Le voile est désormais tombé. Plus de doute possible, le
gouvernement confirme ce que l’opinion savait déjà : l’insécurité dans l’Est
tire ses origines du Rwanda. La mutinerie en cours dans l’Est de la RDC reçoit
des appuis en hommes et en logistique du Rwanda, dans «une passivité»
déconcertante de la communauté internationale (Etats-Unis, Grande-Bretagne, UE,
etc.). La même communauté internationale qui appelle continuellement le chef de
l’Etat, Joseph Kabila, à faire preuve de démocratie et de gouvernance dans la
gestion des affaires de l’Etat. Un euphémisme diplomatique, dont la subtilité
n’a pas échappé aux observateurs. Plus d’excuses donc pour la communauté
internationale qui doit libérer la RDC de l’handicap de l’Est pour la
concrétisation de la «révolution de la modernité» prônée par le chef de
l’Etat.
Le ton adopté n’appelle pas à équivoque. Le gouvernement de la
République démocratique du Congo ne succombe plus aux sirènes venant de mille
collines. L’époque de la duperie étant révolue, les dirigeants congolais ont
désormais conscience des responsabilités qu’une opinion publique plus exigeante
leur impose sur tout ce qui touche à l’instabilité récurrente dans la partie
orientale du pays.
Le modus operandi étant connu, la résolution de la
crise dans l’Est passait par une identification sans équivoque de l’agent
causal, le Rwanda. Lors de la conférence de presse tenue à Goma, à l’issue d’une
mission gouvernementale conduite par le Premier ministre Matata Ponyo, la
déclaration lue par Lambert Mende, ministre des Médias, sonne comme un oracle
qui a ravivé le feu de la confiance qui doit s’établir entre les gouvernants et
les gouvernés.
Passant à l’offensive, contrairement à ses habitudes, le
porte-parole du gouvernement a révélé avec certitude que «200 à 300 mutins ont
été recrutés au Rwanda pour être infiltrés en RDC. Ils ont subi une préparation
militaire sommaire avant d’être déployés contre les forces armées de la RDC». Ce
qui rejoint les révélations faites antérieurement par les services de l’ONU, et
relayées par la suite par Human Rights Watch.
Pour nombre des Congolais,
il ne s’agit là que d’une confirmation. C’est le nombre d’éléments recrutés par
«une filière», à savoir entre 200 à 300, qui pousse à s’interroger sur le
comportement du Rwanda.
Comment 200 à 300 personnes peuvent-elles être
non seulement recrutées mais aussi entraînées sommairement à l’art de la guerre
sur le territoire, non loin de la frontière, jusqu’à traverser pour se déployer
sans être vues ni identifiées ? Répondre à cette interrogation serait déjà
résoudre plus de 50% de l’énigme. Le gouvernement l’a compris. La langue de bois
prend le devant. Lambert Mende ne s’en est derrière pas dérobé. «Des
informations de sources variées mais concordantes, note-t-il, font état de
soutien dont bénéficierait la bande à Ntaganda à partir du Rwanda et de
l’existence d’une filière de recrutement de combattants pour Ntaganda dans ce
pays voisin, membre, comme la RDC de l’Union Africaine (UA), de la Communauté
économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) et de la Conférence internationale
sur la région des Grands lacs (CIRGL)».
Des révélations, le porte-parole
du gouvernement les aligne sans broncher : «Aujourd’hui, sur base des
conclusions des enquêtes de nos services, nous sommes en mesure d’affirmer ce
qui suit : parmi les miliciens de la bande à Ntaganda et Makenga, se sont
trouvés quelque 200 à 300 éléments recrutés sur le territoire du Rwanda par un
réseau actif dans ce pays voisin; plusieurs combattants ainsi recrutés sont des
ressortissants rwandais. Infiltrés en RDC, ils ont subi un entraînement sommaire
avant d’être déployés au front contre les FARDC ; Il y a des mineurs d’âge et de
très jeunes gens parmi ces combattants dont le Premier ministre et sa délégation
ont pu voir un échantillon à Goma (…) ».
Mende justifie le temps pris
par Kinshasa pour se prononcer par rapport à la situation qui prévaut dans
l’Est. Il dit, à ce propos, que : « Le Gouvernement de la République, tenant
compte de la gravité des faits, s’est donné le temps de les corroborer avec ses
propres sources. Une enquête de nos services a été diligentée pendant qu’étaient
mis en œuvre, parallèlement, les mécanismes conjoints institués il y a quelques
années par la RDC et le Rwanda à l’effet de les vérifier ensemble sur le
terrain. Ceux qui ont vu dans cette approche un signe de complaisance ont tort.
Le gouvernement a à cœur de procéder avec professionnalisme et responsabilité
pour une défense efficace et utile de nos intérêts nationaux».
TRAVAIL
D’ARTISTE
De l’avis de Mende, le gouvernement a pris tout le temps pour
réunir tous les éléments du puzzle. «Ces éléments d’information précis,
détaillés, vérifiés et contre vérifiés viennent des sources propres du
gouvernement. Ils soulèvent un problème sérieux à résoudre d’urgence dans la
synergie entre Etats de la région des Grands Lacs dans leur lutte contre les
forces négatives».
Il va de soi que la stratégie mise en place par le
chef de l’Etat pour démontrer l’implication du voisin rwandais n’était pas
comprise du coup. Le résultat auquel elle a abouti donne à penser qu’il s’est
agi d’un travail d’artiste.
La communauté internationale dans sa
commisération éternelle envers le Rwanda se trouve désormais placer devant ses
responsabilités. L’hécatombe qui se vit au quotidien dans l’Est de la RDC
constitue un «génocide oublié» par la volonté de la communauté internationale.
En fait, cette communauté internationale est témoin des atrocités qui se
commettent à travers la Monusco déployée depuis plus d’une décennie en RDC. Pris
la main dans le sac, nul ne pourra prétendre ne pas être au courant de ce qui
continue de se tramer dans l’Est de la RDC. Le responsable de cette instabilité
étant connu, plus d’excuses possibles. Le Rwanda a planifié, organisé, entraîné,
armé, …, des troupes du M23 qui se battent contre les FARDC. Dans les rapports
entre Etats, cela est inacceptable d’autant plus qu’il s’agit d’une ingérence
flagrante dans les affaires internes d’un Etat. Le conseil de sécurité des
Nations unies devrait se saisir de la question en urgence pour préserver la
sécurité entre les deux Etats, en phase de rupture de bonnes relations de
voisinage.
Plus explicite, Mende renchérit. «Il a été également constaté
une augmentation de la puissance en armement du M23 dès son arrivée dans le
triangle Runyoni-Chanzu et Mbuzi à la frontalière entre la RDC et le Rwanda.
Pourtant, les mutins avaient abandonné dans leur fuite tout leur armement, soit
38 tonnes récupérées par les FARDC dans le Masisi». Cette preuve supplémentaire
n’échappe pas aux Casques bleus de la Monusco qui accompagnent les FARDC dans le
théâtre des opérations.
EXTIRPER LE MAL
A plusieurs reprises, la
Communauté internationale a contraint la RDC à faire preuve de démocratie et de
gouvernance dans la gestion des affaires publiques. Les élections de 2006,
suivies cinq ans après de celles de 2011, s’inscrivaient dans ce schéma.
Aujourd’hui, la RDC- pays post-conflit - n’aspire qu’à une seule chose :
sa reconstruction pour jouer véritablement son rôle au cœur de l’Afrique. C’est
à cela que travaille le chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, au travers de la
révolution de la modernité. Mais, les tensions récurrentes de l’Est passent pour
un handicap dans la ferme détermination du chef de l’Etat de rétablir le
rayonnement de la RDC. De tout temps, l’Est s’est révélé comme la partie
névralgique de la RDC. Avec le temps, les masques sont tombés.
L’ONU a
été la première à dénoncer le jeu macabre du Rwanda. Elle a vite été relayée par
Human Rights Watch qui a formellement pointé du doigt la mainmise du Rwanda dans
la guerre de l’Est. Que dire d’autre ? Sinon, appeler la communauté
internationale à mesurer la gravité des faits mis à charge de Kigali. Au-delà de
Kigali, il y a les vrais tireurs des ficelles terrés dans l’ombre à Washington,
Londres, etc. Ce sont ceux-là qui arment Kigali pour déstabiliser la RDC, et ce
faisant, l’empêcher de se consacrer au grand travail de la reconstruction tel
que prôné par Joseph Kabila. Le message adressé à la communauté internationale
et au Rwanda, en particulier, est sans équivoque. Plus question de s’enfermer
dans ce carcan diplomatique, sous prétexte de protéger des relations de bon
voisinage - vocabulaire qu’ignore allègrement Kigali. Il venait d’en donner la
preuve en apportant tout son soutien au M23.
Kinshasa n’aspire qu’à une
seule chose : son développement. Ce à quoi s’attèle aujourd’hui le gouvernement
Matata, sous le leadership clairvoyant du président de la République.
Dans ses réponses, le 9 mai 2012 aux préoccupations des députés
nationaux, le Premier ministre a été plus que formel. «Toute l’œuvre de la
reconstruction nationale que le peuple congolais a contribuée à rendre
réalisable, sous le leadership du président de la République, chef de l’Etat, ne
serait qu’un château de sable si elle ne reposait pas sur la sécurité publique
et la paix à nos frontières, et sur l’étendue du territoire national. Et le
Gouvernement ne peut donc en rester indifférent».
Raison de plus pour la
communauté internationale à aider le gouvernement à concrétiser ce rêve en vue
de bâtir au cœur de l’Afrique «un pays plus beau qu’avant». Kinshasa entend voir
cette même communauté internationale une action pour l’accompagner dans le
rétablissement de l’ordre dans la partie Est de la RDC.
Le mal ayant été
nommé, il ne reste plus qu’à l’extirper pour éviter à ce qu’il soit un frein
dans la stabilisation et le développement de la région des Grands Lacs. D’où,
l’appel à une réelle implication de la communauté internationale, placée plus
que jamais devant sa responsabilité pour mettre fin au drame récurrent de l’Est
de la RDC.
Source: Le
Potentiel, du 11/06/2012
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