'heures. Entrés dans la capitale au cours du week-end, les rebelles encerclent la résidence du dirigeant libyen, qui refuse toujours de se rendre. Selon des journalistes sur place, les rebelles n'ont rencontré qu'une très faible résistance et ont été salués par les habitants du centre-ville. Selon le New York Times, les Etats-Unis ont intensifé les bombardements sur le pays ces derniers jours, contribuant à faire pencher la balance en faveur des insurgés.
Lire notre reportage, "A Paris, l'ambassade libyenne tourne déjà la page Kadhafi"
Depuis février, le conflit a fait des milliers de morts et poussé à l'exode des centaines de milliers de personnes.
Le Monde.fr, avec agences, du 17.08.11 | 15h25 • Mis à jour le 22.08.11 | 08h01
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