Retour sur la crise, déclenchée par l'élection présidentielle ivoirienne le 28 novembre 2010 qui a dégénéré en guerre civile.
Acte 1: une élection sous tension
Après six années de report, l'élection présidentielle ivoirienne se déroule dans le contexte d'un pays divisé. Pendant la campagne électorale, les prémices des tensions à venir sont palpables. Le premier tour, organisé le 31 octobre 2010, en porte les traces. Mais c'est au second tour, le 28 novembre, qui oppose le président sortant Laurent Gbagbo à l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara, que la situation se détériore. La veille, une manifestation de l'opposition contre le couvre-feu instauré par le président Gbagbo a fait trois morts.
La tension était palpable dès la campagne présidentielle.
L'attente des résultats du vote plonge le pays dans la confusion, comme l'illustre cet incident: le 30 novembre, deux jours après l'élection, des représentants de Laurent Gbagbo au sein de la commission électorale empêchent l'annonce de résultats partiels à Abidjan. Cette crispation au sein de la commission retarde l'annonce des résultats; les partisans d'Alassane Ouattara accusent le président sortant de bloquer l'annonce avant le délai initialement prévu, le 1er décembre à minuit.
Acte 2: deux présidents pour un Etat
Un premier verdict tombe le 2 décembre: la commission électorale indépendante donne le challenger de Gbagbo vainqueur, avec 54,1% des voix. Ces résultats sont aussitôt invalidés par le Conseil constitutionnel, proche de du président sortant. Le Conseil estime que les chiffres, qui ont été annoncés après l'expiration du délai de trois jours prévu par le code électoral, sont nuls. Le lendemain, le Conseil constitutionnel proclame Laurent Gbagbo président de la République.
Les deux hommes revendiquent alors chacun de leur côté la victoire. Le 4 décembre, Laurent Gbagbo se fait investir président et son opposant prête serment "en qualité de président de la République". Le lendemain, après avoir reconduit comme Premier ministre Guillaume Soro, Alassane Ouattara forme un gouvernement. Son rival réplique en annonçant la nomination de Gilbert Marie N'gbo Aké au poste de Premier ministre.
Acte 3: Condamnation de la communauté internationale
Dès le 3 décembre, les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne reconnaissent la victoire de Ouattara. Le 7, la Cedeao --la Communauté des Etats d'Afrique de l'ouest-- suspend la Côte d'Ivoire. Le lendemain l'ONU appelle au respect des résultats annoncés par la Commission électorale indépendante, sous peine de sanctions. Même la Russie, après quelques jours d'hésitation, adopte la déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU. Le 9 décembre, c'est au tour de l'Union africaine (UA) de suspendre la Côte d'Ivoire, avant de durcir le ton le 18: le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, remet à Laurent Gbagbo une lettre qui lui demande de quitter le pouvoir.
Le 17 décembre, l'Union européenne (UE) appelle l'armée ivoirienne à se placer sous l'autorité de Ouattara et le président français Nicolas Sarkozy lance un ultimatum à Laurent Gbagbo: il exige son départ avant la fin de la semaine, sous peine d'être frappé par des sanctions de l'UE. C'est chose faite le 20 décembre: Laurent Gbagbo, son épouse ainsi que 17 proches (puis 59 fin décembre), sont privés de visas d'entrée en Europe. Le lendemain, ceux-ci sont interdits de voyager aux Etats-Unis.
Acte 4: sanctions et bataille pour les leviers financiers
Le 22 décembre, le président de la Banque mondiale annonce que les crédits accordés à la Côte d'Ivoire ont été gelés. Plus important, le lendemain, sept ministres des Finances de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) demandent à la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) d'autoriser uniquement les représentants du président ivoirien "légitimement élu", Alassane Ouattara, à gérer les comptes du pays.
Cacao, café, pétrole, ports, banques, douanes, taxes: qui contrôle les avoirs de la Côte d'Ivoire et ses flux financiers dispose d'un atout décisif.
Les avoirs de Laurent Gbagbo sont gelés le 6 janvier aux Etats-Unis, tandis que l'UE gèle les avoirs du président sortant et de 84 membres de son camp, le 14.
Dès lors s'engage une bataille entre les deux rivaux sur les leviers financiers du pays. Le 24 janvier, Alassane Ouattara ordonne l'arrêt des exportations de cacao dont le pays est 1er producteur mondial, espérant étrangler financièrement Gbagbo. En réaction, Laurent Gbagbo prend le contrôle de l'achat et l'exportation du cacao, le 8 mars.
Le 22 février Ouattara obtient le départ du gouverneur ivoirien de la BCEAO, proche de Laurent Gbagbo qui refusait de lui donner la signature au nom de son pays. Laurent Gbagbo ordonne alors la "réquisition" des agences en Côte d'Ivoire de la BCEAO, mais Alassane Ouattara réplique en annonçant leur "fermeture". Cette stratégie d'asphyxie finit par bloquer le système financier du pays.
Acte 5: Navettes africaines et menace d'intervention militaire
Le 24 décembre, la Cedeao organise à Abuja (Nigeria) un sommet extraordinaire sur la Côte d'Ivoire. Les pays d'Afrique de l'Ouest annoncent l'envoi d'émissaires dans le pays et menacent de déloger par la force Laurent Gbagbo.
Alors que la pression internationale sur Gbagbo s'accroît, Alassane Ouattara, prône, le 6 janvier, une action commando "non violente" de l'Afrique de l'Ouest pour chasser Laurent Gbagbo de la présidence. mais l'option d'une intervention militaire suscite des interrogations: "Qui est prêt à envoyer des troupes dans un centre urbain comme Abidjan ?", s'interroge un spécialiste nigérian du dossier. Mêmes réserves côté français: une opération militaire de la Cedeao pour chasser Laurent Gbagbo "ne peut être qu'un dernier recours que nous voulons absolument éviter" selon selon la ministre des affaires étrangères française Michèle Alliot-Marie, interrogée le 28 janvier.
Dans le même temps, l'Union africaine demande au Premier ministre kényan, Raila Odinga, de tenter de résoudre la crise politique, puis met en place un "panel" de chefs d'Etat sur la crise. Plusieurs navettes de la Cedeao et de l'UA se succèdent à Abidjan, en vain. Finalement, le 31 mars, le Conseil de sécurité des Nations unies vote à l'unanimité la résolution 1975 qui exhorte Laurent Gbagbo à se retirer et soumet le président sortant et ses proches à des sanctions.
Acte 6: montée de la violence
Des affrontements éclatent peu après le scrutin: 173 personnes sont tuées entre le 16 et le 21 décembre, selon l'ONU.
Les partisans de Gbagbo s'en prennent aussi à l'ONU qu'ils accusent d'être favorable à Alassane Ouattara: Charles Blé Goudé, leader des "Jeunes patriotes" appelle, le 25 février, les jeunes à "s'organiser en comités pour empêcher "par tous les moyens", la force de l'ONUCI de circuler à Abidjan.
Au mois de janvier, les violences se propagent, en particulier dans l'ouest du pays, région la plus instable du pays, et à Abidjan, La situation se dégrade sérieusement en février et en mars. Après que des manifestants aient été tués par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS), dans les quartiers d'Abobo, Koumassi, et Treichville, un "commando invisible" est formé dans les quartiers pro-Ouattara qui mène des embuscades contre les FDS.
Duékoué, le spectre des carnages
des massacres à grande échelle ont été commis à Duékoué entre le 27 et le 29 mars, date de la conquête par les partisans d'Alassane Ouattara de cette cité de l'ouest. Les doutes portent sur le bilan (de 300 à un millier de morts). L'ONU impute "la plupart" des assassinats aux forces ouattaristes et incrimine pour le reste les miliciens et les mercenaires libériens au service de Laurent Gbagbo. Après la mort d'au moins six femmes, tuées par balles par les forces pro-Gbagbo qui dispersaient une manifestation à Abidjan, le 3 mars, l'ONU craint la "résurgence de la guerre civile" de 002-2003.
Des témoignages confirment l'instauration dans le Grand Abidjan d'une terreur milicienne, incarnée par les Jeunes Patriotes, qui, armés de gourdins et de machettes, dressent des barrages sauvages ou incendient maisons, échoppes et minibus. Dans le camp d'en face, l'ex-rebellion des Forces nouvelles (FN) qui durcit sa riposte, se livre elle aussi à des exactions.
Les agences humanitaires de l'ONU estiment que près d'un million de personnes ont du quitter leur domicile pour fuir les violences qui ont fait, depuis l'élection présidentielle du 28 novembre, des centaines de morts.
Acte7: l'offensive des Forces républicaines de Côte d'ivoire
Les ex-rebelles du nord alliés à Alassane Ouattara ont prisdeux localités de l'ouest sous contrôle du camp Gbagbo le 25 février, puis les villes de Toulépleu, le 6 mars et Doké le 13 mars. Le 17 mars, Alassane Ouattara crée les Forces républicaines de Côte d'ivoire (FRCI), composées de de soldats des FDS ayant fait défection et d'ex-rebelles des Forces nouvelles.
Le 28 mars, les FRCI lancent une grande offensive militaire, quatre mois jour pour jour après le début de la crise post-électorale. Ils progressent rapidement rencontrant peu de résistance, en raison des défections au sein de l'armée notamment, et atteignent Yamoussoukro, la capitale administrative le 30, puis Abidjan le 31. Mais les FRCI se heurtent à la résistance des partisans de Laurent Gbagbo dans leurs bastions d'Abidjan, livrée au pillage. Le 4 avril, L'Onuci et la force française Licorne frappent les derniers bastions de Gbagbo, tirant sur des camps militaires et des batteries situées à la résidence et au palais présidentiel. Des négociations sont entamées avec Laurent Gbagbo pour demander sa reddition, mais malgré l'écroulement de son régime et la demande de cessez-le-feu de son armée, celui-ci, retiré dans sa résidence du quartier de Cocody, s'y refuse.
Par Catherine Gouëset, publié le 07/04/2011 à 15:10
--------------------------------------------------------------
Chronologie de la Côte d'Ivoire (1958-2011)
Depuis l'élection présidentielle de novembre, sans cesse reportée depuis 2005, la situation en Côte d'Ivoire a tragiquement dégénéré. Rappel des dates clés du Pays des Eléphants.
1958 : territoire français d'outre-mer depuis 1956, la Côte d'Ivoire devient République autonome dans la cadre d'une association avec la France appelée Communauté. Félix Houphouët-Boigny accède à la présidence en 1959. Il sera constamment réélu jusqu'à sa mort, en décembre 1993.
Août 1960 : la Côte d'Ivoire accède à l'indépendance.
1983 : Félix Houphouët-Boigny fait de Yamoussoukro, sa ville natale, la capitale du pays.
Mars 1990 : instauration du multipartisme, sous la pression de la rue. Le pays traverse une grave crise en raison de la chute des cours du cacao et du café, fondement de l'économie ivoirienne.
Octobre 1990 : à 85 ans, Félix Houphouët-Boigny entame un septième mandat. Il a remporté les élections aux dépends du candidat socialiste Laurent Gbagbo.
Novembre 1990 : un amendement constitutionnel précise que le président de l'Assemblée nationale, Henri Konan Bédié, assumera le mandat présidentiel en cas de vacance du pouvoir. Après les législatives, Alassane Ouattara, ancien gouverneur de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest, est imposé comme premier ministre par le Fonds monétaire international.
Mai 1991 : agitation étudiante. Une commission d'enquête établira la responsabilité du chef d'état-major Robert Gueï dans la brutale répression qui a suivi.
Février 1992 : le refus par Houphouët-Boigny de sanctionner Robert Gueï déclenche des protestations. Plusieurs dirigeants de l'opposition, dont Laurent Gbagbo, sont emprisonnés. Ils seront amnistiés en juillet.
1993 : à la mort de Félix Houphouët Boigny, son successeur désigné, Henri Konan Bédié, assume la présidence. Alassane Ouattara démissionne de son poste de premier ministre. Bédié écarte progressivement tous les proches de ce dernier.
1995 : Bédié est élu président. Le scrutin est boycotté par l'opposition pour son manque de transparence. Le code électoral utilise le concept d'«ivoirité» pour invalider la candidature d'Alassane Ouattara, dont le père, originaire du centre de la Côte d'Ivoire, s'est installé au Burkina Faso et a pris la nationalité burkinabé.
1998 : la modification de la constitution renforce considérablement le pouvoir présidentiel. La préparation de la campagne présidentielle 2000 se déroule sur fond d'ethnicisation de la vie politique.
Décembre 1999 : une mutinerie de soldats se transforme en coup d'état. Le général Robert Gueï annonce la mise en place d'un Comité national de salut public (CNSP).
2000
Janvier : la junte forme un gouvernement de transition avec, notamment, le Rassemblement des Républicains (RDR) d'Alassane Ouattara et le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo. Le général Gueï est proclamé président de la République, président du CNSP et ministre de la Défense.
Mai : interdiction est faite aux leaders politiques de quitter le pays sans autorisation préalable. Les ministres proches d'Alassane Ouattara sont limogés.
23-24 juillet : une nouvelle constitution est adoptée par référendum, avec 86% des suffrages. Tous les partis ont appelé à voter «oui», y compris le parti d'Alassane Ouattara. Le texte stipule que le candidat à la présidence «doit être Ivoirien de père et de mère eux-mêmes Ivoiriens» et qu'il «ne doit pas s'être prévalu d'une autre nationalité», ce qui exclu Alassane Ouattara.
9 août : le général Gueï annonce sa candidature à l'investiture de l'ex-parti au pouvoir, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), pour la présidentielle d'octobre. Devant le refus du PDCI, le général se déclare «candidat du peuple».
22 octobre : l'élection présidentielle est boycottée par le RDR d'Alassane Ouattara et le PDCI, l'ex-parti unique.
24 octobre : le ministère de l'Intérieur annonce la victoire du général Gueï qui décrète un couvre feu et l'état d'urgence. Laurent Gbagbo se déclare «chef de l'Etat» et appelle ses militants à descendre dans la rue. Plusieurs centaines de milliers de civils répondent à son appel. La présidence tombe aux mains de forces de sécurité favorables à Laurent Gbagbo. L'armée se met «à la disposition» du futur président.
26 octobre : de violents affrontements éclatent entre militants nordistes musulmans partisans du RDR d'Alassane Ouattara et militants sudistes du FPI de Laurent Gbagbo. Ils font plus de 100 morts. La Commission nationale électorale proclame la victoire de Laurent Gbagbo, élu président de la République au premier tour avec 59% des suffrages.
27 octobre : un charnier contenant 57 corps est découvert à Yopougon dans la banlieue d'Abidjan.
13 novembre : le général Gueï qui avait disparu depuis le 25 octobre réapparaît à Yamoussoukro et reconnaît la légitimité de Laurent Gbagbo.
1er décembre : la candidature aux élections législatives de décembre d'Alassane Ouattara est rejetée par la Cour suprême. Son parti, le RDR, se retire du scrutin et appelle ses partisans à manifester à Abidjan. la répression de cette manifestation aurait fait une vingtaine de morts.
3 décembre : après le rejet de la candidature du RDR, l'Union européenne suspend son aide à l'organisation des législatives.
4 décembre : Laurent Gbagbo décrète l'état d'urgence et impose un couvre-feu.
10 décembre : le FPI de Laurent Gbagbo remporte les élections législatives avec 96 élus, contre 77 au PDCI, l'ex-parti unique. Dans de nombreuses circonscriptions du nord du pays, largement acquis à la cause d'Alassane Ouattara, les élections n'ont pu avoir lieu.
2001
Janvier : selon un rapport officiel, les violences de l'hiver 2000 ont fait 303 morts, 65 disparus et 1 546 blessés.
25 mars : les élections municipales constituent une revanche pour le RDR qui conquiert 64 communes. Le PDCI en remporte 58, les listes «indépendantes» 38, et le FPI du président Gbagbo 34.
9 octobre : ouverture d'un «Forum pour la réconciliation nationale», censé mettre fin aux tensions.
30 novembre : Alassane Ouattara, qui vit en France depuis novembre 2000, rentre à Abidjan, pour participer au «Forum pour la réconciliation nationale».
2002
5 août : formation d'un gouvernement réunissant toutes les formations politiques significatives du pays, dont le RDR d'Alassane Ouattara.
Septembre
19 : un soulèvement militaire fait plusieurs centaines de victimes dans la capitale et à Bouaké (nord). Le général Robert Gueï, qui avait dirigé le coup d'état de 1999, et le ministre de l'Intérieur du gouvernement Gbagbo sont tués à Abidjan. Les mutins, originaires du nord du pays pour la plupart, prennent le contrôle de Bouaké et de Korhogo (nord). La presse officielle incrimine le général Gueï et Alassane Ouattara, qui, craignant pour sa vie, se réfugie à l'ambassade de France.
21 : les quartiers pauvres de la capitale ivoirienne, peuplés majoritairement d'immigrés d'Afrique de l'Ouest, sont incendiés.
26-29 : un contingent militaire français intervient à Bouaké et à Yamoussoukro pour évacuer les ressortissants étrangers. Paris annonce que la France apporte son «soutien logistique» à Abidjan.
29 : la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) décide la création d'un «groupe de contact» pour assurer une médiation, et l'envoi d'une force de paix pour s'interposer entre rebelles et forces gouvernementales.
Octobre
1er : le Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI, branche politique de la rébellion) annonce vouloir renverser le régime et demande la réintégration des militaires forcés à l'exil, en 2000 et 2001, après des tentatives de coup d'Etat.
6 : Laurent Gbagbo refuse de signer un accord de cessez-le-feu avec les rebelles, à l'issue d'une semaine de médiation de la CEDEAO.
17 : les rebelles signent à Bouaké un accord de cessation des hostilités. Le président Gbagbo accepte l'accord et demande à la France de contrôler le cessez-le-feu.
20 : les militaires français se déploient sur une ligne traversant le pays d'est en ouest dans le cadre de l'opération «Licorne».
Novembre
1er : le gouvernement accepte le principe d'une amnistie et d'une réintégration des mutins dans l'armée.
8 : le frère de Louis Dacoury-Tabley, ancien compagnon de route du président Gbagbo rallié au MPCI, est retrouvé criblé de balles, deux jours après son enlèvement.
19 : Les rebelles présentent leurs contre-propositions. Ils demandent «l'installation d'un nouvel ordre politique». Le président Gbagbo propose un référendum sur une éventuelle modification de la constitution.
26 : le président du RDR, Alassane Ouattara, retire ses ministres du gouvernement. Le lendemain, il quitte la résidence de l'ambassadeur de France à Abidjan, où il était réfugié depuis le 19 septembre; il trouve refuge au Gabon.
28 : le Mouvement populaire ivoirien du Grand ouest (MPIGO) et le Mouvement pour la justice et la paix (MJP), deux nouveaux groupes, revendiquent la prise de Man et Danané (extrême ouest).
1er Décembre: évacuation de 160 étrangers depuis l'aéroport de Man. Affrontements meurtriers entre militaires français et rebelles.
2003
3 janvier : arrivée à Abidjan des premiers éléments de la force ouest-africaine, envoi décidé le 29 septembre 2002 par la CEDEAO.
24 janvier : signature d'un accord, à Marcoussis près de Paris, qui prévoit le maintien au pouvoir du président Gbagbo et un gouvernement ouvert à toutes les parties, y compris les rebelles.
25-26 janvier : Laurent Gbagbo accepte l'accord et annonce la nomination d'un nouveau Premier ministre de consensus, Seydou Diarra. Guillaume Soro, secrétaire général du MPCI, annonce que son mouvement a obtenu les portefeuilles de la Défense et de l'Intérieur. En Côte d'Ivoire, des manifestations anti-françaises, parfois violentes, sont organisées par des «jeunes patriotes» proches du président Gbagbo qui refusent l'entrée des rebelles au gouvernement.
4 juillet : les Forces armées et les Forces nouvelles (ex-rebelles) annoncent la fin de la guerre.
21 octobre : le correspondant de Radio France Internationale, Jean Hélène, est tué à Abidjan.
2004
3-8 février : Visite de réconciliation en France de Laurent Gbagbo.
25 mars : La répression meurtrière d'une manifestation interdite de l'opposition à Abidjan fait des dizaines de victimes : plus de 120 morts selon l'Onu, 37 selon les autorités.
4 avril : début de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), avec le passage sous Casque bleu des 1 300 soldats ouest-africains.
16 avril : le journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer est porté disparu.
30 juillet : signature à Accra d'un accord prévoyant des réformes politiques. L'accord précise que le début du désarmement doit commencer au plus tard le 15 octobre.
15 octobre : échec du lancement du processus de désarmement, les ex-rebelles exigeant d'abord l'adoption des réformes politiques.
28 octobre : les Forces nouvelles instaurent un «couvre-feu» et décrètent l'«alerte maximale» dans le nord.
4 novembre : des avions des forces armées bombardent les positions des ex-rebelles dans leurs fiefs de Bouaké et Korhogo. L'ex-rébellion estime que ces bombardements rendent «caducs les accords de paix». L'Onu les qualifie de «violation majeure du cessez-le-feu».
6 novembre : neuf soldats français sont tués dans un cantonnement militaire français à Bouaké lors d'une attaque aérienne gouvernementale. Paris ordonne la destruction des «moyens aériens militaires ivoiriens». La riposte des forces françaises est suivie de violences anti-françaises.
7 novembre : Paris renforce son dispositif militaire, portant ses forces à plus de 5 000 hommes.
9 novembre : une fusillade éclate devant l'hôtel Ivoire, provoquant la mort de neuf manifestants. Paris évoque d'abord des tirs entre Ivoiriens, avant de reconnaître que les Français ont ouvert le feu, en état de «légitime défense».
6 décembre : le Sud-Africain Thabo Mbeki, mandaté par l'Union africaine, annonce un accord visant à accélérer l'application des accords de Marcoussis.
25 décembre : une commission d'enquête de l'Onu dénonce les «violations des droits de l'Homme» et «les assassinats politiques», au sud comme au nord.
2005
28 janvier : Radio France Internationale révèle que Simone Gbagbo et le chef des rebelles Guillaume Soro sont soupçonnés, avec 93 autres personnes, de crimes graves par des enquêteurs de l'ONU, qui recommandent de saisir la Cour pénale internationale.
1er mars : plus de trente miliciens sont tués dans l'attaque par une milice, d'une position de la rébellion des Forces nouvelles à Logoualé (450 km au nord-ouest d'Abidjan).
6 avril : les principaux acteurs de la crise ivoirienne concluent à Pretoria un accord sur la fin des hostilités prévoyant des mesures sur le désarmement et le retour des rebelles au gouvernement, mais s'en remettent à Thabo Mbeki pour régler le problème de l'éligibilité à la présidence.
13 avril : Thabo Mbeki demande que tous les responsables politiques signataires de l'accord de paix -dont Alassane Ouattara- puissent se présenter à la présidentielle prévue pour octobre.
26 avril : Laurent Gbagbo annonce qu'il accepte la candidature d'Alassane Ouattara à l'élection présidentielle.
18 mai : Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié concluent à Paris une alliance inédite dans l'espoir de gagner l'élection présidentielle du 30 octobre face à Laurent Gbagbo.
29 juin : accord de Pretoria II, qui fixe un calendrier pour le désarmement et la création d'une Commission électorale indépendante.
25 août : les Forces Nouvelles refusent de cautionner l'élection du 30 octobre, estimant que les conditions d'une « élection libre, démocratique, et transparente » ne sont pas réunies.
30 août : rapport de Thabo Mbeki sur la médiation qu'il effectue au nom de l'Union africaine; La rébellion «récuse» cette médiation qu'elle estime trop favorable au pouvoir en place.
27 septembre : Laurent Gbagbo déclare que l'élection présidentielle ne pourra se tenir le 30 octobre faute d'un désarmement de la rébellion, et qu'il se maintiendra à son poste après cette date.
6 octobre : l'Union africaine se prononce pour le maintien à la présidence de Laurent Gbagbo après le 30 octobre, et la nomination d'un Premier ministre de transition. Le Conseil de sécurité de l'ONU approuve la décision de l'Union africaine sur la transition politique après le 30 octobre.
4 décembre : Charles Konan Banny, gouverneur de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest (BCEAO), est désigné Premier ministre.
28 décembre : après d'intenses tractations, un gouvernement de transition, composé de partisans de Laurent Gbagbo, de l'opposition et des rebelles est constitué.
2006
15 janvier : le Groupe de travail international, représentant la communauté internationale, s'oppose à la prolongation du mandat de l'Assemblée nationale, arrivé à échéance en décembre. Cette décision entraine plusieurs jours de violentes manifestations des partisans de Laurent Gbagbo contre la France et l'ONU.
3 février : le Conseil de sécurité de l'ONU vote des sanctions contre trois personnalités accusées de faire obstacle à la paix, Charles Blé Goudé et Eugène Djué, dirigeants des milices «jeunes patriotes» et Martin Fofié, commandant des Forces nouvelles.
1er mars : Laurent Gbagbo, le Premier ministre Charles Konan Banny, Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, et le chef de la rébellion Guillaume Soro se réunissent à Yamoussoukro. Il s'agit de la première rencontre en terre ivoirienne des principaux acteurs de la crise depuis septembre 2002.
Fin juillet : le lancement du processus d'identification des électeurs en vue du scrutin de l'automne provoque de violents affrontements entre partisans de Laurent Gbagbo et ceux de l'opposition.
8 août : la rébellion des Forces nouvelles suspend sa participation au dialogue sur le désarmement pour protester contre les modifications annoncées concernant l'enregistrement des électeurs.
23 août : le chef de l'Onuci annonce que les élections présidentielles ne pourront avoir lieu comme prévu le 31 octobre en raison des retards pris dans leur préparation.
Septembre : des déchets toxiques, convoyés à Abidjan par un navire étranger, le Probo Koala, et déversés dans des décharges publiques, intoxiquent près de 1500 personnes et font 17 morts.
17 octobre : l'Union africaine préconise le maintien à son poste de Laurent Gbagbo pour une période de douze mois, mais en le dépouillant de ses pouvoirs au profit du Premier ministre.
1er novembre : une résolution de l'ONU prolonge d'un an le mandat de Laurent Gbagbo et donne au premier ministre Charles Konan Banny les pouvoirs nécessaires pour gouverner et organiser la tenue d'élections avant le 31 octobre 2007.
2007
4 mars : Laurent Gbagbo et le chef de la rébellion, Guillaume Soro, signent à Ouagadougou (Burkina Faso), un accord prévoyant la formation d'un nouveau gouvernement et le départ à terme des Casques bleus de l'ONU et des soldats français déployés dans le pays depuis 2002.
4 avril : Guillaume Soro devient Premier ministre.
16 avril : début du démantèlement de la zone tampon qui séparait le nord et le sud ivoirien depuis 2002.
19 mai : cérémonie de destruction d'armes détenues par des groupes d'autodéfense dans l'ouest de la Côte d'Ivoire.
29 juin : Guillaume Soro échappe de justesse à une attaque à la roquette contre son avion à Bouaké, dans le nord du pays.
2008
22 octobre : verdict du procès des responsables de la pollution provoquée par le Probo Koala. La cour d'assises condamne à 20 et 5 ans de prison deux des neuf personnes jugées pour le déversement de résidus du nettoyage des cales du cargo.
23 décembre : Laurent Gbagbo et Guillaume Soro signent à Abidjan et à Paris, un accord intégrant les 5 000 ex-rebelles à la nouvelle armée ivoirienne « dans un délai de deux ans ».
24 avril : le FPI (parti présidentiel), le PDCI (ex-parti unique, opposition) et le RDR (opposition) adoptent un "code de bonne conduite" en vue de l'élection présidentielle prévue en novembre 2008.
2009
Octobre : un rapport de l'Onu s'inquiète du réarmement dans le nord du pays.
Novembre : l'élection présidentielle est une nouvelle fois reportée, au début de l'année 2010, les listes électorales provisoires n'ayant toujours pas été affichées.
2010
12 février : Laurent Gbagbo annonce la dissolution du gouvernement et de la Commission électorale indépendante, après plus d'un mois de crise de cette institution.
19 février : plusieurs personnes sont tuées à Gagnoa (centre-ouest), au cours d'affrontements entre forces de l'ordre et manifestants opposés au Président.
23 février : après une dizaine de jours de manifestations, le Premier ministre Guillaume Soro annonce la formation d'un nouveau gouvernement. Cette nouvelle équipe a pour tâche d'organiser "fin avril-début mai" l'élection présidentielle. Une nouvelle Commission électorale indépendante (CEI), présidée par l'opposition, est mise sur pied.
13 juillet : trois journalistes sont emprisonnés pour avoir publié un rapport d'enquête confidentiel pointant des malversations présumées dans la filière du cacao.
5 août : le Premier ministre Guillaume Soro annonce que l'élection présidentielle, sans cesse reportée depuis 2005, est fixée au 31 octobre.
31 octobre : au premier tour de l'élection présidentielle, Laurent Gbagbo est crédité de 38% de suffrages exprimés, devant l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara (32%) et l'ex-président Henri Konan Bédié (25%). Ce dernier appelle à voter Ouattara au second tour.
28 novembre : second tour de l'élection présidentielle; les camps des deux candidats s'accusent mutuellement d'intimidations contre les électeurs.
La crise post-électorale
2 décembre : la commission électorale annonce la victoire d'Alassane Ouattara, avec plus de 54% des voix, devant l Laurent Gbagbo (45,9%) mais cette annonce est aussitôt rejetée par le Conseil constitutionnel, composé de proches du président sortant qui proclame le lendemain la victoire de Laurent Gbagbo avec plus de 51% des voix.
5 décembre : Le Côte d'Ivoire compte deux présidents et deux chefs de gouvernement; Alassane Ouattara, installé au Golf hôtel d'Abidjan, reconduit Guillaume Soro au poste de Premier ministre tandis que Laurent Gbagbo annonce la nomination de Gilbert Marie N'gbo Aké au même poste.
Dans les jours qui suivent, les pays occidentaux, la Cedeao et l'Union africaine reconnaisse l'élection d'Alassane Ouattara et demande au président sortant de céder le pouvoir.
4 décembre: la Cedeao organise un sommet extraordinaire sur la Côte d'Ivoire. Les pays d'Afrique de l'Ouest entament une série de tentatives de médiation, toutes infructueuses.
2011
Janvier-février : les avoirs de Laurent Gbagbo sont gelés aux Etats-Unis, et en Europe. Dès lors s'engage une bataille entre les deux rivaux sur les leviers financiers du pays.
Le 24, Alassane Ouattara ordonne l'arrêt des exportations de cacao dont le pays est 1er producteur mondial, afin d'étrangler financièrement Gbagbo.
Les violences se propagent, en particulier dans l'ouest du pays, région la plus instable du pays et à Abidjan. (Lire "La crise en Côte d'Ivoire en sept actes".)
Mars: les Forces républicaines de Côte d'ivoire (FRCI), composées de de soldats des FDS ayant fait défection et d'ex-rebelles des Forces nouvelles, lancent une grande offensive militaire le 28 et parviennent à Abidjan le 31 où ils se heurtent à la résistance des partisans de Laurent Gbagbo dans leurs bastions de la capitale économique.
Selon l'ONU et plusieurs organisations internationales, la bataille pour la prise par les combattants pro-Ouattara de Duékoué, dans l'Ouest ivoirien, s'est accompagnée de massacres à grande échelle, les bilans allant de 330 tués à un millier de "morts ou disparus". (Par Catherine Gouëset)
Source: L'Express, du 7/4/11
No comments:
Post a Comment